Plates-formes chinoises d’Aubervilliers : suspecté de blanchiment d’argent, un banquier remis en liberté

Ce chargé de clientèle dans une banque de l’Oise est soupçonné d’avoir animé une plate-forme chargée de ventiler l’argent sale depuis le Cifa, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), jusqu’à la Chine, via des montages complexes et opaques. Mis en examen en avril et placé en détention, il a été libéré au cœur de l’été.

L'argent était transféré depuis le centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa), à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), jusqu’à la Chine, via des montages opaques et complexes. AFP/Joël Saget
L'argent était transféré depuis le centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa), à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), jusqu’à la Chine, via des montages opaques et complexes. AFP/Joël Saget

    Un homme, mis en examen et écroué en avril 2023 pour blanchiment aggravé et travail dissimulé, dans le cadre de l’affaire des plates-formes chinoises d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), a été remis en liberté le 21 juillet 2023. En tout, six personnes avaient été mises en examen — quatre avaient été placées en détention provisoire dans la foulée —, maillons présumés de cette vaste chaîne de blanchiment qui aurait acheminé plus de 36 millions d’euros depuis le Centre international de commerce de gros France-Asie (Cifa), à Aubervilliers, jusqu’à la Chine, via des montages complexes et opaques.

    Rémi, chargé de clientèle dans une banque de l’Oise, aurait, selon l’accusation, utilisé ses compétences bancaires pour animer une société-taxi allemande, sorte de « coquille vide » sans activité économique réelle, servant à faire transiter l’argent sale jusqu’en Chine. Il aurait également ordonné des virements pour le compte d’une société blanchisseuse française. D’importantes quantités de cash (16 930 euros) ont été découvertes lors d’une perquisition à son domicile.

    Animateur de plate-forme ou simple gérant de paille ?

    Ce banquier a reconnu avoir ouvert et géré le compte bancaire de l’entreprise française, en simple exécutant, et soutient n’être qu’un gérant de paille de la société allemande, sans aucune responsabilité. Ce père de quatre enfants, qui a depuis démissionné de son emploi, a donc été libéré, au cœur de l’été, par un juge des libertés et de la détention (JLD), contre l’avis de la magistrate chargée d’instruire le dossier. Une information que son avocat, Me Thomas Ramonatxo, a confirmée au Parisien, mais refusé de commenter.

    L’enquête de la brigade de recherches et d’investigations financières (Brif) de la police judiciaire parisienne avait été ouverte en juillet 2021, à la suite de quatre signalements de Tracfin, le gendarme du ministère des Finances, qui surveille les transactions bancaires suspectes. Six personnes, dont Rémi, ont été mises en examen les 7 et 8 avril 2023 à Bobigny (Seine-Saint-Denis).



    Selon la police et les douanes, le Cifa serait l’un des plus gros centres internationaux de blanchiment d’argent provenant des organisations criminelles. Il permettrait à des trafiquants de blanchir leur argent liquide, récupéré moyennant une commission par un virement, depuis la Chine, sur un compte bancaire ouvert dans un paradis fiscal.

    Ce système permettrait également à des patrons qui emploient des salariés au noir de récupérer des espèces contre un virement, justifié par une fausse facture. Les sommes sont versées sur des comptes rebonds en Europe, avant d’être transférées jusqu’à l’Empire du Milieu, où les transactions sont opaques et intraçables.