Paris : grande roue, marché de Noël, Anne Hidalgo… les 5 vérités de Marcel Campion

Marcel Campion revient sur ses démêlés judiciaires et sa relation avec la mairie de Paris. 

 Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dimanche dernier. Marcel Campion qui est poursuivi pour abus de bien social et recel de favoritisme est bien décidé à se battre.
Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), dimanche dernier. Marcel Campion qui est poursuivi pour abus de bien social et recel de favoritisme est bien décidé à se battre. LP/Arnaud Dumontier

    Pupille de la nation, c'est à l'âge de 7 ans que Marcel Campion a commencé à travailler. A 18 ans, il tient son premier stand de frites avant de faire fortune dans l'organisation des fêtes foraines un peu partout en France dès les 1960-1970. A 77 ans, son empire vacille à Paris. Doublement mis en examen (NDLR : pour abus de bien social et recel de favoritisme), il contre-attaque alors que ce mercredi un délibéré d'un référé contre l'installation de la Grande Roue est attendu. Il nous a reçus à la Chope des puces à Saint-Ouen, bar restaurant et temple du jazz manouche, pour nous livrer ses vérités.

    • Soutien d’Anne Hidalgo, il dénonce sa mise au ban

    « Quelle mouche l'a piquée pour ne plus être normale à mon égard ? Je ne comprends pas. Maintenant, je n'ai jamais cherché à avoir des relations idylliques comme j'ai pu le lire. Quand on ne veut plus de son chien, on dit qu'il a la rage. Je verse pour mes divers événements près de 12 M€ par an de loyer à la Ville, alors je ris quand j'entends dire que je coûte des sous à Paris. Nous avons un différend commercial. En 2014, j'ai fait partie du comité de soutien d'Anne Hidalgo. C'est elle qui me l'a demandé. On l'a soutenue à sa demande et aujourd'hui plus rien. Avec tout ce qu'elle fait, un jour, elle proposera une journée à Paris sans Parisiens. Le plus drôle, c'est que, quand elle a eu besoin d'un manège à Pajol pour éviter que les migrants ne s'y réinstallent, elle m'a appelé. Quand il faut virer les Syriens, on m'appelle. J'ai trouvé dans l'urgence un manège et, aujourd'hui, la Ville ne veut même pas payer la facture du forain. La police doit le savoir, car depuis deux ans j'étais sur écoute. Cet été à Saint-Tropez, lors de la fête de Leonardo DiCaprio, elle ne m'a même pas parlé. Tout juste Bruno Julliard, son premier adjoint. »

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    • Une double mise en examen qu’il digère mal

    « Aujourd'hui, ma famille et moi avons neuf contrôles fiscaux. Six pour moi et mon épouse, deux pour mon fils et un pour ma fille. Et quand la police est venue perquisitionner à mon domicile, il y avait des hommes avec des cagoules. Ils m'ont même cassé quinze caméras. Mais ils n'ont pas trouvé la seizième, alors j'ai pu mettre des images sur YouTube. Ils ont tout fouillé, même ma piscine et mon puits. Ils ont trouvé 300 000 € dans mon coffre. C'est normal, je fais 5 M€ de recettes par an. Les familles qui fréquentent nos manèges ne paient pas par chèque ou carte bancaire, mais en espèces. Tout est limpide dans mes comptes. Maintenant, je suis poursuivi pour abus de bien social et recel de favoritisme. Mais pour qu'il y ait recel, il faut une faveur ! Donc, ce serait Anne Hidalgo qui me l'aurait faite. C'est pour ça que nous avons demandé qu'elle soit entendue. Depuis des années, nous fonctionnions sur des accords de gré à gré comme dans toutes les villes de France. C'est la loi qui le permet. Mais je vais me battre. D'ailleurs, j'ai déposé une plainte contre la société du Liechtenstein qui avait également répondu à l'appel d'offres pour la grande roue. Elle proposait plus d'argent, mais elle n'avait même pas de grande roue. Elle voulait utiliser la mienne. Impossible ! Faut quand même savoir qu'une telle roue coûte entre 7 et 10 M€. Elle ne voulait sûrement pas prendre de risques. »

    • La Grande Roue sera installée

    « Depuis 23 ans, je suis place de la Concorde (VIIIe). Jamais personne n'a rien trouvé à redire. Pour les fêtes du millénaire, on m'a même demandé de la laisser deux ans. Pour la visite du CIO au printemps, alors que je devais démonter, on m'a dit de la laisser cinq jours de plus. Mais je n'ai jamais dépassé les dates des autorisations qui m'étaient accordées. Et maintenant, je suis attaqué par une association de défense du patrimoine qui dit que je gâche la vue entre le Louvre, la Concorde, l'Arc de Triomphe et la Défense. Que son aspect esthétique n'est pas en rapport avec les monuments ! Comme par hasard, ça tombe maintenant, alors qu'ils n'ont rien dit avant. On leur a dit d'agir maintenant, j'en suis persuadé. Si cette association gagne son référé, peu importe. Le 17 novembre, ma grande roue sera là. J'ai l'autorisation de la Ville, de la préfecture de police et du préfet de région. »

    VIDEO. La grande roue quitte la place de la Concorde 

    • Un contrat jusqu’en 2020 pour le marché de Noël

    « Le 4 juillet, le Conseil de Paris a voté l'arrêt du marché de Noël, alors même que ma société a, depuis 2014, un contrat de 6 ans renouvelable deux fois deux ans. Et je n'ai rien fait qui soit dans la clause de résiliation. Pourtant en 2008, Bertrand Delanoë m'a demandé de réfléchir à un projet. Cette partie de l'avenue était dans le noir, les touristes se faisaient agresser, les trottoirs étaient dans un sale état et il n'y avait ni électricité ni eau potable. J'ai fait refaire tous les trottoirs à mes frais, installer de l'eau potable (NDLR : la Cour des comptes lui reproche de coûter 100 000 € par an à la Ville pour cela), mis six armoires électriques (dont il est aujourd'hui propriétaire) qui servent aux événements comme la FIAC qui débute jeudi (demain) ou la fête du Vélib'. J'ai acheté les bungalows, je paie toute la sécurité, que ce soit la vidéosurveillance ou les plots en béton, et on annule ainsi le marché de Noël ! On doit se réunir le 7 ou 8 novembre avec les commerçants du marché de Noël. Mais je peux vous dire que tout le monde va s'installer. Je paie quand même 700 000 € à la Ville pour ça. »

    • Les forains promettent de se battre

    « La fête de la Bastille est annulée, celle au Grand Palais aussi, sans parler du marché de Noël ou du Jardin d'acclimatation. Tout ça, c'est 3 000 emplois. Les familles ne vont pas se laisser faire. Pour Bastille, ça représente 50 % de leur chiffre d'affaires annuel. Ils ne vont pas laisser tomber facilement. Ils vont mettre un sacré chambard. Pour le Grand Palais, j'attends toujours un site de remplacement. Mais personne ne me répond. Je vous le dis, l'hiver va être chaud à Paris. »

    La Ville de Paris assume ses décisions et s’en remet à la justice