«On nous laisse mourir à petit feu» : face à la hausse du coût de l’énergie, ce boulanger de l’Oise appelle à manifester

Pris à la gorge par ses factures après la hausse du coût de l’énergie, l’artisan du Bassin creillois lance une action coup de poing ce lundi afin de sensibiliser l’opinion publique sur la situation que lui et ses confrères traversent.

Julien Pedussel s'est installé comme boulanger à Rieux (Oise) il y a deux ans. LP/Juliette Duclos
Julien Pedussel s'est installé comme boulanger à Rieux (Oise) il y a deux ans. LP/Juliette Duclos

    C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le fournil. Comme nombre de ses collègues, Julien Pedussel, boulanger à Rieux, connaît actuellement de grosses difficultés liées à l’augmentation des coûts de l’énergie. Il y a deux semaines, il témoignait déjà d’une situation ultra-tendue alors que sa facture d’électricité était passée de 1 000 à 6 000 euros en novembre.

    Le gérant du Fournil de Rieux, installé depuis plus de deux ans, comptait alors sur un geste du gouvernement ou une négociation avec son fournisseur. Las, ce dernier lui a envoyé jeudi soir sa facture du mois de novembre d’un montant de… 13 000 euros. « Alors que je travaille dans le noir en faisant tout pour réduire ma consommation, tout ça pour payer le double », fulmine-t-il.

    « J’espère que ce mouvement fera tache d’huile »

    Hors de lui, il a décidé d’organiser une action spectaculaire ce lundi au rond-point du McDonald’s de Villers-Saint-Paul où il appelle à un rassemblement en deux temps, entre 7h30 à 9h00 puis de 15h30 à 17h30. Soutenu par sa commune mais aussi par la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA), il espère pouvoir ainsi sensibiliser les automobilistes sur la situation des artisans boulangers. « C’est la première fois que je manifeste, je sais que ça va en embêter certains mais je n’ai plus le choix, soupire le gérant. Si on continue comme ça, je ne serais pas le seul à mettre la clé sous la porte. »

    Car le boulanger de Rieux est loin d’être le seul dans ce cas. « Je n’arrête pas de recevoir des appels qui vont dans ce sens, relate Morgan Isaac, président de la CMA de l’Oise. D’après la confédération des boulangers de l’Oise, un sur deux pourrait fermer à cause de ces hausses de l’énergie. »

    Le gouvernement a bien mis en place un système d’amortissement de 20 % de ce coût, qui entrera en application dès le 1er janvier, mais qui reste insuffisant pour ces professionnels. « Ça ne suffira pas, plaide Julien Pedussel. J’espère que ce mouvement fera tache d’huile, que cela en motivera d’autres. On ne plus se taire. »

    « Il faut passer à la vitesse supérieure »

    Alors, pour l’aider le président de la CMA a pris son téléphone pour faire jouer son réseau. « J’ai passé deux heures à envoyer 700 SMS, à des artisans ou des responsables politiques, j’espère qu’au moins une cinquantaine d’entre eux pourront être présents, glisse Morgan Isaac. Moi, je fermerai ma boutique pour venir le soutenir. »

    Lui serait partisan d’une formule aux trois tiers, comme celle mise en place lors de la hausse de l’essence. « Un tiers payé par l’entreprise, un deuxième par l’État et le dernier par le fournisseur, détaille-t-il. Nous avons proposé cette solution au ministère de l’Économie avec la CMA des Hauts-de-France. »



    Julien Pedussel, qui a repris la boutique avec son père, espère surtout faire réagir. « On voit partout sur les réseaux sociaux des boulangeries dans la même situation mais rien ne bouge. Il faut passer à la vitesse supérieure. Là on nous laisse mourir à petit feu. »