« Je ne suis pas le roi du monde » : les confidences d’Alexandre Texier, le prodige du hockey sur glace français

L’équipe de France démarre ses Championnats du monde en Finlande et Lettonie ce samedi matin (11h20) contre l’Autriche. Les Bleus peuvent compter sur leur attaquant prodige Alexandre Texier (23 ans) qui raconte la difficulté à s’acclimater en NHL.

Après 3 saisons pleines en NHL, Alexandre Texier a évolué aux Lions de Zurich cette saison . (Photo by Franco Arland/LP/Icon Sport)
Après 3 saisons pleines en NHL, Alexandre Texier a évolué aux Lions de Zurich cette saison . (Photo by Franco Arland/LP/Icon Sport)

    Le jeudi 27 avril, quelques heures avant les deux matchs de préparations de l’Équipe de France face à la Slovénie à l’Aren’Ice de Cergy, le prodige des Bleus Alexandre Texier s’est livré pendant un peu plus d’une demi-heure sur les difficultés pour un jeune à s’acclimater dans le championnat prestigieux de la NHL (Ligue nationale de hockey nord-américaine) et les raisons de son retour cette saison en Europe à Zurich (Suisse) avant de repartir l’an prochain aux États-Unis chez les Blue Jackets de Colombus.

    La NHL est-elle un Eldorado pour un joueur de hockey sur glace ?

    ALEXANDRE TEXIER. C’est la meilleure ligue au monde ! On veut tous y jouer. Quand on est jeune et qu’on joue au hockey c’est l’endroit où on veut être. Moi, j’avais ce rêve mais cela paraissait lointain. J’ai eu la chance d’être drafté rapidement à l’âge de 16 ans par Columbus et un an et demi plus tard les dirigeants m’ont rappelé dès la fin de ma saison en Finlande (à Kalpa) pour rejoindre leur équipe. J’ai enchaîné les matchs pendant un mois et demi sans prendre le temps de réaliser. Puis j’ai réalisé pendant l’été. C’est bien d’être drafté, de participer à quelques matchs mais il faut savoir y rester et cela demande beaucoup de travail.

    Comment se passe la vie en dehors des matchs ?

    On vit hockey, on mange hockey et on dort hockey. Nous disputons 82 matchs plus éventuellement les playoffs. Les rencontres sont très intenses et s’enchaînent vite ! Nous avons de nombreux déplacements en avion au Canada et aux États-Unis. Il ne reste que très peu de temps pour faire autres choses. Les seuls moments où on a du repos, on va juste se balader ou boire un café. Il n’y a rien d’extraordinaire. J’avais un appartement où je vivais seul. Ma mère venait quand nous avions des séries de matchs à la maison. Quand on a 19 ans et qu’on joue dans la meilleure Ligue du monde, c’est important que quelqu’un te permette de garder les pieds sur terre et te recadre. Je ne suis pas le roi du monde je continue de travailler

    Est-ce si compliqué de garder les pieds sur terre quand on est présenté aussi jeune comme la future star du hockey tricolore ?

    Quand on est jeune c’est compliqué de ne pas s’enflammer et ne pas être au fond du trou dans les moments difficiles. On regarde les commentaires sur les réseaux sociaux et tu comprends en grandissant que petit à petit cela te pèse psychologiquement. Tu te demandes aussi parfois pourquoi tu n’as pas une vie d’un gars de 19 ans qui va en cours. Je sais que je peux compter sur ma famille et me poser les bonnes questions pour me rebooster. J’ai la chance d’être hyperproche de ma mère qui m’aide sur ces points-là et me permet d’avancer. Et avec l’âge on apprend. Le haut niveau, il faut y aller car il y a du monde qui attend derrière. Derrière les stats, les trophées, il y a une vie et ce n’est pas facile tous les jours.

    Pourquoi avez-vous décidé de revenir en Europe à Zurich au début de cette saison ?

    C’est un choix personnel, cela m’a fait du bien pour repartir. C’était ma propre décision mais maintenant je suis prêt pour y retourner. Je suis mieux dans ma tête et mon corps. Et plus mature aussi.

    « Je suis un affectif et je l’assume »

    Le décès de vos grands-parents explique aussi ce retour près de Grenoble où réside votre famille…

    Je ne veux pas en parler.

    Quitter la NHL était un acte fort…

    C’était ma décision. Je savais que j’allais y retourner mais j’avais besoin de ça. Je savais après des discussions avec les dirigeants de Columbus que j’allais revenir. Je n’avais pas de pression. Mon objectif était de prendre du plaisir et continuer à m’améliorer car je n’ai que 23 ans. Des joueurs NHL et Pierre-Edouard Bellemare (NDLR : son coéquipier en équipe de France et joueur NHL à Tampa Bay) m’ont écrit. Ce dernier n’a pas eu des moments faciles. Il m’a toujours dit : « Prend des décisions pour toi ». Donc ça aide de recevoir des conseils de joueurs qui ont vécu ces choses. J’ai pris la décision pour moi et aujourd’hui je suis heureux de pouvoir y retourner la saison prochaine et y être performant.

    Alexandre Texier veut assurer la maintien des Bleus dans l'élite lors des Championnats du monde qui démarrent ce samedi en Finlande et en Lettonie. (Photo by Franco Arland/Icon Sport)
    Alexandre Texier veut assurer la maintien des Bleus dans l'élite lors des Championnats du monde qui démarrent ce samedi en Finlande et en Lettonie. (Photo by Franco Arland/Icon Sport) 2023 Icon Sport

    La vie personnelle a-t-elle un impact sur sa vie professionnelle et sportive ?

    Bien sûr ! Chacun la gère à sa manière. Chacun a un son propre caractère. Et, il n’y a pas un seul chemin, parfait, à emprunter. Je suis un affectif et je l’assume. J’ai besoin de personnes qui m’accompagnent et c’est comme cela que je trace mon chemin. C’est facile de dire qu’on veut aller à l’étranger, qu’on veut partir, qu’on veut jouer au niveau mais ce n’est pas si simple que ça. Cela demande beaucoup de travail et d’exigence. On ne va pas avoir une vie comme les autres, on ne va pas pouvoir avoir des sorties, ne pas manger tout et n’importe quoi. Signer à Zurich m’a permis de me rapprocher de ma famille tout en jouant du bon hockey dans un excellent championnat. Cela m’a fait réaliser certaines choses. Les dirigeants de Columbus sont venus en Suisse et m’ont toujours soutenu.

    Êtes-vous prêt pour refaire le grand saut aux États-Unis l’an prochain ?

    Oui. Zurich est derrière moi. J’ai appris beaucoup de choses. Je suis plus mature. Si je n’ai pas envie de quelque chose je dirai non. Avant ça, je veux réaliser de belles performances au mondial. Nous devons d’abord assurer le maintien (éviter la 8e et dernière place du groupe) et pourquoi pas aller plus loin (les 4 premiers sont qualifiés pour les quarts de finale). Il faut rêver un peu.