Football : Chambly se mobilise pour garder Bruno Luzi

Au lendemain de l’annonce du départ de l’entraîneur, également frère du président, de son son club de toujours, certains ne cachent pas leur désir de le faire revenir sur sa décision.

 Bruno Luzi, ici au centre, a annoncé qu’il quittait le FC Chambly, le club qu’il a créé en 1989 avec son frère Fulvio (à g.) et leur père Walter.
Bruno Luzi, ici au centre, a annoncé qu’il quittait le FC Chambly, le club qu’il a créé en 1989 avec son frère Fulvio (à g.) et leur père Walter. LP/Florent Pervillé

    La nouvelle a eu l'effet d'une bombe. Ce vendredi, Bruno Luzi annonçait en effet sa décision de quitter le FC Chambly à l'issue d'une première saison historique en Ligue 2, stoppée prématurément en raison de l'épidémie de coronavirus et marquée par un maintien probant (10e avec 35 points après 28 des 38 matchs initialement prévus). Entraîneur de l'équipe fanion depuis 2001, il coupait ainsi le cordon ombilical avec le club qu'il a créé en 1989 avec son frère Fulvio et leur père Walter, club auquel il a offert 7 montées (sur un total de 12) pour le conduire jusqu'en Ligue 2. « Tout le monde a pris un coup de massue, personne n'a vu le coup venir », assure Thibault Jaques, le défenseur central et capitaine.

    Un différend financier ?

    Au lendemain de cette véritable déflagration, il reste des interrogations sur les motivations profondes de Bruno Luzi, ce dernier -injoignable aujourd'hui- s'étant borné vendredi à dire qu'il n'est « plus sur la même longueur d'onde que les dirigeants ». Des dirigeants dont le leadership est assuré par son frère Fulvio, président du club depuis 2001. Si des sources ont évoqué, entre autres, un « différend financier », l'idée a été fermement démentie par le club. L'éventualité d'un ras-le-bol est également avancée.

    À l'image des contacts que des repreneurs potentiels du club de Vicenza (Série C italienne) avaient noués avec lui il y a tout juste deux ans, ce n'est pas la première fois que Bruno Luzi mène une réflexion personnelle sur son avenir. Par le passé il avait notamment proposé sa démission le 25 août 2017 à l'issue d'une défaite à domicile contre l'Entente Sannois-Saint-Gratien (0-1) en plein début de saison raté (1N, 3D).

    Il en a ras le bol

    « C'est une boule de feu qui vient d'exploser », commente Simon Pontdemé. Gardien de but de Chambly depuis cinq ans, il a eu Bruno Luzi « pendant 20-25 minutes » au téléphone vendredi soir. « Il était un peu ému mais était déterminé, indique Pontdemé sans entrer dans les détails. Il veut montrer qu'il en a ras le bol. Il a assumé. Il a envie de se faire entendre, je pense. »

    Thibault Jaques, qui avait donné son accord jeudi pour rempiler « deux ans dans un projet porté par Fulvio ET Bruno Luzi », a lui aussi eu l'entraîneur au téléphone après avoir appris la nouvelle vendredi. « Je pense qu'il a annoncé ça de cette manière pour éviter de changer d'avis, analyse le capitaine. S'il en avait parlé avant, on aurait essayé de trouver les mots pour qu'il continue. Maintenant [que c'est public], c'est compliqué de revenir sur ses paroles et de faire machine arrière, même si le président laisse la porte ouverte. Si c'est le cas, il faudra un changement dans leur relation. Ils ont deux personnalités différentes, chacun devra sans doute mettre de l'eau dans son vin. »

    Son frère : « la porte du FC Chambly n'est pas fermée »

    Joint ce samedi, Fulvio Luzi a réitéré l'appel du pied déjà fait la veille au soir en direction de son frère. « Il est possible que Bruno ait des propositions [d'autres clubs], et ce serait normal vu l'année qu'il vient de faire. Si son choix est de partir on le respectera, mais s'il veut rester ce sera avec grand plaisir. La porte du FC Chambly n'est pas fermée. »

    « Je ne réalise pas vraiment et je n'arrive pas à y croire vraiment, embraie Simon Pontdemé. C'est un club familial. Je ne vois pas le club avancer sans cette paire-là, je ne vois pas le FC Chambly sans Bruno Luzi à sa tête. Cette histoire-là n'est pas terminée, et elle ne peut pas se terminer comme ça. »

    Dans la stupéfaction générale, certains joueurs se mobilisent et ont pris contact avec lui ce samedi après-midi. « On est tous sous le choc, confie le latéral Anthony Soubervie. On n'est pas d'accord avec sa décision, on n'a pas envie qu'il parte, on prend les choses en main. Il y a des joueurs qui restent pour lui. On ne va pas le lâcher et on ne veut pas qu'il nous lâche. On va essayer de le faire revenir sur sa décision. C'est un affectif, donc si on lui dit qu'on a envie de travailler avec lui et pour l'instant personne d'autre… Ce qui me fait peur, c'est que ce soit une décision mûrement réfléchie. On va voir aussi avec le président. Il ne faut pas qu'au final, tout le monde s'en morde les doigts. »

    Six joueurs de Chambly en fin de contrat ne seront pas conservés par le club la saison prochaine : il s'agit de Romain Padovani, Judicaël Crillon, Diaranke Fofana, Florian Pinteaux, Laurent Héloïse et Romain Fleurier.