Saint-Ouen : comment la région a déminé le terrain pour ses employés

La société Ancrhage accompagne les salariés parisiens qui déménagent au-delà du périphérique. Pendant un an, son fondateur Louis-Pierre Samain a ainsi préparé l’arrivée des agents de la région Ile-de-France dans leur nouveau siège du quartier des Docks.

 La société Ancrhage a organisé cinquante sorties pour les salariés de la région Ile-de-France avant son déménagement à Saint-Ouen.
La société Ancrhage a organisé cinquante sorties pour les salariés de la région Ile-de-France avant son déménagement à Saint-Ouen. DR

    Quitter les quartiers huppés de la capitale pour Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis ? « Non, merci ! », ont d'abord répondu, presque d'une seule voix, les salariés de la région Ile-de-France. « Le déménagement en inquiétait plus d'un. Les premières réactions ont été plutôt négatives », reconnaît Laura Chauveau, chargée de la communication interne. Alors pour, selon ses dires, « démystifier » la destination, la collectivité fait appel il y a un an à une société spécialisée. « Plutôt que de les laisser s'imaginer le pire, on leur a proposé de se faire leur propre idée », continue Laura Chauveau.

    Ancrhage, fondée par Louis-Pierre Samain, habitant de Pantin, a pour mission d'accompagner les salariés parisiens au-delà du périphérique. De février à décembre 2017, l'entrepreneur a pris sous son aile les agents pour les aider à franchir le pas de l'installation en banlieue. Ce mois-ci, 1 450 d'entre eux ont déballé leurs cartons à leur nouvelle adresse, dans le quartier des Docks. Grâce au travail de Louis-Pierre Samain, une partie n'est pas arrivée en terre inconnue. Le Belge de 47 ans, qui a longtemps travaillé dans les ressources humaines, a pris le temps de les « sensibiliser » en amont, à travers un programme mensuel d'activités taillé sur mesure. Sur leur temps de travail, les agents volontaires ont pu mieux découvrir Saint-Ouen. « L'idée, c'est de vivre une expérience sur le territoire avant même d'y travailler et se projeter dans le futur », expose Louis-Pierre Samain.

    Saint-Ouen, le 8 février. Louis-Pierre Samain, le fondateur d’Ancrhage, devant le nouveau siège de la région. LP/Florian Niget
    Saint-Ouen, le 8 février. Louis-Pierre Samain, le fondateur d’Ancrhage, devant le nouveau siège de la région. LP/Florian Niget DR

    « Rassurer », en somme. En battant en brèche certains préjugés. Comme celui qu'il n'y a « rien de très intéressant » en banlieue : « C'est évidemment faux : les lieux sont juste plus dispersés », affirme le patron d'Ancrhage. Qui propose simplement de tester, en organisant des sorties dans les restaurants du coin, au théâtre, ou encore aux Puces. Tester mais surtout se familiariser, et comprendre. « J'équilibre entre le ludique et le pratique », résume Louis-Pierre Samain. Comment se déplacer ? Où faire du sport ? Où faire ses courses ? Les visites de territoire répondent à tous types de préoccupations. Aussi larges soient-elles.

    Un groupe d’agents de la région en visite dans le Grand parc du quartier des Docks, à Saint-Ouen. DR
    Un groupe d’agents de la région en visite dans le Grand parc du quartier des Docks, à Saint-Ouen. DR DR

    « Parmi les inquiétudes, il y avait la fumée blanche de l'incinérateur voisin, et la qualité de l'air : nous sommes donc allés ensemble rencontrer les gens du centre de traitement des déchets », raconte Louis-Pierre Samain. Autre illustration avec les transports, « la problématique numéro 1 » : une visite à la Fabrique du métro a permis de prendre connaissance du chantier de la ligne 14, qui doit désaturer la 13 et relier Saint-Ouen au centre de Paris d'ici 2020. L'insécurité? « On en a parlé aussi, notamment du trafic de drogue, mais pas plus que cela. Beaucoup d'agents sont eux-mêmes de banlieue et la connaissent. »

    Une sortie au centre de traitement des déchets du quartier des Docks, à Saint-Ouen. DR
    Une sortie au centre de traitement des déchets du quartier des Docks, à Saint-Ouen. DR DR

    Louis-Pierre Samain se définit comme « entremetteur et animateur. Je ne vends pas le territoire, je connecte les gens dans le but de les rendre autonomes », poursuit l'entrepreneur, qui a attiré 650 participants en cinquante sorties.

    Ancrhage propose ses services « avant ou après déménagement, mais aussi aux entreprises déjà implantées mais encore déconnectées du territoire. Le but est de montrer comment celui-ci peut contribuer au bien-être au travail », en évitant « perte de talents » et « démobilisation des équipes ».

    Parmi les sorties les plus prisées, les séances d’aviron sur la Seine, à deux pas du nouveau siège de la région à Saint-Ouen. DR
    Parmi les sorties les plus prisées, les séances d’aviron sur la Seine, à deux pas du nouveau siège de la région à Saint-Ouen. DR DR