Tensions diplomatiques entre l'Egypte et l'Algérie à cause du foot

Tensions diplomatiques entre l'Egypte et l'Algérie à cause du foot

    Le monde du foot est devenu en quelques jours un peu fou. Après la main de Thierry Henry sur laquelle les plus hautes instances politiques de la France et de l'Irlande, à savoir les premiers ministres, se sont exprimées jeudi, des tensions plus sérieuses sont apparues entre l'Algérie et l'Egypte. La première vient d'arracher à Khartoum une qualification historique pour la Coupe du Monde (11 juin -11 juillet 2010). Une qualification qui la fuyait depuis 1986.

    C'est désormais la crise diplomatique entre les deux pays. Le Caire vient de rappeler «pour consultations» son ambassadeur en Algérie. Ce rappel fait suite à de vives condamnations du Caire d'«agressions» de supporteurs égyptiens par des fans algériens mercredi soir à Khartoum -où était organisé le match qui a vu la victoire des «Verts» sur les «Pharaons» (1-0)- ainsi que par des violences anti-égyptiennes en Algérie.

    Le président égyptien suit le dossier de très près

    L'ambassadeur d'Algérie en Egypte, Abdelkader Hadjar, a également été convoqué au ministère égyptien des Affaires étrangères, qui lui a fait part de «l'indignation extrême de l'Egypte». M. Hadjar avait déjà été convoqué lundi par le ministère, après que des supporteurs algériens eurent attaqué des locaux de sociétés égyptiennes à Alger. Le diplomate s'est vu rappeler que «la protection de la présence égyptienne en Algérie est de la responsabilité du gouvernement algérien», selon le ministère égyptien.

    Le président égyptien Hosni Moubarak a fait savoir qu'il suivait la question personnellement.

    Le bus des joueurs algériens attaqué au Caire

    La tension n'a cessé de monter au cours des dernières jours et semaines entre l'Algérie et l'Egypte autour de la qualification pour le Mondial, enjeu sportif mais aussi question de prestige intérieur et international pour les deux pays.

    Médias algériens et égyptiens se sont mutuellement accusés de faire monter la pression, qui s'est aussi traduite par d'innombrables attaques à tonalité nationaliste entre supporters sur internet.

    Le 12 novembre, un bus transportant l'équipe algérienne venue jouer au Caire avait été attaqué à coup de pierres, et trois sportifs avaient été blessés. Le match deux jours plus tard dans la capitale égyptienne avait également été suivi d'incidents violents.

    Des attaques en Algérie contre des entreprises égyptiennes

    Des attaques ont eu lieu par la suite en Algérie contre les locaux d'entreprises égyptiennes, en particulier ceux de la compagnie Egypt Air et ceux d'Orascom Telecom Algérie, filiale du groupe égyptien de télécommunications Orascom. L'Egypte a multiplié ces derniers jours les demandes de protection de ses ressortissants dans ce pays.

    Les autorités soudanaises ont parallèlement convoqué jeudi à Khartoum l'ambassadeur d'Egypte pour exprimer leur mécontentement à la suite de la diffusion par des médias égyptiens de «fausses informations» sur les accrochages survenus après le match.

    Des médias égyptiens ont fait état d'au moins un mort dans ces accrochages, des allégations démenties par le ministère égyptien des Affaires étrangères lui-même. Selon des témoins, des accrochages ont eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi entre supporteurs algériens et égyptiens après le match.

    Des supporteurs égyptiens rencontrés par l'AFP ont affirmé que des autobus faisant la navette entre Omdurman, en banlieue de Khartoum, et l'aéroport avaient été la cible de jets de pierre. Un porte-parole de la police de Khartoum, Abdel Majid Al-Tayeb, a affirmé que quatre personnes avaient été légèrement blessées après le match.

    Dans une interview à la télévision publique égyptienne, le ministre égyptien de la Santé Hatem el-Gabali a indiqué pour sa part que 21 Egyptiens avaient été blessés au Soudan, précisant qu'il s'agissait de «blessures légères».

    L'ambassadeur égyptien à Khartoum, Afifi Abdel Wahab, a toutefois assuré à l'AFP que «ce qui s'est produit n'aura aucun impact négatif sur les relations spéciales entre le Soudan et l'Egypte», des alliés traditionnels.