Procès Balkany : l’association des contribuables veut que les élus se mouillent

L’Association des contribuables de Levallois-Perret (ACLP) réclame une délibération au conseil municipal pour que la ville se porte partie civile au procès… de son maire et de sa première adjointe.

 Patrick Balkany est convoqué, avec son épouse Isabelle, devant la justice à partir du 13 mai.
Patrick Balkany est convoqué, avec son épouse Isabelle, devant la justice à partir du 13 mai. Sandra Ruhaut/LP/Icon Sport

    La ville de Levallois, dont le maire (LR) est Patrick Balkany, qui se porte partie civile dans le procès de Balkany Patrick? C'est le vœu improbable de l' association des contribuables de Levallois-Perret (ACLP), à la pointe du combat judiciaire contre l'édile. Celle-ci a adressé un courrier à tous les élus de la commune dans ce sens.

    Les époux Balkany, le maire Patrick et son épouse et première adjointe (LR) Isabelle, sont poursuivis notamment pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale aggravée. Ils sont convoqués le 13 mai 2019 devant le tribunal correctionnel de Paris pour un procès programmé jusqu'au 20 juin.

    « Il y a un lien évident entre le patrimoine personnel de Patrick Balkany, en l'occurrence sa villa de Marrakech, et la gestion des deniers publics », appuie Sébastien Blanc, secrétaire général de l'association. Et notamment, pour l'ACLP, ce qui concerne le projet avorté de tours jumelles censées voir le jour à Levallois.

    20 M€ « jamais récupérés »

    « Devant l'absence des versements auxquels le promoteur s'était engagé, la ville obtient de la justice la rupture du contrat assortie d'une amende de 20 M€ au profit de la Scrim, filiale de la Semarelp (NDLR : une société d'économie mixte dont l'actionnaire majoritaire est la municipalité), dénonce le courrier l'ACLP. Ces 20 millions n'ont jamais été récupérés. »

    La lettre envoyée aux conseillers municipaux est claire : « il existe une possibilité que la villa de Marrakech ait été acquise au profit des Balkany dont monsieur et madame sont respectivement l'ancien président et la présidente actuelle de la Semarelp. […] L'hypothèse que la non-récupération des 20 millions promis à la Semarelp puisse avoir été la contrepartie d'un financement d'un bien immobilier au profit de son président pourrait tout à fait correspondre à un pacte de corruption au détriment de cette même société. »

    De quoi, selon Sébastien Blanc, demander aux élus locaux de « prendre leurs responsabilités » en engageant des démarches pour que la commune se porte partie civile pour « être prête à faire valoir ses droits ». Dans les faits, il faudrait qu'une majorité de conseillers municipaux vote une délibération en ce sens… quitte à aller contre la volonté du maire.

    « Je ne me fais pas d'illusion »

    L'ACLP insiste sur le fait que sa proposition ne remet pas en cause la présomption d'innocence. Ni, en théorie, la fidélité à Patrick Balkany. Mais elle invite toutefois les conseillers municipaux à lui faire connaître leur position à titre individuel…

    « Je n'ai aucun commentaire à faire là-dessus, balaye Sylvie Ramond, maire adjointe (LR) et proche des époux Balkany. Je ne suis pas là pour enfoncer des gens pour qui j'ai de l'affection et de l'amitié. A la justice de faire son travail. » De son côté, la conseillère socialiste Anne-Eugénie Faure juge la démarche « intéressante ». « Je l'ai déjà évoquée au conseil municipal mais j'ai été rabrouée par le maire », glisse-t-elle.

    « Je ne me fais pas d'illusion mais cette affaire est unique en France, lâche Sébastien Blanc. La chance que cela aboutisse est minime, ce serait une révolution mais on ne peut pas faire comme si tout cela n'existait pas. »