Procès du « tireur de Libé » : 25 ans de prison pour Abdelhakim Dekhar

L’accusé était poursuivi pour un périple armé à Paris en novembre 2013.

 Abdelhakim Dekhar (figuré au centre de ce dessin d’audience) était jugé à Paris.
Abdelhakim Dekhar (figuré au centre de ce dessin d’audience) était jugé à Paris. AFP/Benoit PEYRUCQ

    A l'issue de neuf heures de délibéré, Abdelhakim Dekhar, « le tireur de Libé », a été condamné ce vendredi soir à 25 ans de réclusion criminelle. Comme l'avait demandé l'avocat général plus tôt dans la journée, cette peine soit assortie d'une période de sûreté des deux tiers.

    L'homme était jugé aux assises pour son périple armé à Paris, qui l'a mené de BFMTV, à Libération et la Société générale en novembre 2013. Pendant son procès pour « tentatives d'assassinat et séquestration », il a affirmé qu'il voulait « intimider » ses cibles mais ne blesser personne.

    « Le principal mobile, c'est tuer par dépit social », a dit l'avocat général Bernard Farret dans son réquisitoire. Il y a chez lui « un ressentiment contre la société, l'Etat, le capitalisme », « un désir de vengeance ». « Il n'est pas dans le remord. Il est resté dans la revendication, la rancœur », a-t-il estimé.

    Il a tiré sur un photographe dans les locaux de Libération

    Pour l'accusation, il y a bien eu une tentative d'homicide volontaire avec préméditation contre Philippe Antoine, alors rédacteur en chef à BFMTV, et contre César Sébastien, l'assistant photographe grièvement blessé à Libération.

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    En novembre 2013, il s'était rendu d'abord à BFMTV parce que « la couverture H24 aurait démultiplié (son) scénario ». Selon ses propres explications, il voulait une mort « romantique », pour ne pas être perçu « comme un loser » par ses enfants, qui avaient alors 5 et 7 ans. A Libération, il dit avoir tiré dans « la confusion et la panique ». Il aurait tiré sur l'assistant-photographe car celui-ci venait vers lui. Un expert balistique a pourtant écarté cette piste. Et la balle a pénétré dans le dos de la victime.

    Il s'était ensuite rendu dans le quartier d'affaires de la Défense, où il avait tiré sur une porte d'entrée de l'immeuble de la Société générale, non loin de deux salariées. Il avait enfin pris un automobiliste en otage. Pendant cinq jours, la police avait traqué cet homme, qualifié alors d' « ennemi public numéro 1 ».

    « M. Dekhar n'a jamais eu l'intention de tuer quelqu'un », a plaidé son avocat, Me Hugo Lévy. « Pour condamner quelqu'un pour tentative d'assassinat, il faut des certitudes. (...) Vous n'avez à titre de preuve que des hypothèses », a-t-il dit à la cour. A Libération, il n'aurait pas eu l'intention de blesser mais aurait tiré dans « la confusion et la panique ».

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    Abdelhakim Dekhar a déjà été condamné aux assises, en 1998, dans un dossier criminel majeur lié aux milieux de l'ultragauche. Il était soupçonné d'être « le troisième homme » de l'équipée de deux membres de cette mouvance, Florence Rey et Audry Maupin : une fusillade au cours de laquelle trois policiers, un chauffeur de taxi et Maupin avaient été tués en 1994.