Paris FC : «Je me suis un peu reposé sur mes lauriers», confie Jérémy Ménez

Recrue phare du PFC, l’ancien international du PSG jette un regard lucide sur son parcours et explique son choix de rejoindre la lanterne rouge de Ligue 2.

 Cinq ans après avoir quitté le PSG, Jérémy Ménez s’est engagé pour une saison avec le Paris FC.
Cinq ans après avoir quitté le PSG, Jérémy Ménez s’est engagé pour une saison avec le Paris FC. Aude Alcover/LP/Icon Sport

    D'ordinaire dans le monde du football, c'est plutôt la famille qui s'adapte aux pérégrinations du papa-joueur. Après 16 ans - déjà - de carrière professionnelle, des passages par Sochaux, Monaco, Rome, PSG, AC Milan, Antalyaspor (Tur.) ou le Club America (Mex.), Jérémy Ménez, 32 ans, a inversé le processus. Soucieux de se rapprocher de ses enfants, Maëlla (7 ans) et Menzo (5 ans), l'ancien international (24 sélections) s'est engagé avec le Paris FC, lanterne rouge de Ligue 2.

    Vous avez expliqué être revenu à Paris pour vous rapprocher de vos enfants. Et votre carrière ?

    JÉRÉMY MÉNEZ. Le foot, c'est ma passion, j'adore ça. Mais dans la vie, il y a aussi d'autres priorités. Je suis beaucoup parti à l'étranger, j'en ai fait un peu le tour, j'avais besoin de me retrouver. Me rapprocher de mes enfants ne peut que m'aider à être plus performant sur le terrain. Ils font partie de mon équilibre. C'est pour ça que je suis revenu. Ils commencent à grandir, ils ont besoin de moi. Je voulais vraiment trouver un club où je pouvais allier le foot et la famille. Soyons honnêtes, au départ, je ne pensais pas au PFC. Mais quand l'opportunité s'est présentée, j'ai réfléchi et je l'ai saisie.

    Le fait de privilégier la famille signifie-t-il que vous avez fait une croix sur le très haut niveau ?

    Faire une croix, non. Tant que je jouerai… Je ne suis pas venu au Paris FC en vacances. Je suis venu pour aider l'équipe à s'en sortir, me faire plaisir et, surtout, être bon. Après, je ne prédis pas l'avenir.

    Après être passé par la Roma, le PSG ou l'AC Milan, arriver en Ligue 2 est quand même un changement brutal…

    Pas du tout. D'abord, je savais où je mettais les pieds. Et puis ceux qui me connaissent savent que je suis quelqu'un de simple. Je n'ai pas besoin de folklore, ni d'un environnement clinquant. Le centre d'entraînement est super, il y a tout le nécessaire. Je me sens bien ici.

    Jérémy Ménez à l’entraînement avec le Paris FC, le 9 octobre à Orly./LP/Icon Sport/Aude Alcover.
    Jérémy Ménez à l’entraînement avec le Paris FC, le 9 octobre à Orly./LP/Icon Sport/Aude Alcover. Aude Alcover/LP/Icon Sport

    Cela ne fait pas mal à l'ego de s'engager avec la lanterne rouge de Ligue 2 ?

    Cela peut faire mal à l'ego quand on a des choses à prouver. Moi, je n'ai rien à prouver, si ce n'est à moi-même et ma famille. Je me moque de ce que les gens peuvent penser. Je sais ce que j'ai fait dans ma vie, dans ma carrière. Chacun, bien sûr, est libre de penser ce qu'il veut. La vie fait que, de toute façon, on ne peut pas être aimé de tous.

    Vous avez toujours eu une image clivante. Est-ce difficile à gérer ?

    Cette image, je vis avec. Soyons francs, je l'ai peut-être cherché aussi, à un moment donné c'était un peu ma personnalité de ne pas m'ouvrir. Mais avec l'âge, avec les enfants, on change, on évolue. Reste que vous pouvez interroger tous les groupes dans lesquels je suis passé, peu de gens vous diront du mal de moi. Pour moi, c'est ça le plus important. C'est vrai, je ne me suis pas beaucoup ouvert, notamment à la presse. Mais je suis comme ça, ça fait partie de ma personnalité.

    Comprenez-vous ceux qui vous reprochent de ne jamais sourire sur un terrain ?

    Je peux comprendre ces critiques car c'est sans doute l'image que je renvoie. Pour moi, sourire pour sourire, ça ne sert à rien ! Mais rassurez-vous, dans la vie de tous les jours, je souris. L'image du mec qui ne sourit jamais n'est pas la bonne.

    Quel regard portez-vous sur le parcours du quatuor de la génération 87 que vous formiez avec Nasri, Ben Arfa et Benzema ?

    On a tous eu une carrière différente, faite de bon et de moins bon. Avec le recul, je pense surtout qu'on est la génération qui a fait le tampon entre les anciens de 1998-2002 et les champions du monde actuels. Je ne veux pas chercher d'excuses, mais on s'en est pris plein la gueule pour des choses qui, aujourd'hui, sont devenues monnaie courante.

    C'est-à-dire ?

    A notre époque, on prenait des amendes ou on se faisait traiter de racailles parce qu'on avait des casques pour écouter la musique ou parce qu'on portait des casquettes. Aujourd'hui, tout le monde en a et ça ne choque personne. Bien sûr, tout n'a pas été injuste, on a fait des erreurs aussi, mais comme tout le monde je pense.

    Jérémy Ménez, après sa première apparition avec le Paris FC, célèbre la victoire de Troyes, le 4 octobre 2019./LP/Icon Sport/Sandra Ruhaut
    Jérémy Ménez, après sa première apparition avec le Paris FC, célèbre la victoire de Troyes, le 4 octobre 2019./LP/Icon Sport/Sandra Ruhaut Aude Alcover/LP/Icon Sport

    On vous a longtemps prêté un potentiel hors-norme. Votre implication, plus fluctuante, vous laisse-t-elle des regrets par rapport à votre parcours ?

    Le seul regret, peut-être, c'est de ne pas avoir bossé davantage. Quand on sait, en toute modestie, qu'on a un peu plus de talent que les autres, on a tendance à en faire un peu moins. Je me suis un peu reposé sur mes lauriers. Et ça, plus le temps passe, plus ça se ressent. Alors si c'était à refaire, je travaillerais un peu plus. Mais je n'ai pas de rêves inachevés. Chacun mérite ce qu'il a. Si j'avais vraiment voulu, j'aurais sans doute fait ce qu'il fallait.

    Vous qui avez ouvert l'ère QSI à Paris, comment expliquez-vous que le PSG peine autant sur la scène européenne ?

    Simplement parce que Paris n'est pas tout seul à vouloir gagner la Ligue des champions. Il faut de l'expérience. Et l'équipe change aussi tous les ans, alors que la stabilité est un facteur pour aller au bout. Mais cette année, je ne sais pas pourquoi, je sens un élan positif par rapport à d'habitude. Je ne dis pas qu'il va la gagner, mais j'ai le sentiment que le PSG va aller loin.

    Peut-on jouer au Paris FC et rester fan du PSG ?

    Oui, bien sûr, il n'y a rien d'incompatible. Je suis sûr que beaucoup de joueurs du PFC sont supporters du PSG. Moi, je reste fan numéro 1 du PSG, comme d'habitude.