La revanche du Parlement

    La revanche du Parlement

      Faut-il y voir une simple maladresse ? Toujours est-il que Gilles Le Gendre, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, aurait été bien inspiré de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de s'exprimer lundi après-midi. Interrogé sur LCI sur l'opportunité d'avoir recours à un vote du Parlement sur la question ultrasensible du tracking des citoyens à la sortie du confinement - une demande formulée le matin même et à l'unanimité par les chefs de partis de l'opposition - le député a répondu : « Le vote n'apporterait rien de plus ». Une phrase bien définitive qui a suscité l'émoi jusque dans les rangs de la majorité… Il faut dire que le sujet pose des questions essentielles à une démocratie comme la nôtre. Faut-il faire primer la sécurité sanitaire (l'efficacité de cet outil numérique a fait ses preuves dans de nombreux pays comme la Corée du Sud) sur les libertés individuelles, qui constituent rien de moins que le socle de notre République ? Ce mardi matin, Gilles Le Gendre a finalement été désavoué par le Premier ministre. Lors du petit-déjeuner de la majorité, Edouard Philippe a annoncé qu'il y aurait bien un vote à l'Assemblée et au Sénat la semaine prochaine sur le tracking, et un autre, dans un calendrier à préciser, sur le déconfinement progressif. Le chef du gouvernement, qui plaidait dimanche, pour un simple débat parlementaire, a donc changé son fusil d'épaule. Et ce aussi sous la pression des élus de la République en Marche. La moindre des choses en tout cas. Car même si la crise du coronavirus est d'une ampleur inédite, même si l'exécutif doit pouvoir prendre plus rapidement ses décisions, le contexte ne saurait justifier de se passer de la démocratie représentative. Et certainement pas sur une question aussi complexe et à haut risque pour les citoyens.