« C’est un profil atypique » : à Compiègne, un comptable de 28 ans jugé pour trafic de stupéfiants

Ousmane M. comparaissait jeudi 11 avril devant le tribunal de Compiègne. Le jeune homme, en CDI et père d’une petite fille, est soupçonné de trafic de stupéfiants et de blanchiment d’argent.

Illustration. Lors de l'interpellation du prévenu, les policiers avaient découvert plusieurs milliers d'euros sous le siège passager avant. LP/J.B.
Illustration. Lors de l'interpellation du prévenu, les policiers avaient découvert plusieurs milliers d'euros sous le siège passager avant. LP/J.B.

    Ousmane M., 28 ans, est comptable, en CDI, et dispose d’un salaire confortable. Avec sa compagne, ils viennent d’avoir un bébé. « L’homme qui se présente devant notre juridiction a un profil atypique », comme le note la procureure de la République pendant l’audience. Pourtant, en ce jeudi 11 avril, c’est bien pour trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent que le jeune homme comparait au tribunal correctionnel de Compiègne.

    Le prévenu a commencé à intéresser les enquêteurs lors d’un contrôle routier, le 7 mars dernier. Vers 21 heures, les agents de la BAC repèrent une Twingo qui roule à vive allure, à Margny-lès-Compiègne, et demandent au conducteur de s’arrêter.

    Quand le jeune homme ouvre sa fenêtre, les policiers sentent une forte odeur de cannabis. Ils lui demandent de sortir du véhicule, et procèdent à une palpation de sécurité. Les agents repèrent alors des liasses de billets d’une somme importante sous le siège conducteur, ainsi que des sachets remplis d’une matière verdâtre, qui pourrait être du cannabis.

    Une balance cachée dans le levier de vitesse

    Ousmane M. est immédiatement placé en garde à vue, et les deux téléphones qu’il possède sont saisis et fouillés. Sa voiture est également fouillée. 18 g de résine et 9 g d’herbe de cannabis sont retrouvés dans l’habitacle, et plus de 10 000 euros en liquide. Le prévenu explique avoir voulu confier cette somme à son cousin, pour qu’il lui achète une nouvelle voiture.

    Les policiers mettent aussi la main sur une petite balance, dissimulée dans le levier de vitesse. Lorsque la juge l’interroge sur la présence de cet objet « pas courant dans une voiture », le prévenu indique qu’il ne savait pas que cette balance se trouvait là. En garde à vue, il avait expliqué aux enquêteurs qu’elle lui permettait de ne pas se faire avoir quand il achetait de la drogue.

    « Dans le foyer d’Ousmane M., tout le monde travaille, se démène. Pourquoi prendrait-il le risque de faire du trafic de stupéfiants alors qu’il vit confortablement ? », souligne Me de Boislaville dans sa plaidoirie. L’avocate du prévenu demande sa relaxe, voire l’annulation de la procédure, estimant que des « exigences procédurales n’ont pas été respectées » lors de l’interpellation de son client.

    La procureure de la République estime pour sa part que le tribunal dispose d’éléments suffisants pour entrer en voie de condamnation, et requiert 8 mois de prison avec sursis assortis d’un sursis probatoire de 2 ans, pour « réparer les dommages faits à la société », et la confiscation de l’argent retrouvé, « issu de l’économie souterraine ». Le délibéré sera rendu le 25 avril.