Covid-19 : «La Bundesliga est en sursis», estime Jonathan Schmid

Le défenseur français de Fribourg va reprendre le championnat, ce samedi à Leipzig. Il évoque ce nouveau départ et insiste sur le manque de visibilité par rapport à une situation susceptible d’évoluer.

 Jonathan Schmid évolue cette saison avec Fribourg après des expériences à Hoffenheim et Augsbourg.
Jonathan Schmid évolue cette saison avec Fribourg après des expériences à Hoffenheim et Augsbourg. AFP/THOMAS KIENZLE

    Il est sans nul doute le plus allemand des joueurs français. Avec 243 matchs joués (et 32 buts), Jonathan Schmid, 29 ans, est le tricolore en activité le plus capé de Bundesliga. Revenu à Fribourg durant l'été 2019, après une année à Hoffenheim et trois à Augsbourg, le latéral droit, natif de Strasbourg, se prépare à renouer avec la compétition ce samedi à Leipzig. S'estimant « prêt » pour ce nouveau départ, il sait la poursuite de cette compétition conditionnée à la maîtrise de la pandémie de Covid-19.

    La reprise de la Bundesliga

    « Certains joueurs auraient visiblement aimé être consultés. A titre personnel, ça ne me gêne pas. On fait l'objet de tests chaque semaine. Je ne suis pas dans la tête des décideurs, mais si la compétition reprend, on l'a bien compris, c'est aussi pour permettre aux clubs de percevoir les droits TV. Il en va de leur survie économique. »

    La suite de la saison

    « Il reste neuf journées. Commençons par jouer ce week-end. On va déjà voir comment ça se passe. Si de nouveaux cas viennent à apparaître dans les clubs, je pense que la saison sera définitivement terminée. On a vu ce qui s'est passé à Dresde (NDLR : l'équipe de D2 a été placée en quarantaine après que deux joueurs ont été testés positifs). C'est un indicateur non négligeable. En clair, le championnat est en sursis. On en a tous conscience. Tant qu'il n'y aura ni traitement efficace ni vaccin, il va falloir apprendre à vivre avec un virus toujours actif. »

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    Le match à Leipzig

    « Cette rencontre sonne un peu comme une libération, une première grande victoire sur le virus. Ça va aussi nous faire du bien de retrouver le terrain, même à huis clos. Sans le public, ça pourrait ressembler à une rencontre amicale, sauf qu'il y aura les 3 points au bout. Pendant 90 minutes, on va se livrer à 100 % sans calcul, en essayant, autant que faire se peut, de rendre normal un match qui ne l'est pas vraiment. Tout se joue au mental. La pire des choses est d'avoir peur de se blesser. Si c'est pour demeurer passif et fuir les duels autant rester chez soi. On aura droit à cinq changements pour minimiser les risques de blessure ».

    Une préparation étrange

    « Avec Fribourg, on vient d'enchaîner deux séances d'entraînement collectif. Depuis le 7 avril, on avait recommencé par groupe de deux, puis de quatre. C'était un peu bizarre. Le foot est un sport de contacts. On arrivait à l'entraînement directement habillé, et on repartait directement à la maison pour la douche. Entre coéquipiers, on ne se serre pas la main, on se salue à distance. Si on marque, samedi, je me demande quel va être le protocole. On y réfléchit. Un but, c'est une explosion, un moment de partage avec ses équipiers. Là, il n'y aura pas grand-chose à faire si ce n'est se replacer dans sa moitié de terrain et attendre le coup de sifflet de l'arbitre. »

    La vie à Fribourg pendant la pandémie

    « On est situé à 80 km de la frontière française. A proximité du Grand Est, l'une des régions les plus touchées par la pandémie. Quand mes dirigeants ont vu la situation s'y dégrader, ils m'ont demandé de demeurer à Fribourg et de cesser de rendre visite à ma famille ni de recevoir des visites. Par chance, personne parmi mes proches n'a été touché. Mais c'est vrai qu'on s'inquiète forcément au regard de la propagation rapide de l'épidémie. Ici, la situation est toujours restée sous contrôle. »

    La baisse des salaires

    « Le club nous a demandé de faire un geste en diminuant nos salaires pour aider les jardiniers et les employés de bureau. On a accepté. C'était bien de le faire par rapport à tout ce qu'ils accomplissent pour nous. On voulait leur permettre ainsi de continuer à vivre décemment, parce qu'ils ont aussi une famille, et un loyer à payer. C'est plus difficile pour eux que pour nous qui sommes des privilégiés. Un petit geste, c'est peu de chose. »