Jean-Guy Wallemme, une vie en sang et or

Lens (Pas-de Calais) De notre correspondante

    S'il décide

    un jour de se lancer dans un récit autobiographique, Jean-Guy Wallemme, 48 ans, n'aura aucun mal à mettre des mots sur ses émotions. Le Racing Club de Lens, « son » Racing, il en parle comme nul autre. De 1982 à 2011, sa carrière de joueur, puis d'entraîneur, s'écrit en sang et or, même si Saint-Etienne (1999 à 2001) a aussi compté pour lui.

    « 476 matchs sous le maillot artésien, c'est pas mal, oui, même si mon ami Sikora est devant », sourit l'ancien défenseur, aujourd'hui dans l'encadrement du club d'ASO Chlef, en 2

    division algérienne.

    Evoquer ses meilleurs souvenirs avec Lens, c'est partir dans un long récit de moments rares, exceptionnels. Il les revisite avec minutie. « Je garde en tête mon premier match pro contre le PSG le 12 novembre 1986

    (1-0)

    , souligne-t-il. Je me retrouve face à Vahid Halilhodzic, un superbe attaquant difficile à marquer. Bollaert était plein, c'était un grand moment. Ça m'a permis de mettre le pied à l'étrier et ça ne s'est pas trop mal passé. Après ça, je n'ai plus quitté l'équipe ! J'ai enchaîné les différentes saisons, jusqu'en... 1998 et le premier titre de champion. »

    L'apogée de sa carrière : un match à Auxerre, pour la toute dernière journée de championnat, permet aux hommes de Daniel Leclercq de coiffer Metz sur le fil grâce à une différence de buts favorable. « C'était incroyable, rigole le natif de Maubeuge (Nord). Je me rappelle notre retour d'Auxerre, dans la nuit. 40 000 supporteurs nous attendaient à Bollaert ! Le lendemain, ils y avait plus de 60 000 personnes dans les rues de Lens, une ville de... 38 000 habitants. C'était fabuleux. Avoir procuré pareille joie aux gens demeure une vraie fierté pour moi. »

    Cela aurait pu être le moment parfait pour se retirer. Quitter le club de sa vie sur un titre de champion, peu de joueurs ont cette opportunité. Pourtant, il retourne dans le Pas-de-Calais après ses aventures en Angleterre, à Coventry, Sochaux et Saint-Etienne : « J'avais 34 ans, je pensais revenir comme un joueur de vestiaire. Mais finalement, j'ai joué 35 matchs et on a failli être champion de nouveau... On perd le titre sur le dernier match à Lyon mais, pour nous, c'était déjà exceptionnel. Personne ne nous attendait là. » Et comme le Racing lui colle définitivement à la peau, l'ancien capitaine replonge, une fois de plus, en 2008. Pour s'asseoir sur le banc, cette fois.

    « Lors de ma dernière saison comme joueur, je pensais pouvoir intégrer le club, mais des gens ne l'entendaient pas ainsi, regrette-t-il. J'ai donc commencé mon aventure au poste d'entraîneur dans d'autres clubs moins huppés avant d'être appelé par Gervais. »

    A l'époque, le contexte est difficile. Lens est descendu et l'attente autour du club est immense. « J'arrive après Guy Roux et JPP. Gervais me fait signer deux ans mais me dit que j'ai un an pour remonter. Le déficit était important, mais on avait cette obligation de retrouver la Ligue 1 tout de suite. A chacun de nos déplacements, les stades étaient à guichets fermés, on était l'équipe à battre. Et on a réussi. »

    L'aventure s'arrête le 2 janvier 2011. Wallemme revoit défiler les images, sans parvenir à faire le tri. « Tant de souvenirs... Je suis très heureux d'avoir lancé dans le grand bain des joueurs comme Raphaël Varane, Geoffrey Kondogbia et Serge Aurier. Quand on voit ce qu'ils sont devenus... » souffle-t-il.

    Cette fois, Lens, c'est vraiment fini ? Au bout du fil, il reprend : « Si on me rappelle, évidemment que j'étudierai avec une grande attention une proposition. C'est mon club de coeur. J'aspire toujours à retrouver un challenge chez les jeunes. Mes enfants vivent là-bas, j'y ai encore quelques attaches. Je vais parfois à Bollaert et je suis de près l'actualité du club. » La remontée parmi l'élite dans quelques semaines n'est, à l'entendre, pas une chimère. « Il y a 4 ou 5 équipes encore en bonne position pour espérer accrocher le podium. Lens

    (NDLR : actuellement 4e, à un point de Metz, 3e)

    a fait une seconde partie de saison incroyable, dans le contexte économique connu de tous. J'espère les voir aller au bout. » Le coeur sang et or, toujours.

    Exposition : « RC Louvre, Mémoires Sang et Or », jusqu'au 7 novembre au Louvre-Lens (Pas-de-Calais). Gratuit. Tous les jours sauf mardi, 10 heures-18 heures. Rens. au 03.21.18.62.62 ou sur www.louvrelens.fr.