Argentine-France : les Bleus battus au terme d’une finale irrationnelle et si cruelle

Ce dimanche au Lusail Stadium à Doha, les tenants du titre ont été battus aux tirs au but par l’Argentine à l’issue de l’une des finales les plus sensationnelles de l’histoire du football. Le triplé de Kylian Mbappé n’a pas suffi.

    Le rêve s’est envolé après tant d’émotions contradictoires qui auront épuisé même les plus costauds, avec un scénario inimaginable, changeant à chaque page, chaque seconde. On a eu l’impression pendant longtemps de monter dans une fusée, ce qui nous arrive quand même assez rarement, et d’avoir oublié de s’attacher à des moments de propulsion.

    Les Bleus en ont pris dans tous les sens, du bonheur et des coups de poignard, avec un destin hésitant entre nous faire du bien ou nous faire du mal, choisissant parfois les deux sur la même action. Il nous faudra au moins quatre ans pour sécher les larmes, tout comprendre, refaire le match dans sa tête sans le revoir. Mais c’est sans doute une vie, ce qu’il nous reste, pour le digérer.

    Une heure dans la légende

    Tout aura été cruel et si Leo Messi est enfin récompensé, ça ne met aucun baume sur nos blessures, éternelles comme un titre de champion du monde. La France ne fera pas le doublé, évincée aux tirs au but, après une fin de match d’anthologie — une heure à partir de la 80e avec les multiples temps additionnels —, portée par la magie de Kylian Mbappé, auteur d’un triplé, et proche du quatrième but dans les ultimes secondes, quand on a encore cru que les Bleus renversaient tous les quatre ans l’Argentine, comme à l’issue du 4-3 de 2018.

    Il aurait fallu une Coupe du monde à la fois pour l’Argentine et pour le crack de Bondy, le meilleur buteur de la compétition. Il a tout fait et ne pouvait pas plus, inscrivant encore son tir au but dans une séance foirée dans des proportions assez dingues, avec le tir de Kingsley Coman arrêté et celui d’Aurélien Tchouaméni totalement hors cadre, à l’image de tout ce qui a précédé. Les Bleus ont commencé par disparaître, par jouer à dix avec Ousmane Dembélé présent mais à l’envers, sont revenus par l’opération de l’esprit sain qui les anime, et par le génie de Mbappé.



    L’Albiceleste prend la première place du podium et déloge les équipes d’il y a quatre ans d’un rang, la France terminant vice-championne du monde et la Croatie troisième. Elle a dominé la France pendant 80 minutes si tant est que les Bleus étaient vraiment là pendant ce temps, avant que la rencontre ne change sur un premier pénalty accordé aux hommes de Didier Deschamps.

    Messi et Mbappé divins

    Il aurait fallu en profiter à 2-2 quand les Bleus ont égalisé et dans le même mouvement détruit les espoirs de l’Argentine, totalement sonnée avant que la prolongation ne leur redonne des forces et qu’elle retrouve la foi avec un Leo Messi, habité, et doublement buteur, presque aussi géant que Kylian Mbappé.

    À part lors de quelques séquences, les protégés du sélectionneur français ont alors été supérieurs à ceux de Lionel Scaloni, qui aura passé plus de temps à insulter son homologue français sur le banc qu’à motiver ses troupes. Vu d’où l’Argentine revient, cette victoire aux tirs au but est un miracle.



    Il faut maintenant se redresser avec le fardeau de ce Mondial perdu mais éclaboussé par le courage des Bleus et le talent surnaturel de Mbappé. Il s’agit de la seconde élimination de suite aux tirs au but après la Suisse à l’Euro 2021. Mais là, c’est plus Séville 1982 qui vient en tête quand Michel Platini et Alain Giresse méritaient davantage de gagner que les Allemands de la RFA. Il n’y a pas de Harald Schumacher chez les Argentins, juste Leandro Paredes qui a à peu près la même mentalité et qui aurait pu ne pas finir la rencontre. On est repartis pour quarante ans de débat avec cette finale.