L'accusé soutenu par ses filles et la famille de sa victime

L'accusé soutenu par ses filles et la famille de sa victime

    « Je suis le frère de Nadine. Je ne me suis pas porté partie civile, car ma soeur, c'était tout pour Roberto. Ce qui s'est passé, c'est un accident qui peut arriver à tout le monde, personne n'est à l'abri. Roberto, il sera toujours mon beau-frère. » Le témoignage de David, hier devant la cour d'assises de Seine-et-Marne, à Melun, c'est presque du jamais-vu. Depuis hier, le jury criminel juge Roberto Morelli, 53 ans, accusé du meurtre de sa femme, 51 ans. Un crime pour lequel il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

    Sur le banc des parties civiles : aucun membre de la famille de Nadine, même pas ses filles. Non pas parce que la victime du coup de couteau mortel reçu dans le thorax le 29 octobre 2007 était mal-aimée de ses proches. Bien au contraire. Si tout le monde est soudé derrière l'accusé, c'est parce que « les deux n'étaient qu'un », selon l'expression de Sandra, la fille aînée de Roberto Morelli.

    Vanessa, la cadette, était en pleurs à la barre : « Je sais que mon père n'a pas voulu ce qui s'est passé. Il n'avait jamais levé la main sur ma mère. »

    Le président, Yves Jacob, l'interroge alors sur « la » phrase qui a déclenché le geste fatal. « Puisque ta mère est plus belle que moi, t'as qu'à aller la baiser, ça vous fera du bien » sont les mots que Roberto Morelli n'a pas pu supporter. « Ma mère savait être dure, froide, elle savait piquer là où ça fait mal », tente d'expliquer Vanessa.

    La fin tragique de trente-trois ans d'amour

    L'accusé raconte : lui qui, à l'époque, était au chômage, enchaînant les arrêts maladie pour dépression et les licenciements économiques, a souffert d'entendre sa femme lui lancer : « Tu es l'inverse d'un homme. » Lui, dont le père s'est suicidé et dont le frère est décédé dans des circonstances inexplicables. A ses côtés, son avocate, M e Karine Viseur, ne le quitte pas des yeux, pour le soutenir.

    Le soir du drame, Roberto Morelli avait « la tête accaparée par son boulot ». Il avait décroché un entretien dans l'entreprise dont il rêvait et il était anxieux. La tension dans laquelle il se trouvait, le président semble la comprendre. Ce qui pose question à tout le monde, c'est l'attitude de la victime. Pourquoi, ce soir-là précisément, s'est-elle mise à déverser des reproches et des injures à son mari, notamment sur son inactivité ? « J'ai essayé de comprendre si elle avait eu un problème à son travail et à son club de gym, je n'ai toujours pas compris. Elle n'avait jamais été comme ça avec moi. Au contraire, elle m'a toujours soutenu », explique l'accusé. Le couple s'était connu très jeune. Elle avait 14 ans, lui 16. A l'époque, ils fabriquaient des chars fleuris. « Et puis à une boum, il a bien fallu démarrer. » Trente-trois ans d'amour derrière et une fin tragique.