Rudy Gobert : dans l'intimité d'un géant de la NBA

Le pivot de 2,16m des Utah Jazz, favori pour le titre de défenseur de l'année en NBA, nous a reçus chez lui. Bienvenue à Salt Lake City, chez l'un des Français les mieux payés de la planète.

    Capitale mondiale de la religion mormone dont le gigantesque temple domine la ville, Salt Lake City — 190 000 habitants, 1,5 million avec l'agglomération — s'étend mollement dans les vastes étendues de l'Utah coincées entre les montagnes enneigées et le célèbre Grand Lac Salé.

    C'est ici, sous un chaud soleil de printemps, dans une cité qui a accueilli les Jeux olympiques d'hiver en 2002, que nous avons retrouvé Rudy Gobert. L'immense pivot des Utah Jazz (2,16 m) et de l'équipe de France nous a ouvert les portes de sa vie de star NBA. Le joueur, qui a signé à l'automne un contrat de 102 M$ (93 M€) sur quatre ans, sera la saison prochaine le salarié français le mieux payé... de la planète.

    Rudy Gobert nous donne rendez-vous dans un restaurant du centre-ville, le Current Fish and Oyster pour un brunch. Difficile d'imaginer que le Bon Gros Géant avec qui l'on partage jus d'orange, carpaccio de fruits de mer et pain perdu aux fruits rouges est le roi de la ville.

    Le natif de Saint-Quentin, 24 ans, est celui autour duquel se construisent les Utah Jazz. Il est une vraie star de la NBA, pressenti pour être élu défenseur de l'année, comme Joakim Noah en 2014. «Les trophées individuels, c'est bien et tant mieux si j'en gagne. Ça prouve la reconnaissance de la NBA envers moi. Toutefois, gagner des titres collectifs est plus important. Depuis que je suis à Utah, je n'ai jamais joué les playoffs (Le tableau final du championnat, qui réunit les huit meilleures équipes de chaque conférence Est et Ouest, ndlr). On va les faire et je suis impatient. Mon but est de gagner un jour le titre NBA.»

    «Une rue Rudy Gobert, ce serait cool»

    En admirant la salle des Jazz, sous le regard d'un gigantesque portrait de lui, une autre chose trotte dans la tête de l'ancien Choletais. «Regarde là, il y a deux rues : la John-Stockton Drive et la Karl-Malone Drive, aux noms des deux glorieux anciens des Jazz. Ce serait cool si un jour on baptisait une Rudy-Gobert Drive ou plutôt une rue Rudy-Gobert car les fans savent que je suis français et ils trouvent ça exotique.»

    Cette rue n'existe pas encore... Cela n'empêche par le Français aux allures de goéland en plein vol (2,36 m d'envergure quand il étend ses bras, 2,92 m lorsqu'il les lève au ciel) de se promener tranquillement en ville, guère importuné par des fans qui reconnaissent son impressionnante carcasse. Ils lui sourient. Le soir durant le match, les mêmes hurleront des «Rudy, Rudy, Rudy !» à en perdre la voix.

    63 000€ de salaire... par jour

    «J'aime bien Salt Lake City, dit Gobert. C'est une ville propre où l'on se sent en sécurité. J'aime être tranquille et j'évite les endroits où il y a trop de monde. Mais je peux faire ce que je veux.» La présence mormone n'y change rien. «On m'a prévenu en arrivant que si je n'avais pas cinq femmes, je ne serais pas accepté ! rigole le Français. Plus sérieusement, 50 % de la population n'est pas mormone. J'ai des amis mormons : ça ne se voit pas sur eux, sauf quand ils mettent le beau costume pour aller à l'office. Par rapport aux autres villes, Salt Lake a une législation plus dure par rapport à l'alcool et les fermetures de boîtes de nuit, mais c'est la seule restriction.»

    Avec son nouveau contrat, il touchera plus de 63 000 € de salaire... par jour pendant quatre ans. Pour l'instant, il s'est fait un seul vrai plaisir : l'achat d'une maison gigantesque avec neuf chambres aussi vastes que votre studio sur les hauteurs de Salt Lake, au pied de la montagne et à vingt minutes seulement du centre.

    Un home sweet home dans lequel il s'est installé soixante-douze heures avant notre arrivée : «Je suis encore dans les cartons. C'est la première fois, pour la photo, que j'utilise mon terrain personnel. Celui de tennis, je vais le casser et en faire une piscine. C'est bien ici, c'est calme. Mardi soir, il y avait un troupeau de daims dans le jardin.»

    «L'argent ne m'a pas changé»

    Dans les garages, il n'a qu'une seule voiture, un 4x4 Land Rover immatriculé Gzilla, en référence à son surnom : Gobzilla. «Ainsi, les gens savent qu'ils me suivent...» plaisante le pivot, qui ne montre aucun signe ostentatoire de richesse. «L'argent ne m'a pas changé. J'ai été éduqué comme ça. Je ne ressens pas le besoin d'être bling-bling. L'important est d'être heureux dans la vie, de rendre mes proches heureux aussi. Les voitures de luxe, c'est marrant, mais je ne veux montrer à personne que je gagne plus que lui. Je mets des choses en place. J'ai mon camp de basket à Saint-Quentin. Je fais des choses avec des oeuvres de charité, notamment le Secours populaire. A Noël, j'ai donné quelques milliers d'euros de ma poche sans le dire à personne. Je sais d'où je viens et comment j'ai grandi. On ne m'a rien donné, même si je sais qu'en France, quand tu gagnes de l'argent, tu es mal vu. J'aimerais pourtant qu'on reconnaisse aussi les sacrifices fournis pour en arriver là.»

    Il y a quatre ans à Cholet, il touchait encore 2 000 € par mois. «Quand j'étais petit à Saint-Quentin, je n'aurais pas pu imaginer une vie pareille mais j'ai toujours aimé rêver. Pourtant, je ne me dis jamais que j'y suis arrivé et que j'ai la vie que j'ai toujours voulue. Je continue de rêver plus grand avec des objectifs de plus en plus hauts.»

    «Je n'aime pas les filles trop entreprenantes»

    Dans une vie vouée au basket, Gobert n'est jamais seul. Il emploie une cuisinière et un assistant personnel, Paul Mondino, qui va s'installer chez lui pour gérer sa paperasse et ses rendez-vous.

    En dehors du terrain, le Frenchie a une vie comme tous les jeunes gens de son âge : «J'ai toujours été un fan de jeux vidéo. Je vais essayer la nouvelle Nintendo, la Switch. J'aime jouer en réseau avec mes potes. La lecture, c'est moins ça. Le théâtre pareil, mais je vais au ciné. J'ai du mal à passer inaperçu, mais bon...» Il est aussi un célibataire qui ne laisse pas indifférente la gent féminine. «Avant les réseaux sociaux, les filles venaient à l'hôtel et les joueurs choisissaient : Toi, toi, toi, tu montes, pas toi ! C'est pas une légende, mais c'est fini. Je n'aime pas les filles trop entreprenantes. Je fais attention quand c'est un peu chelou ("louche" en verlan, ndlr). Je préfère les vraies rencontres.»

    BIO EXPRESS

    VIDEO. Dans l'intimité de Rudy Gobert, la nouvelle star française de la NBA