Ile-de-France : grèves simultanées pour la régularisation des salariés sans-papiers

Six piquets de grève ont démarré ce lundi dans plusieurs entreprises d’Ile-de-France, où des travailleurs sans-papiers sont salariés.

 Un piquet de grève a débuté ce lundi matin, au sein de l’entreprise GLS, près de l’aéroport de Roissy, comme dans cinq autres entreprises en Ile-de-France pour réclamer la régularisation des salariés sans papier.
Un piquet de grève a débuté ce lundi matin, au sein de l’entreprise GLS, près de l’aéroport de Roissy, comme dans cinq autres entreprises en Ile-de-France pour réclamer la régularisation des salariés sans papier. DR.

    Une entreprise d'intérim à Paris, une société de restauration dans le Val-de-Marne, une autre de messagerie installée près des pistes à l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Un mouvement de grève étoilé a démarré ce lundi matin, dans plusieurs départements d'Ile-de-France pour réclamer la régularisation des sans-papiers qui travaillent en leur sein, le plus souvent en intérim.

    C'est le cas de Robert, Ivoirien de 25 ans qui revendique deux ans d'ancienneté au sein de l'entreprise GLS à Roissy-en-France. « Nos patrons savent qu'on est en situation irrégulière, les chefs d'équipe constituent les équipes ! » explique ce jeune homme, qui raconte, dans un français parfait, avoir été employé sous deux noms différents. « J'ai travaillé sous un premier nom d'emprunt et quand la personne est partie au bled, j'ai trouvé quelqu'un d'autre », explique -t-il. Ceux qui « prêtent » leur nom reçoivent les feuilles de paie chez eux et la paie sur leur compte bancaire. « Ils en prélèvent une partie pour payer les impôts et pour eux aussi, ils ne nous montrent pas forcément la feuille de paie », conclut Robert. Ses revenus par mois ? « 200, 300, 800 € pour un temps plein, on n'est pas au smic, tout le monde le sait et personne ne bouge le petit doigt. » Sollicitée, l'entreprise GLS n'a pu être jointe ce matin, la « direction étant en réunion ».

    Selon la CGT, qui coordonne le mouvement, ils sont au moins 115 salariés sans-papiers à être mobilisés dans six entreprises du Val-de-Marne, Val-d'Oise, Essonne et Paris. « Mais d'autres rejoignent déjà le mouvement », détaille Jean-Albert Guidou, responsable en Seine-Saint-Denis et coordinateur régional, qui craint que le gouvernement ne durcisse les lois contre ces candidats à la régularisation par le travail.

    La CGT entend dénoncer les sociétés qui refusent de délivrer des Cerfas aux salariés, certificat qui permettent d'être payés sous leur nom, ainsi que le traitement qualifié d'aléatoire par les préfectures selon les départements.

    « Ça prendra le temps que ça prend! » promet un responsable CGT de la plateforme de Roissy. Plusieurs mouvements ont duré dans le temps, comme au MIN de Rungis, en mars 2017, où la mobilisation s' est arrêtée une fois l'obtention de garanties, après 22 jours.

    En 2008, un mouvement régional, né en Seine-Saint-Denis, sur la commune de Pavillons-sous-Bois, avait mobilisé près de 300 travailleurs sans-papiers à travers l'Ile-de-France. Le piquet de grève avait duré six semaines.