Coupe du monde : Maéva Clemaron, l’architecte de Corbeil qui joue avec les Bleues

Maéva Clemaron, la milieu de Fleury (D1) qui fait partie du groupe tricolore pendant le Mondial, mène une double vie avec sa carrière de footballeuse et son métier d’architecte.

 Maéva Clemaron à l’échauffement à l’occasion du match France - Corée du Sud, début juin.
Maéva Clemaron à l’échauffement à l’occasion du match France - Corée du Sud, début juin. LP/Arnaud Journois

    Il y a trois mois, Maéva Clemaron était encore plongée dans ses croquis. Elle planchait sur la rénovation d'une maison de retraite à Bondoufle (Essonne). Là voilà aujourd'hui à partager le quotidien des Bleues de Corinne Diacre. « C'est dingue mais pourtant bien réel », sourit la milieu de terrain, sélectionnée pour la Coupe du monde féminine en France, même si son statut de remplaçante lui laisse guère espérer du temps de jeu, sauf blessures.

    Maéva Clemaron, 26 ans, n'est pas qu'une footballeuse évoluant à Fleury-Mérogis (D 1). Elle travaille aussi comme architecte. Une exception chez les Tricolores. « Je suis surtout l'une des seules qui a la possibilité de bosser à côté par rapport au domaine dans lequel j'exerce », considère-t-elle. Diplômée de l'École nationale supérieure d'architecture de Saint-Étienne en juin 2017, la native de Vienne (Isère) a depuis monté sa micro-entreprise qui collabore avec l'agence TMG Architectes de Corbeil-Essonnes, où l'internationale se rend en moyenne trois matins par semaine. Maéva Clemaron travaille le reste du temps chez elle.

    Ce n'est pas par nécessité – « J'ai la chance de vivre du foot en étant professionnelle », dit-elle – mais par recherche d'un équilibre personnel. « L'archi est vraiment une passion, j'ai toujours aimé dessiner, je reproduisais les pages de couverture des BD en primaire avant d'esquisser des façades, des bâtiments un peu naïvement au lycée. Travailler à côté, c'est surtout un plus. J'acquiers de l'expérience, je ne partirai pas de zéro quand j'arrêterai le foot », confie l'ancienne joueuse de Saint-Étienne (D 1, 2009-2017).

    « Elle est loin d'être individualiste »

    « C'est la tête et les jambes. Y a-t-il d'ailleurs d'autres Bac + 5 qui mènent une carrière professionnelle dans le sport, cette double vie ? » s'interroge Pascal Tommy-Martin, patron de TMG. Ce dernier avait permis, dans un premier temps, à Maéva Clemaron de valider son diplôme d'architecte à travers un stage à l'été 2017. « On n'avait pas mal matché car j'ai eu un peu la même histoire, avec l'idée d'avoir une carrière pro dans la voile sauf que j'ai levé le pied pour les études, poursuit-il. Elle a du peps, ne traîne jamais les pieds, démontre une faculté de compréhension des projets qu'elle prend en main. Et moi qui ne suis pas du tout foot, elle m'a converti ! »

    Le directeur de l'agence et ses quatre employés étaient d'ailleurs dans les tribunes du Parc des Princes lors du match d'ouverture des Bleues contre la Corée du Sud, le vendredi 7 juin. Maéva leur avait obtenu des places, comme elle a offert l'un de ses premiers maillots tricolores à la secrétaire de TMG après sa première convocation en équipe de France à l'occasion de la SheBelievesCup aux États-Unis en mars 2018. « En plus, elle nous a ramené tous les médias », plaisante Pascal Tommy-Martin.

    « Maéva ne pense pas à elle, avance, de son côté, William Moukagny, collaborateur de Marc Fiorini, en charge du football féminin chez Sportalis qui s'occupe de ses intérêts. D'ailleurs, je lui demande de développer son image sur les réseaux sociaux mais ce n'est pas son truc… Elle est loin d'être individualiste. » Un état d'esprit qui a sans doute joué au moment où Corinne Diacre a choisi ses 23 mondialistes. « Je pense plutôt groupe, et qu'on me sollicite peu ou pas, j'espère pouvoir apporter, conclut l'intéressée. Je respecte celles qui rêvent de Ligue des champions, de porter des écussons de clubs prestigieux mais moi, je recherche un peu autre chose, plus un épanouissement personnel. »