« Je n’ai pas eu le temps de réagir » : ce que Hermoso a dit à la justice espagnole dans l’affaire Rubiales

Le média espagnol Cuatro a dévoilé le témoignage de la joueuse espagnol à la justice concernant l’affaire du baiser forcé.

(FILES) Spain's midfielder #10 Jennifer Hermoso reacts after failing to score a penalty shot during the Australia and New Zealand 2023 Women's World Cup final football match between Spain and England at Stadium Australia in Sydney on August 20, 2023. Spanish player Jenni Hermoso has filed a criminal complaint over the kiss suspended football chief Luis Rubiales gave her on the mouth at the Women's World Cup final, a source at Spain's public prosecutors office said on September 6. (Photo by STEVE CHRISTO / AFP)
(FILES) Spain's midfielder #10 Jennifer Hermoso reacts after failing to score a penalty shot during the Australia and New Zealand 2023 Women's World Cup final football match between Spain and England at Stadium Australia in Sydney on August 20, 2023. Spanish player Jenni Hermoso has filed a criminal complaint over the kiss suspended football chief Luis Rubiales gave her on the mouth at the Women's World Cup final, a source at Spain's public prosecutors office said on September 6. (Photo by STEVE CHRISTO / AFP)

    Un témoignage édifiant et émouvant. Dans le cadre de son émission Codigo 10, la chaîne espagnole Cuatro a dévoilé les mots de Jenni Hermoso à la justice. Victime du baiser forcé par Luis Rubiales, l’ancien président de la fédération espagnole, lors de la cérémonie protocolaire le 20 août dernier après la victoire en finale de la Coupe du monde, la joueuse espagnole a raconté dans le détail cette affaire.

    Dans un premier temps, la nouvelle joueuse de Pachuca au Mexique est revenue sur les événements d’après-match : « A la cérémonie de remise des médailles, il m’a donné la médaille. Je salue la reine, j’embrasse sa fille et la personne suivante était Rubiales. Je le serre dans mes bras et la première chose que je dis quand je le serre dans mes bras, c’est « Dans quoi nous nous sommes embarqués », il me saute dessus et je reste ferme. Quand il est descendu, la seule chose dont je me souviens, c’est qu’il m’a dit « Nous avons gagné cette Coupe du monde grâce à vous. » La chose dont je me souviens, ce sont ses mains sur ma tête et son baiser sur la bouche. »

    Juste après le baiser forcé, la joueuse est dans un état de sidération : « Je ne m’y attendais même pas. Comment pourrais-je m’attendre à cela sur cette scène, lors d’une finale de Coupe du monde ? À ce moment-là, j’ai été choquée par cette célébration. À aucun moment je ne pourrais m’attendre à ce que cela se produise. Oui, juste à cause de l’adrénaline je l’ai serré dans mes bras, c’était une personne digne de confiance et personne ne s’attendrait à cela, aussi spontané soit-il. Là, je n’ai pas eu le temps de réagir. Ça a duré quelques secondes et, instantanément, je suis descendue de scène avec mes coéquipières. La première chose que j’ai dite à Alexia (Putellas) et Irène (Paredes), c’est : « Hé, Rubiales vient de m’embrasser sur la bouche. » Alexia m’a dit : « Qu’est-ce que tu dis ? » Et j’ai dit : « Oui, oui. Très fort ».

    « Est-ce que c’était réel ? »

    Un état de sidération qui se poursuit dans les moments de célébrations avec ses coéquipières : « On retourne aux vestiaires. Il y a une atmosphère de fête. Nous avons été champions. Nous ne l’avions pas imaginé. Et à la fin, mon sentiment à ce moment-là était que je ne pouvais pas détourner l’attention de l’événement qui s’était produit parce qu’il était historique. À ce moment-là, j’ai essayé de serrer les dents et de continuer à profiter avec mes coéquipières. Je ne voulais pas regretter de ne pas avoir apprécié ce moment. Je l’ai transmis à mes collègues dès ma descente. Je n’avais pas vu l’image du baiser jusqu’à ce qu’ils me la montrent dans le vestiaire. Quand on voit les images, c’est comme… « Est-ce que c’était réel ? »

    Devant l’ampleur de l’indignation qui était en train de naître, Luis Rubiales - qui finira par démissionner le 11 septembre - met la pression sur la joueuse très rapidement après la cérémonie. « Il (Rubiales) me dit : « Jenni, Jenni, on parle beaucoup du baiser. » Je lui dis que ce n’était pas bien. Je lui ai dit : « Tu sais que tu vas tomber. » Parce qu’au final, il l’a fait devant tout le monde. Il m’a encore expliqué le moment du baiser et je lui ai dit « Tu n’as rien à m’expliquer ». Là, il me dit qu’il doit aller au vestiaire pour dire quelques mots et je pense que là, il avait déjà conscience de ce qui se passait. Quand il est arrivé, il a essayé de détourner un peu le sujet. Il m’a attrapé l’épaule parce que j’étais à côté de lui, puisque nous sommes entrés ensemble dans les vestiaires. Là, j’ai commencé à me sentir mal à l’aise et j’ai vu que quelque chose de plus grave se passait. »

    Cette affaire a traumatisé Jenni Hermoso, qui a l’impression d’avoir été lâchée : « Je n’ai pas quitté la maison, pourquoi dois-je être réprimée ? Je ne pense pas que je mérite d’avoir vécu tout ça. Ils ont terni mon image et j’avais l’impression que personne ne me protégeait. »