VIDEOS. L'imprimeur de Dammartin à Hollande : «La barbarie ne me fera pas baisser la tête »

C'était l'été de Saint-Michel, ce jeudi matin, à Dammartin-en-Goële. Plus de vingt mois après l'assaut des forces spéciales sur son imprimerie où s'étaient retranchés les frères Kouachi deux jours après les attentats de Charlie Hebdo, Michel Catalano inaugurait ses locaux refaits à neuf, en présence du président de la république François Hollande et de 300 invités.

Un grand rayon de soleil pour celui qui s'est battu nuit et jour depuis le drame, pour relancer son activité là même où elle avait été interrompue malgré lui. « J'ai décrété que je ne laisserai pas deux terroristes décider de ma vie et de mes choix. La barbarie ne me fera pas baisser la tête », a-t-il lancé, la larme à l'œil et la gorge nouée, avant de remercier François Hollande d'avoir honoré sa promesse d'être présent en ce jour primordial pour l'imprimeur, « même si cela a quelque peu perturbé notre organisation ! »

Dans une période où la question de l'identité se confond régulièrement avec celle de l'origine, le fils d'immigré italien a martelé qu'il était « fier d'être français » : « Mon regretté papa me disait toujours, "soit fier du pays qui t'accueille et fait en sorte qu'il soit fier de toi". » Et l'imprimeur courage de citer Bob Marley devant ce parterre d'officiels en costume. « Tu ne sais jamais à quel point tu es fort, jusqu'au jour où être fort reste ta seule option. »

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François Hollande, qui s'était déjà rendu sur le site de l'imprimerie dévastée en février dernier, a décoré de la Légion d'honneur l'imprimeur et son ex-salarié Lilian Lepère, qui était resté plus de 8 heures retranché sous un évier de l'imprimerie pendant la prise d'otage. Il a en dans son disours rendu hommage à l'humanité de Michel Catalano. « Vous n'avez jamais eu de message de haine, vous avez même tenté de raisonner les terroristes, vous avez toujours cette idée qu'un homme peut à un moment prendre conscience des actes qu'il commet. » Il s'est également félicité de voir l'imprimerie renaître sur le site de ses cendres, pour que « ce qui avait été un drame puisse être regardé comme un espoir et une renaissance […] C'est un symbole de ce que la volonté humaine est capable de faire. Pas simplement résister, mais aussi reconstruire. »

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En la matière, Michel Catalano est une leçon de volonté. Il a non seulement rebâti son imprimerie, mais il a aussi emprunté 500 000 € pour investir dans de nouvelles machines, a fait passer son équipe de 5  à 10 salariés et vise un chiffre d'affaires 45 % supérieur à celui d'avant le 9 janvier 2015. « J'espère que dans dix ans, quand on tapera Michel Catalano sur Internet, on verra mon entreprise, et pas un traumatisme. Un jour, on parlera de moi comme un bon chef d'entreprise, et pas comme une victime », veut croire celui qui vient de rebaptiser son entreprise CTD en groupe Catalano. Une dénomination qui fait écho à un esprit d'équipe et de famille - sa femme et son fils travaillent également pour l'imprimerie - plus qu'à une volonté de créer de multiples filiales.

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Véronique Catalano, associée et épouse du chef d'entreprise, esquissait d'ailleurs un large sourire en cette Saint-Michel : « C'est un sacré aboutissement après ce parcours de l'horreur, jonché chaque jour de déceptions et de problèmes à gérer. Enfin, nous allons pouvoir de nouveau travailler et vivre normalement. Ce n'est pas un point final, mais le point de départ de notre nouvelle vie. »