Boxe : à Las Vegas, Nordine Oubaali atteint les sommets

Après des années de patience et d’entraînement, le boxeur francilien est devenu, dans la nuit de samedi à dimanche, le champion WBC des poids coq samedi à Las Vegas.

 Nordine Oubaali est actuellement le seul Français champion du monde dans une des quatre grandes fédérations de boxe.
Nordine Oubaali est actuellement le seul Français champion du monde dans une des quatre grandes fédérations de boxe. AFP/Christian Petersen/Getty Images

    Il attendait son heure depuis un bon bout de temps. Nordine Oubaali ne s'est pas fait prier pour s'adjuger le titre de champion WBC des poids coq. Dans la mythique MGM Grand Garden Arena de Las Vegas, qui a vu Mike Tyson ou Oscar de la Hoya, Nordine Oubaali a étincelé, dans la nuit de samedi à dimanche.

    La Mecque de la boxe ne l'a pas effrayé. Bien au contraire, elle l'a transcendé. Opposé à l'Américain Rau'shee Warren, le Français de 32 ans a fait l'unanimité. Très volontaire et plus entreprenant que son adversaire, il a été logiquement déclaré vainqueur à l'unanimité des trois juges à l'issue des douze reprises. (117-111, 116-112, 115-113). Un chiffre résume sa domination : il a touché à 158 reprises son adversaire qui n'a fait mouche de son côté que 97 fois.

    « Mon rêve est devenu réalité »

    Issu d'une famille de 18 enfants, Nordine Oubaali est entraîné par son frère Ali (41 ans). Le natif de Lens (Pas-de-Calais) a pris l'ascendant physiquement à partir de la 6e reprise et a asphyxié Warren. Ce dernier restait un bon souvenir pour le Français, qui l'avait battu en amateur en huitième de finale des Jeux olympiques 2012. Par la suite, l'Américain n'a pas réussi à prendre le dessus, malgré un baroud d'honneur à la 11e reprise. En vain, Nordine Oubaali exulte et lève les bras en signe de triomphe.

    « Mon rêve est devenu réalité, j'ai réalisé mon rêve américain », s'est exclamé Oubaali, qui reste invaincu en 15 combats chez les pros, après 200 victoires en amateurs et deux désillusions lors des JO 2008 et 2012 où il a été victime d'arrangements politiques. « J'ai gagné ce soir, parce que je l'ai mis sous pression et parce que j'étais le plus rapide. C'est un bon boxeur, malin, mais c'était ma soirée et je suis très, très heureux », a-t-il insisté.

    Prélude du duel Pacquiao - Broner

    « Même dans mes rêves les plus fous, je n'aurais imaginé gagner un titre mondial à Vegas, je suis le premier Français sacré à Vegas, c'est fou », a relevé Oubaali, qui va toucher 85 000 dollars pour cette victoire.

    Pour sa première apparition aux États-Unis, en prélude au duel entre la légende philippine Manny Pacquiao, champion WBA des welters, et l'Américain Adrien Broner, il a aussi séduit le public américain, après duquel il n'était qu'un simple inconnu.

    Le nouveau détenteur de la ceinture WBC va très certainement défendre son titre contre le Japonais Naoya Inoue, champion du monde WBA (17 victoires en autant de combats), au Japon.

    «La ceinture rentre en France »

    «Je savoure après tant d'années de travail et de sacrifices. C'est une fierté pour le petit gars, né dans le Nord et qui s'entraîne au Top Rank de Bagnolet (NDLR : club qu'il a fondé avec son frère et coach Ali en 2007) d'être venu à Las Vegas et réaliser son rêve américain. Je reviens de très très loin, j'ai eu des hauts et des bas », nous confie Nordine Oubaali.

    Celui-ci fait référence à son passé de boxeur amateur, et à ses deux défaites aux Jeux olympiques, considérées comme un vol manifeste à chaque fois. En 2008, à Pékin où il est donné perdant face au futur champion chinois Zou Shiming en 8e de finale puis en 2012, à Londres où il s'incline devant l'irlandais Michael Conlon en quarts-de-finale, après avoir dominé, au tour précédent, l'Américain... Rau'shee Warren.

    « On m'a volé mon rêve olympique alors il était hors question de laisser passer celui-là, poursuit le champion qui s'est entraîné depuis neuf mois. Je suis fier d'avoir représenté le drapeau tricolore mais aussi celui du Maroc, avec une pensée émue pour mon papa (Azzouz, décédé en 2000 et passionné de boxe). La victoire aime l'effort, et il faut toujours croire en ses rêves. La ceinture rentre en France ».

    A son retour sur la région parisienne dès ce lundi, il va retrouver sa femme et sa fille qui a fêté ses un an dimanche dernier. Loin de son papa qui était en mission et s'est offert le plus beau des cadeaux.