Ligue 2 : programmation qui fâche, restriction budgétaire… Climat morose pour relancer la saison

La 1ère journée de Ligue 2 débute ce vendredi (20 heures) dans des conditions particulières. Déjà obligés de faire des économies, les clubs ont été contraints de jouer le vendredi soir, provoquant la colère de leurs supporters.

Amiens-Metz, l'une des affiches que l'on retrouvera cette saison en Ligue 2, dans un contexte particulier. Photo Charles Bury / Courrier Picard.
Amiens-Metz, l'une des affiches que l'on retrouvera cette saison en Ligue 2, dans un contexte particulier. Photo Charles Bury / Courrier Picard.

    Cela aurait dû être la fête. Mais pour protester contre la diffusion du multiplex (7 matchs) désormais le vendredi soir - les 2 autres étant diffusés le samedi à 14h30 et le lundi à 20h45 -, les supporters ont décidé de faire grève dans les tribunes.

    Le vendredi de la discorde

    Annoncé le 1er août soit à 15 jours de la reprise, le passage du multiplex de L2 du samedi au vendredi a provoqué un vif émoi chez les supporters et les clubs. Beaucoup avaient en effet acheté leurs abonnements en fonction des matchs le samedi ou d’autres passent beaucoup de temps sur les routes pour venir voir leur équipe jouer. Du côté des clubs, beaucoup se sont insurgés devant ce changement de programmation qui va réduire les affluences dans les stades et les priver d’une partie de leur public plus familial.



    Mais chacun a communiqué un peu dans son coin et il n’y a pas eu de déclaration commune. Si le président du collège de L2 Bernard Joannin (Amiens), proche de Vincent Labrune, a plutôt défendu la position de BeIN, la majorité des clubs sont plus remontés. « Je suis contre, comme la plupart des présidents, même si certains l’expriment moins que d’autres, lance ainsi Pierre Ferracci, le président du Paris FC. Depuis quatre ans, tout le monde s’était habitué au samedi et tout le monde y voyait des avantages. »

    Les supporters avancent, eux, unis. L’ensemble des groupes de L2 ont publié un communiqué commun « BeIN sports tue le L2, le foot c’est le week-end », annonçant une grève pour ce premier week-end et d’autres actions plus dures… Violemment attaqué sur les réseaux, Florent Houzot, directeur de la rédaction de BeIN Sports veut éteindre l’incendie : « BeIN Sports a toujours été à l’écoute, mais le dialogue doit pouvoir se faire dans la compréhension mutuelle. Pas dans la menace de grèves, de perturbations dans la captation, etc. On a toujours fait le multiplex le vendredi et on estime que c’est plutôt une case bénéfique pour BeIN Sports, mais aussi pour les clubs. » Les clubs ont obtenu de refaire le point avec BeIN après quelques journées. Mais on voit mal la chaîne faire marche arrière…

    Plus de VAR, un mercato prudent dans la plupart des clubs

    La L2 a été touchée de plein fouet par les baisses des droits TV. Pour certains clubs, cela représente plus de 50 % en moins. « Une baisse de 55 % et une perte sèche de près de 2 millions d’euros, par rapport aux 3,6 millions de droits TV de l’an passé », calcule ainsi Luis de Souza, directeur sportif de Pau dont le budget est passé de 8 à 6, 5 millions d’euros par rapport à l’an dernier. Une situation vécue par la plupart des clubs de L2 qui ont dû faire des économies. Le mercato en L2 « le pire de l’histoire car rien ne bouge » comme le regrette un agent, a donc été très calme et risque de la rester jusqu’au 31 août.

    L’autre conséquence de la baisse des droits TV, c’est l’abandon de la VAR qui devait être mise en place cette saison en Ligue 2. Mais elle ne le sera pas pour des raisons économiques. « Le Conseil, connaissance prise des avis des Collèges de Ligue 1 et de Ligue 2, décide, à l’unanimité, de reporter l’application de la VAR en Ligue 2 dans un souci de maîtrise des coûts », souligne la LFP dans son procès-verbal du Conseil d’administration du 25 juillet.

    L’attraction Mbappé à Caen, enfin la bonne année pour le Paris FC ?

    Sur le plan sportif et médiatique, la Ligue 2 s’élance sans ses deux locomotives, Saint-Étienne (promu en L1) et Bordeaux (rétrogradé en N2) qui ont boosté les affluences sur les deux dernières saisons. L’été a été marqué par le coup de tonnerre de l’annonce de la reprise de Caen par Kylian Mbappé, qui est devenu le plus jeune propriétaire d’un club professionnel. Le nouvel attaquant du Real Madrid veut construire un projet raisonné sans partir dans une escalade financière. Mais le recrutement de l’ancien international Yann M’Vila (34 ans) montre les nouvelles ambitions du club normand, qui avait terminé 6e la saison dernière.

    Chez les relégués de L1, Lorient, qui a conservé pour le moment de nombreux joueurs titulaires de la saison passée et Metz, habitué à faire l’ascenseur et à gérer la transition, sont candidats à une remontée immédiate.

    Un budget confortable grâce à l’arrivée prochaine d’un nouvel actionnaire destiné à prendre la succession de Pierre Ferracci dans les trois ans, une stabilité dans l’effectif (un seul titulaire parti, Mandouki) et un recrutement plutôt séduisant avec notamment Jean-Philippe Krasso… Beaucoup d’observateurs ont également placé le Paris FC, barragiste malheureux en 2019, 2021, 2022 et 2024, parmi les favoris. Ça pourrait enfin être la bonne année pour le club parisien, club le plus ancien en L2 avec une 8e saison consécutive.

    Pour son retour cinq ans après sa descente, le Red Star a, lui, changé d’entraîneur avec l’arrivée de Grégory Poirier à la place d’Habib Beye qui a choisi de partir pour s’offrir l’opportunité d’entraîner en L1 mais qui n’a pas trouvé de place. Le recrutement plutôt malin (Danger, Renel, Badji…) qui s’ajoute à un effectif qui a brillé l’an passé, devrait permettre au club de Saint-Ouen de se maintenir.

    Enfin, un entraîneur a déjà été débarqué avant même que la saison ne commence… Repêché en L2 après la rétrogradation de Bordeaux, Troyes, détenu par le City Group, a mis à pied David Guion le 6 août. Il a été remplacé par Stéphane Dumont (ex-Guingamp).

    La 1ère journée de L2. Vendredi, 20 heures : Amiens - RED STAR, Guingamp - Troyes, AC Ajaccio - Rodez, Dunkerque - Nancy, Clermont -Pau, Grenoble - Laval. Samedi, 14 h 45 : Caen - PARIS FC. Lundi, 20 h 45 : Martigues - Lorient, Metz - Bastia.