Pas de police municipale à Paris… avant les élections de mars 2020

L’amendement qui devait permettre la création d’une «vraie» police municipale dans la capitale a été rejeté à l’Assemblée. La Ville y voit le résultat de manœuvres du «candidat Griveaux».

LP/B.H.

    C'est à nouveau « non »! L'amendement technique qui devait permettre au service de sécurité de la mairie de Paris d'obtenir le statut officiel de police municipale a été rejeté ce jeudi soir à l'Assemblée nationale, lors de l'examen de la loi « engagement et proximité » (sur l'organisation des collectivités territoriales). Le même amendement qui avait déjà été retoqué, début octobre, en première lecture au Sénat, sort donc de la loi.

    Un sérieux revers pour Anne Hidalgo

    Il faudra maintenant attendre l'examen d'un nouveau texte pour que Paris puisse avoir sa police municipale. Et cette nouvelle procédure ne pourra sans doute pas intervenir avant le scrutin de mars prochain. Un sérieux revers pour Anne Hidalgo qui avait annoncé en début d'année son intention de transformer le service de prévention et de protection de la Ville en véritable police municipale après avoir longtemps rejeté toute idée de création de ce corps de sécurité.

    « Nous travaillons depuis plus d'un an avec le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, celui des collectivités territoriales, avec la préfecture de police… pour que la Ville de Paris bénéficie des mêmes pouvoirs que toutes les autres villes de France. Tout était prêt. Il ne restait qu'un ajustement législatif à adopter. Avec son rejet, on va prendre au moins un an de retard », s'insurge Emmanuel Grégoire.

    Emmanuel Grégoire furieux contre la majorité

    Le 1er adjoint (PS) de la maire de Paris voit dans ce revers la conséquence de « manœuvres politiciennes » de la République en marche pour torpiller le projet de la maire de Paris avant les élections. « Benjamin Griveaux est directement comptable de cet échec », insiste Emmanuel Grégoire qui accuse le député marcheur, candidat officiellement investi par LREM pour la course à la mairie de Paris, d'être l'instigateur du vote contre l'amendement.

    Malgré des réserves sur le projet municipal, plusieurs parlementaires parisiens — de Cédric Villani (candidat LREM dissident) à Pierre-Yves Bournazel (candidat Agir-les Constructifs) en passant par l'élu LR Brigitte Kuster — ont approuvé l'amendement. Benjamin Griveaux (favorable à la création d'une police municipale mais qu'il souhaiterait armer ), lui, n'était pas dans l'hémicycle, lors du vote.

    Un amendement mal rédigé ?

    L'amendement rédigé « à la va vite » était « bâclé » justifiait-on ce vendredi dans l'entourage du député macroniste. « Parlait-il du périmètre d'intervention de la future police municipale ? Non. De la formation des futurs agents ? Non. De la question de l'armement ? Non. C'était du grand n'importe quoi. Nous avons actuellement un débat démocratique sur le sujet. Une campagne électorale est faite pour ça. Les électeurs trancheront à cette occasion. »

    Le rejet de l'amendement ne remet pas en cause la « montée en puissance » de la DPSP (la direction prévention, sécurité et protection de la mairie). Comme prévu par la Ville, le service comptera 3 400 agents — pour certains armés de tonfa et de gazeuse — au 31 décembre prochain. « Mais sans le statut de police municipale, ils n'ont pas tous les mêmes pouvoirs d'action et de verbalisation », rappelle Emmanuel Grégoire. « Ces manœuvres politiciennes se font au détriment de la sécurité des Parisiens. C'est grave », conclut l'élu… « déçu et en colère ».