Ligue des champions: le tournoi final est-il menacé par la hausse des cas de Covid à Lisbonne?

La capitale portugaise choisie pour la phase finale, du 12 au 23 août, malgré une augmentation du nombre de cas de contaminations au coronavirus, se veut optimiste. Mais la question de la présence de supporters se pose toujours.

 Le tournoi final de la Ligue des champions doit avoir lieu du 12 au 23 août, à Lisbonne.
Le tournoi final de la Ligue des champions doit avoir lieu du 12 au 23 août, à Lisbonne. PA Images/Icon Sport

    Après l'annonce par l'UEFA ce mercredi du nouveau calendrier de la Ligue des champions, avec un Final 8 organisé du 12 au 23 août à Lisbonne, l'incertitude principale a vite concerné la présence ou non de supporteurs dans les stades. A ce propos, Aleksander Ceferin, le patron de la confédération européenne, a jugé prématurée toute décision sur le sujet : « Il serait incompétent de notre part de prendre une décision en avance à propos d'une situation si incertaine ». Un point début juillet a ainsi été programmé.

    Seulement, au-delà de cette annonce, c'est le choix en lui-même de la ville de Lisbonne qui a aussi suscité quelques doutes. En préférant Lisbonne à Istanbul, l'instance européenne a fait le choix d'une ville d'un pays qui a, jusqu'à présent, plutôt bien maîtrisé la crise sanitaire. Avec 1504 morts, soit 149 décès pour un million d'habitants, le Portugal présente un bilan assez raisonnable. Par comparaison, la France enregistre de son côté 454 morts par million d'habitants.

    Une sorte de mini-reconfinement acté

    Seulement, depuis quelques jours, les chiffres de la situation sanitaire suscitent quelques inquiétudes. Sans évoquer encore l'arrivée d'une deuxième vague, la direction de la santé a relevé qu'entre le 10 et le 14 juin, 996 des 1151 nouveaux cas au Portugal, avaient été détectés dans la région de Lisbonne. Des mesures spécifiques ont été prises avec une sorte de mini-reconfinement. Le passage à la phase 3 du déconfinement a été retardé.

    Lundi 15 juin, 346 nouveaux cas ont été enregistrés en 24 heures. Un record. Malgré tout, le même jour, les restrictions de confinement spéciales étendues à la capitale portugaise et ses alentours ont été levées.

    Beaucoup d'observateurs ne voient toutefois pas encore de quoi s'inquiéter. Ils font remarquer que le Portugal est un des pays européens qui testent le plus : 101 227 tests pour un million d'habitants, soit cinq fois plus que la France. Du coup, le nombre de cas est plus important car il y a beaucoup d'asymptomatiques dans le lot. En revanche, le nombre de morts et de personnes hospitalisées reste peu élevé.

    « Le Portugal a une activité moyenne, qui n'est pas élevée, expliquait au Parisien Antoine Flahault, directeur de l'Institut de Santé Globale à l'Université de Genève. Il a plutôt bien géré la première vague, mais se retrouve finalement avec une courbe qui n'arrive pas à descendre, comme chez ses voisins d'Espagne. La France aussi a environ 300 cas par jour, mais on n'est pas sur la même taille de pays. C'est donc un peu plus préoccupant au Portugal, même si le système de santé n'est pas saturé, et pas en alerte. »

    Les Portugais voient malgré tout toujours d'un bon œil la perspective du tournoi final de Ligue des champions. « La nouvelle aurait rempli de fierté les Portugais, quelles que soient les circonstances, mais cela a pris plus d'ampleur encore dans ce contexte de pandémie et d'absence de tourisme au niveau mondial, souligne Isaura Almeida, journaliste au Diario de Noticias. Lisbonne a connu un boom touristique ces dernières années et craint que la pandémie mette tout ce travail en cause. Recevoir la Ligue des champions est une sorte de cérémonie de bienvenue dans la capitale portugaise. »

    Après avoir rappelé que la finale de Ligue des champions 2014 à Lisbonne, remportée par le Real Madrid face à l'Atlético de Madrid, avait rapporté près de 53 millions d'euros pour l'économie locale, Isaura Almeida ramène l'enjeu du prochain « Final 8 » à la présence ou non de supporteurs. Elle ne le cache pas : « Le pays est divisé entre ceux qui pensent que le Portugal ne devrait pas s'ouvrir à l'arrivée des supporters jusqu'à ce que la pandémie soit contrôlée, surtout dans la région de Lisbonne, et ceux qui applaudissent la fédération d'avoir réussi à attirer un événement de cette ampleur ».