Natation : à Nice, les candidats aux JO ont replongé en douceur

Jusqu’à la rentrée de septembre, et sans objectif immédiat, les nageurs se reconstruisent. Les Jeux olympiques de Tokyo, reprogrammés à l’été 2021, sont encore loin.

 Charlotte Bonnet (au premier plan) et Aurélie Muller (à ses côtés) prennent le temps de reconstruire leur corps avant de se projeter vers les Jeux de Tokyo à l’été 2021.
Charlotte Bonnet (au premier plan) et Aurélie Muller (à ses côtés) prennent le temps de reconstruire leur corps avant de se projeter vers les Jeux de Tokyo à l’été 2021. LP/Eric Bruna

    Des cris, des vannes et de la musique s'échappent de la salle de musculation du bassin Camille-Muffat. Depuis qu'ils ont retrouvé leur piscine, il y a un mois, les nageurs de l'ON Nice passent un peu plus de temps… hors de l'eau.

    « On nage entre deux et trois fois moins qu'avant et on a doublé de deux à quatre séances de muscu par semaine, résume Charlotte Bonnet. Ce sera ça le temps de retrouver une nouvelle forme athlétique d'ici à la fin de l'été. »

    Hormis le coach Fabrice Pellerin, son assistant italien et le petit groupe de nageurs, les lieux sont déserts. Normal, l'établissement, réservé aux élites ou espoirs du club, n'accueille pas de public. De quoi faciliter le protocole sanitaire de reprise le mercredi 20 mai.

    Pellerin veille tout de même à rester à bonne distance de ses ouailles et préfère discourir à l'extérieur que confiné dans son bureau. « J'avais un peu peur parce que, deux mois d'arrêt, ce n'est pas comme des vacances post-JO, souffle la triple championne d'Europe. Le corps n'était pas prêt à la coupure. La semaine qui a suivi le report des Jeux, j'étais vidée comme rarement après une compétition. Au niveau des sensations, je m'attendais à pire même si j'ai l'impression de patauger dans la semoule. Après, au niveau cardio, c'est différent et on a pris un peu de gras… »

    « L'impression de commencer une deuxième partie de carrière »

    Pendant le confinement, Bonnet s'est beaucoup entraînée avec… Cyril Lignac, fidèle au rendez-vous quotidien de « Tous en Cuisine ». Aurélie Muller, elle, s'est perfectionnée en puzzle. « On reprend très progressivement, sans chercher à rattraper les heures perdues, explique Pellerin. Ce serait une erreur. »

    Même s'il faut désormais pointer à 7h30 après deux mois à se coucher à 3 heures, les athlètes peuvent profiter d'une vie presque normale.

    Cet été, les Niçois n'auront que deux semaines de vacances début août. Avant le long tunnel qui doit les conduire au Japon. Malgré la présence photographique des glorieux aînés des JO de 2012 (Muffat, Agnel, Lefert… et Bonnet) dans le hall d'entrée, la pression n'est pas encore au rendez-vous. En cette fin d'après-midi de juin, on aligne les longueurs en douceur et dans la bonne humeur pendant une grosse heure.

    « Après, c'est septembre, l'hiver sans lumière et si on a déjà passé six mois à presser le citron, ça peut être dur, lâche Pellerin. Là, je veux qu'ils aient l'impression de commencer une deuxième partie de carrière. »

    « J'ai pu me soigner, me ressourcer »

    Dans la vie personnelle ou sportive, la parenthèse aura aussi eu des bons côtés. Perturbée par une blessure à l'épaule, Bonnet avait lancé un contre-la-montre pour être prête à l'été 2020. Muller, elle, tentait le pari d'une qualification olympique sur 1500 m après avoir échoué en eau libre.

    « On peut dire que c'est arrivé au bon moment, glisse Bonnet. J'ai pu me soigner, me ressourcer. J'avais perdu presque deux mois et je commençais à gamberger. Là, c'est vachement agréable… »