La grève est suspendue à L’Equipe, mais «la mobilisation continue»

Après 14 jours, la grève la plus longue de l’histoire récente du quotidien a été suspendue. Le quotidien a fait son retour en kiosque samedi.

 Au total, 47 postes de journalistes et huit administratifs doivent être supprimés par le quotidien sportif.
Au total, 47 postes de journalistes et huit administratifs doivent être supprimés par le quotidien sportif. Joël SAGET/AFP

    Les fans de sport auront au total été privés 14 jours de leur seul quotidien spécialisé dans l'Hexagone. L'intersyndicale SNJ - SNJ-CGT - UFICT-CGT - SGLCE-CGT a annoncé ce vendredi la suspension de la grève la plus longue de l'histoire récente de « L'Equipe ».

    Mais « le mouvement continue », préviennent les syndicats, opposés à la suppression d'une cinquantaine de postes : ils ont obtenu des avancées telle que « la garantie d'éviter tout départ contraint dans trois des catégories les plus exposées » (maquettistes, iconographes et photographes).

    Mais « si la direction met bien en oeuvre tout ce qu'elle peut pour proposer une solution dans le cas où le nombre de départs volontaires serait insuffisant à l'issue de la période de candidature […] », les représentants syndicaux « stopperont cette grève ». « Dans le cas contraire, l'intersyndicale la relancera afin que la direction respecte ses engagements », déclare cette dernière.

    « Pour l'instant il y a des avancés mais la proposition de la direction de zéro départs contraints ne couvre pas l'ensemble des postes supprimés » confie Francis Magois représentant du syndicat du SNJ contacté par Le Parisien. « On va être vigilants sur la suite, si la direction ne respecte pas ses engagements » ajoute le journaliste du groupe.

    « On a appuyé sur le bouton pause, car il faut que les salariés soufflent un peu » assure le syndicaliste. « Il y a un problème de confiance vis-à-vis de la direction, qui ne prend pas vraiment la mesure de ce qui se passe au niveau de l'entreprise. Quand on parle de risques psychosociaux, on nous répond résultats opérationnels, il y a un déphasage » s'alarme Francis Magois.

    « Ce n'est pas terminé. La grève est suspendue mais rien de la problématique de fond n'a vraiment été réglé » conclut le journaliste de France Football. L'objectif des salariés jusque-là grévistes est de trouver d'autres types de façon de manifester leur mécontentement pour éviter un effritement de la mobilisation.

    Mouvement de grève le plus long de l'histoire du journal

    À l'origine du mouvement de grève le plus long de l'histoire du journal : un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) prévoyant la suppression d'une cinquantaine de postes, dont 47 de journalistes, au sein de la SAS L'Equipe (le quotidien, le magazine, Vélo Magazine et l'hebdomadaire France football, en passe de devenir mensuel) qui emploie 350 personnes.

    En parallèle, 12 créations de postes sont prévues pour renforcer l'offre Internet. Avec ce plan, la direction table sur une économie de 5 millions d'euros et entend éviter 6 millions de pertes en 2021, dans un contexte de baisse des ventes papier aggravé par la crise sanitaire et l'arrêt des compétitions sportives au printemps.

    Mais côté syndicats et salariés, l'ampleur de ces réductions d'effectifs inquiète et préfigure, d'après eux, une moindre couverture de la Ligue 1, du rugby ou des disciplines olympiques. Des conditions de départ jugées insuffisantes pour favoriser les départs volontaires avaient également mis le feu aux poudres. La direction proposait encore en début de semaine le départ de 28 journalistes au lieu des 35 souhaités initialement.

    Sur ce point, l'intersyndicale indique avoir négocié de meilleures propositions avec la direction à savoir l'augmentation « de 0,5 à 0,9 mois de salaire par année d'ancienneté au-delà de 15 ans pour les journalistes », le « passage de 12 à 15 mois de salaire pour le plafond des départs à la retraite » ou encore l' « allongement du congé de reclassement pour certaines catégories ». Enfin, certaines catégories de salariés seront fusionnées « pour éviter des licenciements subis », ajoutent les syndicats qui espèrent ainsi éviter tout licenciement.