France-Maroc (2-0) : Hugo Lloris, l’assurance tous risques

D’une rare fiabilité dans les grands tournois, le capitaine tricolore a, une nouvelle fois, sorti le grand jeu, notamment en première période, pour apporter son écot au succès des Bleus face au Maroc.

    Avec lui les records se ramassent à la pelle. Mais Hugo Lloris, devenu ce mercredi 14 décembre le gardien le plus capé de la Coupe du monde à égalité avec Oliver Kahn (19), accorde peu d’importance à ses feuilles de statistiques. Son centre d’intérêt, érigé au rang de préoccupation majeure, se situe plus basiquement dans sa surface de réparation. Là où, depuis plus d’une décennie, il promène sa présence rassurante. Quand le niveau de compétition et le degré d’exigence s’élèvent, le Niçois de naissance hausse le ton. Une récurrence précieuse pour maintenir à flot le navire et écoper les éventuelles brèches. Par un effet miroir, il sort, ainsi, souvent le grand jeu lors des demi-finales.

    Nul n’a effacé de son esprit sa prestation phénoménale devant la Mannschaft, à ce même stade de l’épreuve, à l’Euro 2016 avec en majesté une horizontale phénoménale sur une tête de Müller (2-0). Deux ans plus tard, rebelote au Mondial 2018, face aux Belges (1-0). Ce soir-là, dans la fraîcheur de la Gazprom Arena de Saint Petersburg, il écœure littéralement les Diables rouges. Il se montre, d’abord, intraitable face à Toby Alderweireld, puis s’oppose, avec bonheur et à-propos, à une tentative d’Alex Witsel.

    Mardi, à la veille de la rencontre face au Maroc, il avait exhorté, en ces termes, ses partenaires à mettre beaucoup d’intensité dès les premières minutes pour se simplifier la tâche. « Il faudra de la patience, mais aussi attaquer fort pour essayer de percer le mur marocain suffisamment tôt dans le match, se faire plaisir ensemble, dans l’effort, dans la difficulté et se surpasser ». Message reçu cinq sur cinq, avec le but tôt venu de Théo Hernandez.

    Premier « clean sheet » du Mondial

    L’un des cadres du groupe, relais préférentiel de Didier Deschamps, se charge, ensuite, du service après-vente. Sollicité par l’Angevin Azzedine Ounahi, d’un tir enveloppé adressé à environ 25 m, il se détend parfaitement pour repousser le ballon avec sa main gauche (10e). Il régente également l’espace aérien grâce à une prise de balle propre sur un centre à destination de Youssef En-Nesyri (19). Son homologue lusitanien, Diogo Costa, avait manifesté moins d’aisance en commettant une boulette promptement exploitée par l’attaquant du FC Séville.

    Mais le meilleur reste à venir. En toute fin de période, dans un temps fort des Lions de l’Atlas, il fait échec à un magnifique ciseau acrobatique d’El-Yamiq (44e). La marque des grands. Et une fois de plus, il étale cette capacité singulière à briller sur sa ligne, ou semblable à un fil-de-fériste, il manifeste un équilibre bluffant. Au passage, il signe son premier « clean sheet » (match sans but encaissé) de la compétition. Bien aidé par Koundé dans le temps additionnel.

    Des doutes sur son niveau de performance ? Foutaises. Présenté comme le maillon faible des tricolores, le prétendu « talon d’Achille » par la presse anglaise avant le quart de finale (2-1), le portier de Tottenham, refusant de faire le lit de la polémique, avait mis les rieurs de son côté en signant une performance aboutie, traduite dans les chiffres par 6 interventions, le soir même où il fêtait sa 143e cape.

    Avant le début du tournoi, en s’épanchant sur son rôle de capitaine, il avait insisté sur le privilège d’avoir pu brandir en premier le plus convoité des trophées un inoubliable soir d’orage à Moscou le 15 juillet 2018. Ce petit bout d’étoffe enserrant son bras est susceptible, ce dimanche, contre l’Argentine de lui octroyer une délicieuse répétition de l’histoire.