Mort d’Emiliano Sala : le pilote a perdu le contrôle et a manœuvré à une vitesse trop élevée

Il s’agit des conclusions du rapport définitif d’enquête britannique rendu ce vendredi. Le joueur de Nantes, en cours de transfert à Cardiff, est mort dans un crash d’avion le 21 janvier 2019.

 Un supporter nantais rend hommage à Emiliano Sala.
Un supporter nantais rend hommage à Emiliano Sala. AFP/Loïc Venance

    Une perte de contrôle de l'appareil. Une manœuvre tentée à trop grande vitesse au-dessus de la Manche. Voici les premières conclusions publiées ce vendredi par le bureau d'enquête britannique sur les accidents aériens (AAIB), dans un son rapport définitif sur le crash de l'avion du footballeur argentin Emiliano Sala.

    Et pour les enquêteurs, pas de doute, le pilote a perdu le contrôle et a manœuvré à une vitesse trop élevée. Ce qui explique pourquoi l'appareil dans lequel se trouvait Sala s'est ensuite disloqué avant de s'abîmer en mer il y a plus d'un an. Selon les enquêteurs de l'AAIB, l'appareil était lancé à une vitesse de 270 miles par heure (435 KM/h) au moment de l'impact avec l'eau, selon l'AAIB, ce qui excluait la possibilité de survie.

    Le petit avion privé à bord duquel se trouvaient le joueur de 28 ans et le pilote David Ibbotson a sombré dans la Manche le 21 janvier 2019. L'attaquant du FC Nantes rejoignait le club de Cardiff, où il venait d'être transféré, pour 17 millions d'euros. Son corps, dont la disparition a ému le monde du football, a été retrouvé dans la carcasse de l'appareil, plus de deux semaines après l'accident, à 67 mètres de profondeur. Celui du pilote de 59 ans n'a, lui, pas été retrouvé. D'après le rapport d'enquête, ce dernier a « probablement » été intoxiqué au monoxyde de carbone.

    L'intoxication au monoxyde de carbone constitue un risque particulier pour ce type d'avion

    L'autopsie a permis d'établir qu'Emiliano Sala a succombé à des « blessures à la tête et au tronc ». Un rapport intermédiaire publié en août dernier par l'AAIB a permis d'établir que l'attaquant argentin a été exposé à un niveau « potentiellement mortel » de monoxyde de carbone. Le bureau d'enquête a jugé « probable » que le pilote a également été exposé.

    « Il est clair d'après les symptômes que l'exposition au (monoxyde de carbone) peut réduire ou inhiber la capacité d'un pilote à piloter un avion en fonction du niveau d'exposition », a expliqué l'AAIB. Thèse depuis confirmée par son rapport définitif publié ce vendredi.

    L'intoxication au monoxyde de carbone constitue un risque particulier pour le type d'avion dans lequel les deux hommes voyageaient. « Une mauvaise étanchéité de la cabine ou des fuites dans les systèmes de chauffage et de ventilation par les gaz d'échappement peuvent permettre à du monoxyde de carbone d'entrer dans la cabine » et dans le poste de pilotage, avaient expliqué les enquêteurs.

    Le pilote n'avait pas le droit de transporter des passagers payants

    Moins d'un mois après l'accident, le bureau d'enquête a établi que le Piper PA-46 Malibu, enregistré aux Etats-Unis, n'était pas habilité pour les vols commerciaux. Le monomoteur n'était pas homologué pour, et son pilote, David Ibbotson, n'était pas autorisé à transporter des passagers payants. Il n'est pas certain non plus qu'il ait eu la permission de voler de nuit.

    Le vol a été affrété par le pilote britannique David Henderson, à la demande de l'intermédiaire Willie McKay et de son fils Mark, l'agent mandaté par Nantes pour mener à bien le transfert de Sala. Les McKay déclarent avoir payé la totalité du voyage. Cardiff assure pour sa part avoir proposé un vol commercial au joueur, qui l'a décliné, même s'il s'est inquiété avant le décollage de l'état du petit avion.

    Sur le plan pénal, la police britannique a décidé de ne pas poursuivre un suspect brièvement arrêté l'année dernière pour homicide involontaire. « L'enquête sur la manière dont a été géré le vol se poursuit », a précisé la police du Dorset, qui a promis de « continuer d'aider » l'Autorité de l'aviation civile (CAA) et ses propres investigations.

    Le club de Cardiff a quant à lui déposé à Nantes une plainte contre X qui cible les modalités du transfert et l'organisation du vol fatal. Depuis l'accident, Nantes réclame au club gallois le paiement du transfert. Fin septembre, la Fédération internationale de football a donné raison à Nantes et ordonné le paiement d'une première tranche de 6 millions d'euros. Mais Cardiff a saisi le Tribunal arbitral du sport (TAS), dont la décision n'est pas attendue avant juin.