Danemark : condamnée à deux mois de prison, l’ex-ministre de l’Immigration exclue du Parlement

Condamnée à deux mois de prison pour avoir pris une décision illégale, l’ancienne ministre danoise et championne des mesures anti-immigration Inger Støjberg a été bannie du Parlement ce mardi.

L'ancienne ministre danoise de l'Immigration pourrait être la cinquième députée à être exclue du Parlement danois depuis 1953. (AFP/EMMANUEL DUNAUD)
L'ancienne ministre danoise de l'Immigration pourrait être la cinquième députée à être exclue du Parlement danois depuis 1953. (AFP/EMMANUEL DUNAUD)

    Les ennuis continuent pour Inger Støjberg. La semaine dernière, l’ancienne ministre de l’Immigration danoise qui avait ordonné la séparation de couples de demandeurs d’asile avait été condamnée à deux mois de prison par une cour spéciale. Ce mardi, elle a été déchue de son mandat de députée par le parlement, dans une affaire inédite.

    Au terme d’un long débat de quatre heures où les deux partis d’extrême-droite ont défendu sa cause, le parlement danois a voté à une nette majorité (98 pour, 18 contre) en faveur de l’exclusion immédiate de l’ancienne ministre de 48 ans.

    Comme l’exigent les règles parlementaires - seuls les députés peuvent siéger - Inger Støjberg a dû quitter sur le champ l’hémicycle, où elle siégeait depuis 2001. « Je préfère être expulsée par le Parlement pour avoir essayé de protéger des jeunes filles que d’en être chassée par le peuple danois parce que j’ai regardé ailleurs », a-t-elle déclaré à sa sortie. « Ne prévoyez pas de ne plus jamais m’entendre parler », a ajouté l’ancienne ministre libérale, que beaucoup verraient rebondir dans un parti anti-immigration mais qui n’a pas voulu en dire plus sur son avenir.

    La semaine dernière, au terme d’un rare procès devant une cour spéciale, la pasionaria des « valeurs danoises » avait été reconnue coupable d’avoir délibérément bafoué ses responsabilités ministérielles en ordonnant la séparation de couples de demandeurs d’asile lorsque la femme avait moins de 18 ans, une mesure destinée à combattre les mariages forcés.

    « Il est inimaginable qu’on puisse être en prison pour purger une peine pendant qu’on est député », a déclaré à la presse le président du parti libéral au Parlement, Karsten Lauritzen.

    En dehors de l’extrême droite, la plupart des partis soutiennent la perte de son siège, y compris son ancien parti des Libéraux qu’elle a quitté en février. Cela ferait d’elle la cinquième députée seulement à être exclue du Folketing depuis 1953.

    Séparation de 23 familles immigrées

    Les faits remontent à 2016. Alors qu’elle dirigeait le ministère de l’Immigration, cette fervente défenseuse des « valeurs danoises » et soutenue par Marine Le Pen en France, avait ordonné la séparation de 23 couples d’immigrés. Ils avaient été placés dans des centres d’hébergement différents pendant l’examen de leur dossier de demande d’asile. Dans sept des cas, le personnel des centres avait signalé des pensées suicidaires ou des tentatives de suicide.

    L’ex-ministre, très populaire lorsqu’elle était au pouvoir, s’était défendue en expliquant avoir combattu les mariages forcés. « Je pense que c’est une défaite pour les valeurs danoises aujourd’hui, pas seulement pour moi », a déclaré Inger Støjberg à sa sortie du tribunal. « Je suis punie pour avoir essayé de protéger les filles. Franchement, quelque chose ne va pas du tout ! », a-t-elle encore affirmé sur Facebook.

    Une ministre controversée

    Inger Støjberg se targuait d’avoir fait adopter plus de 110 amendements restreignant les droits des étrangers. Durant son mandat, elle avait pris de nombreuses autres mesures controversées, dont celles de confisquer des biens de migrants pour financer leur prise en charge au Danemark.



    Une photo avait notamment déclenché la polémique en mars 2017. On pouvait y voir l’intéressée tout sourire, un gâteau dans les mains pour célébrer son 50e amendement de restriction des règles d’immigration du pays.

    I dag fik jeg vedtaget stramning nummer 50 på udlændingeområdet. Det skal fejres! Se listen over stramninger her: http://uim.dk/gennemforte-stramninger-pa-udlaendingeomradet

    Posted by Inger Støjberg on Tuesday, March 14, 2017

    Au Danemark, les personnes qui purgent des peines d’emprisonnement de moins de six mois peuvent bénéficier d’un placement sous surveillance électronique. Inger Støjberg n’a toujours pas indiqué son choix.