Des végétaux rares sous les lignes haute tension

Des végétaux rares sous les lignes haute tension

    Non, les lignes électriques à haute tension de Seine-et-Marne ne sont pas que des verrues qui défigurent le paysage. Le Conservatoire botanique du Muséum d'histoire naturelle est en train de découvrir aux pieds des pylônes une cinquantaine d'espèces végétales rares et protégées grâce à un inventaire unique en son genre.

    « Sans ces lignes à haute tension, le gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE) n'aurait pas fauché la forêt dessous et ces espèces n'auraient pas pu se développer, explique Clémence Salvaudon, chargée de l'inventaire au Conservatoire botanique national du Bassin parisien. Certaines variétés ne poussent qu'en prairie ou milieu fauché.

    Et la forêt les aurait privées de lumière. »

    « Nous adapterons notre gestion des espaces verts sous nos lignes électriques »

    Depuis avril et d'ici au mois d'octobre, la jeune femme aura parcouru 280 km de verdure en Seine-et-Marne, dans le Val-de-Marne et en Seine-Saint-Denis, dont 150 km dans le département. Et le premier bilan est plutôt positif : « Entre les forêts de Ferrières, Coubert, Champagne-sur-Seine, Sénart ou le bois de Barbeau, j'ai répertorié une cinquantaine d'espèces. Mais c'est la Bassée qui se révèle être la zone naturaliste la plus riche. J'y ai trouvé la sanguisorbe officinale par exemple. Une espèce rare protégée en régression en Ile-de-France. A Champagne, on a découvert une espèce menacée extrêmement rare dans la région, la pédiculaire des bois. A Féricy, dans le bois de Barbeau, j'ai retrouvé le polygala chevelu. On ne l'avait pas vu en Ile-de-France depuis 1960. On le considérait comme disparu. »

    Seul hic pour RTE : il aura l'obligation de préserver chaque espèce rare recensée. Pas de problème, répond RTE, à l'origine de cet inventaire. « Nous adapterons notre gestion des espaces verts sous nos lignes électriques : ne pas faire circuler nos engins à certains endroits, faucher à certaines périodesâ?¦ » assure Philippe Dumarquez, directeur régional Ile-de-France et Normandie.

    Montant de la convention, financée par la région, RTE et le Conservatoire botanique : environ 90 000 â?¬ par an, durant trois années. La végétation des gazoducs franciliens fait également l'objet d'un inventaire du Conservatoire depuis trois ans.