Comment Beauvais a optimisé l’utilisation de son stade

Fief historique du club de football de la ville, Pierre-Brisson a également accueilli ces dernières années l’équipe de rugby, les footballeurs du Red Star et de Chambly, ainsi que diverses rencontres de haut niveau.

 Stade Pierre-Brisson, à Beauvais, le 6 mars 2020. Le stade Pierre-Brisson a accueilli la majeure partie des rencontres de Chambly cette saison, comme ici face au Mans à huis clos.
Stade Pierre-Brisson, à Beauvais, le 6 mars 2020. Le stade Pierre-Brisson a accueilli la majeure partie des rencontres de Chambly cette saison, comme ici face au Mans à huis clos. Aude Alcover/LP/Icon Sport

    Il paraît loin le temps où l'AS Beauvais, le club de football de la ville, était l'unique résident du stade Pierre-Brisson. C'était encore le cas en 2014. Mais depuis, les spectateurs ont vu défiler les équipes au sein de l'enceinte beauvaisienne. Ce sont d'abord les Franciliens du Red Star, dans l'impossibilité d'organiser des rencontres de Ligue 2 dans leur stade Bauer de Saint-Ouen, qui y ont élu domicile en 2015 pour un an avant d'y revenir en 2018.

    La saison dernière, le FC Chambly, confronté au même problème avec son stade des Marais, a disputé la majorité de ses matchs dans la ville-préfecture avant l'arrêt du championnat lié à la pandémie de Covid-19. Ce sera encore le cas lors du prochain exercice, au moins jusqu'en décembre. Et entre-temps, les rugbymen de Beauvais s'y sont également installés, en 2018.

    « On sait qu'il y a un impact économique lié à la tenue de matchs de haut niveau, indique Benjamin Thockler, le directeur des sports de la Ville. Dès lors qu'on a été sollicités pour accueillir des matchs de Ligue 2, ces données économiques ont compté dans la décision des élus, tout comme les impacts médiatiques. Il est intéressant que le territoire puisse faire parler de lui. »

    Le stade Pierre-Brisson, le seul aux normes de la L2 dans le département, a en plus été le théâtre de plusieurs rencontres de Coupe de France impliquant des clubs voisins, ceux de Chambly notamment (Lyon, Monaco, Granville, Strasbourg) mais aussi Senlis - Nantes en janvier 2018 et Nogent - Lens en novembre de la même année. Depuis cinq ans, les Beauvaisiens ont également vu passer l'équipe de France Espoirs à deux reprises, ainsi que la Côte d'Ivoire, le Togo, le Mali ou la Moldavie. Autant dire que l'utilisation du stade, limitée à 40 rencontres par saison par la Ville, est pleinement exploitée.

    Des retombées sur les commerces environnants

    « La pelouse hybride a été implantée (NDLR : en 2016) pour pouvoir accueillir deux clubs à Brisson, afin d'occuper plus fortement le stade, confie-t-on dans l'entourage de la maire, Caroline Cayeux. La venue du Red Star et de Chambly a aussi été faite en ce sens. L'important, c'est surtout ce que ça dégage de manière induite, c'est une vraie valorisation pour l'économie locale. Les équipes qui viennent prennent des nuits d'hôtels, on leur demande de travailler avec des traiteurs et des fournisseurs locaux, et il y a évidemment la consommation du public dans et autour du stade. Cela crée tout un écosystème, qui se chiffre en centaines de milliers d'euros. »

    En revanche, la mairie assure qu'elle n'en tire pas de bénéfices malgré le coût de la location (20 000 € pour Chambly la saison prochaine, dont 15 000 pour la Ville). « On veut surtout que ça profite à tout le monde, affirme la même source. On espère un jour que cette dynamisation se fera avec nos deux équipes beauvaisiennes, comme c'est le cas à Bourg-en-Bresse. » Certains commerces en ont clairement ressenti les effets, notamment lors des matchs de Chambly le vendredi soir.

    « On a une première vague à 19 heures, avec des supporteurs qui viennent boire une bière ou manger une pizza avant le match, mais ils partent vite, souffle Leia, responsable au Comptoir italien, un restaurant qui borde le stade. Et à 22 heures, on prend un gros rush et on ne finit pas avant une heure du matin. On réaménage la salle, car ils viennent par groupes de 6, 10 ou 15. Et quand ils gagnent, ça s'entend ! Pour nous, c'est une belle clientèle… »

    Le discours n'est pas très différent à l'Hostellerie Saint-Vincent, une centaine de mètres plus loin. « Lens est venu plusieurs fois, et cette saison, on a aussi reçu Ajaccio et Guingamp, croit se souvenir Isabelle, qui y est employé. C'est dommage, cette année, on n'a pas eu les phases finales de rugby. Et à l'époque, le Red Star nous avait fait une bonne pub. Forcément, pour nous, c'est important qu'il y ait des équipes de bon niveau qui jouent ici, car elles se déplacent davantage dans les hôtels. Plus le stade est utilisé, mieux c'est… »