Sécurité dans les stades : «Les clubs doivent faire plus d'efforts», juge Antoine Mordacq

Antoine Mordacq, chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme réagit au mouvement de protestations des groupes de supporters français.

Parc des Princes, le 27 octobre. Les supporters parisiens allument des fumigènes dans les tribunes, à l'occasion de PSG - Nice.
Parc des Princes, le 27 octobre. Les supporters parisiens allument des fumigènes dans les tribunes, à l'occasion de PSG - Nice. LP/ YANN FOREIX

    En poste depuis l'été dernier, il ne sous-estime pas les multiples incidents des dernières semaines. Mais Antoine Mordacq tient aussi à relativiser les dérives de la mouvance ultra. « Seulement quatre ou cinq matchs ont posé problème sur les 280 organisés en Ligue 1 et Ligue 2 depuis le début de la saison », pose-t-il en préambule. Avant de répondre aux reproches formulés par une trentaine de groupes de supporters, dont le Collectif Ultras Paris.

    Les ultras dénoncent la multiplication des interdictions et des restrictions de déplacement dont ils seraient la cible. Que pouvez-vous leur répondre ?
    Antoine Mordacq. Cette revendication ne peut s'entendre que si les incidents sur les matchs sensibles cessent. Or, les événements des dernières semaines ne vont pas en ce sens. Je rappelle tout de même que neuf matchs sur dix en moyenne ne font l'objet d'aucune mesure particulière. Et depuis le début de la saison, seulement trois interdictions totales de déplacement ont été prononcées.

    Les ultras défendent aussi l'usage de la pyrotechnie dans les stades comme une pratique festive faisant partie de leur culture...
    Les fumigènes ou les pétards, utilisés dans des lieux confinés comme une tribune, sont des engins dangereux, incandescents. Un adolescent s'est mutilé la main le week-end dernier à cause d'un pétard lors de Bordeaux - OM. Quant aux bombes agricoles, elles peuvent être mortelles. Enfin, je rappelle que l'introduction ou l'utilisation de fumigènes dans une enceinte sportive constitue un délit pénal, passible de trois ans d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

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    Mais comment empêcher des supporters d'introduire des fumigènes qui peuvent se glisser dans les sous-vêtements ?
    Rien n'est facile, mais les clubs doivent faire plus d'efforts. Sur les dispositifs de sécurité, sur les palpations à l'entrée comme sur la fouille minutieuse des tribunes avant match. On sait que des caches existent dans certains stades pour stocker des engins pyrotechniques. Ensuite, le recours aux chiens spécialisés dans la détection de fumigènes peut constituer une piste. Ils ont notamment été utilisés lors des matchs sensibles de l'Euro 2016.

    Faut-il installer des grillages dans les stades pour empêcher les spectateurs d'accéder facilement à la pelouse ?
    Il n'y a pas de réponse simple. Nous devons en effet trouver un équilibre entre la prévention des intrusions malveillantes et la possibilité d'évacuation sur la pelouse. N'oublions pas que le 13 novembre 2015, après un mouvement de panique au Stade de France, tout le monde s'est félicité du fait que les spectateurs aient pu se réfugier sur le terrain.