Mondial 2018 : «L’échec des Allemands n’est pas le fruit du hasard», selon Oliver Kahn

L’ancien gardien du Bayern Munich et de l’Allemagne pose des mots sur les maux du tenant du titre piteusement éliminé, mercredi, en phase de poules du Mondial après sa défaite contre la Corée du Sud.

 L’Allemagne a été éliminée du Mondial dès la phase de poules. La désillusion est grande pour les champions du monde en titre…
L’Allemagne a été éliminée du Mondial dès la phase de poules. La désillusion est grande pour les champions du monde en titre… AFP/Luis Acosta

    Comme tous ses compatriotes, Oliver Kahn, 49 ans, l'ancien gardien international (86 sélections), a peu goûté l'élimination de l'Allemagne. Défaite par la Corée du Sud (2-0), la Mannschaft a été rattrapée, au passage, par le syndrome moderne des tenants du titre, qui a frappé quatre des cinq champions du monde au XXIe siècle.

    Comment réagissez-vous à l'élimination prématurée de l'Allemagne ?

    OLIVER KAHN. Elle est méritée. Les joueurs ont manifesté trop peu d'investissement lors de l'intégralité de la phase de poules. Ils ont manqué de liant dans leur jeu et ils ont été beaucoup trop statiques.

    Quels ressorts faut-il actionner pour se relever rapidement d'un tel échec ?

    Il va y avoir beaucoup de travail pour la fédération allemande. Il s'agira, déjà, d'analyser cette élimination et de se poser ensuite les bonnes questions, comme par exemple sur quels cadres s'appuyer dans les prochaines années? Cette désillusion intervient à l'issue d'une saison au cours de laquelle la Bundesliga a baissé de niveau en enregistrant des résultats décevants sur la scène européenne. Sur le fond, cet échec n'est pas le fruit du hasard. Notre football n'est pas en forme.

    Qu'est-ce qui a manqué à l'Allemagne pour espérer aller plus loin ?

    Une remise en cause après son triomphe au Brésil. Il a manqué la volonté nécessaire pour rééditer une telle aventure. Il y a eu trop peu d'envie pour pouvoir renverser des montagnes. Je n'ai pas vu une équipe ; Les joueurs n'ont pas été solidaires. Il n'y a pas eu de communication. Avec une telle attitude, c'est impossible d'aller loin.

    Quatre des cinq derniers champions du monde en titre ont été éliminés dès la phase de poules. Ça vous surprend ?

    Ce n'est jamais évident de se remettre en question. Gagner un titre, c'est difficile, mais confirmer par la suite, c'est encore plus compliqué.

    Si vous deviez mettre des noms sur les principales déceptions…

    Sami Khedira et Mesut Özil sont passés à côté de leur match contre le Mexique (0-1), avant de se retrouver sur le banc contre la Suède (2-1). Ils ont, de nouveau, eu leur chance mercredi, mais ni l'un ni l'autre n'a su la saisir. Ce sont deux de nos joueurs les plus expérimentés et ils ont failli dans trop de domaines.

    L'avenir de la Mannschaft vous préoccupe-t-il ?

    Notre qualité d'ensemble reste excellente et nous possédons une magnifique génération de joueurs. Il est évident que certains vont mettre fin à leur carrière internationale, mais la vie continue et celle de l'Allemagne aussi. Nous rebondirons très vite.

    Joachim Löw peut-il survivre à un pareil camouflet ?

    Le sélectionneur a prolongé quelques semaines avant la Coupe du monde jusqu'en 2022. C'est bien sûr un échec cuisant et il en est aussi responsable. Mais je serai étonné s'il n'était plus le sélectionneur de l'Allemagne dans les prochains mois. Il a fait énormément pour la compétitivité de notre football depuis 2006 et à chaque compétition majeure, la Mannschaft a atteint au minimum le dernier carré. C'est exceptionnel. Il ne faut pas tout remettre en cause non plus.