A Sannois, sale temps pour les musées

La ville, qui a déjà fermé son établissement dédié à la boxe, vient d’entériner le déclassement de certaines œuvres qui y étaient exposées. Et elle va aussi lancer des travaux de consolidation du musée Utrillo, en mauvais état.

 Sannois. Le musée de la Boxe avait une maigre fréquentation de 17 visiteurs en 2017.
Sannois. Le musée de la Boxe avait une maigre fréquentation de 17 visiteurs en 2017. LP

    Les temps sont durs pour les établissements culturels de Sannois. Après la baisse de la subvention de la ville pour l'Espace Michel-Berger (EMB), la dernière séance du conseil municipal, une nouvelle fois marquée par des règlements de comptes personnels, a validé la fermeture du musée Utrillo. Mais aussi le déclassement de certaines œuvres exposées au musée de la boxe.

    Officiellement fermé pour inventaire depuis plusieurs semaines, ce musée de la Boxe, inauguré en 2005 au palais des sports Jean-Claude-Bouttier, ne rouvrira pas. « C'était un musée d'opportunité, une hérésie, assène Bernard Jamet, qui justifie cette décision par les 17 visiteurs seulement en 2017. Un expert a confirmé que la valeur de la collection ne dépassait pas les 150 000 €, loin des 550 000 € qu'elle a coûté. »

    La majorité a entériné le déclassement de 300 des 9 000 pièces du musée. Toutes ont été confiées au commissaire-priseur Coutau-Bégarie, en vue d'un inventaire complet. « Ça n'a jamais été fait », argue le premier magistrat.

    « On a de sérieuses craintes que des dégradations et des fautes soient commises », avertit Cécile Udovc, du groupe d'opposition Démocratie citoyenne pour Sannois. « Tout est déjà orchestré. Vous avez volontairement fait dépérir ce formidable outil de culture et de rayonnement », tacle à son tour son collègue Nicolas Ponchel. « Il y a beaucoup de dons et de prêts dans la collection », avertit Véronique Beltran-Prats, ex-adjointe à la culture de la majorité, qui vient de fonder son groupe d'opposition Expression libre pour Sannois. Celle-ci craint « une vente par lots » pour les objets sans valeur.

    Des travaux au musée Utrillo-Valadon

    La villa Rozée, qui a fait office de mairie de 1884 à 1992 et qui abritait le musée Utrillo-Valadon depuis 1995, est fermée. Construit au XVIII e siècle, le bâtiment, sous surveillance depuis 2014, donne des signes de faiblesse (plancher, fissures sur la façade…). Son clocheton présente notamment « une forte menace d'effondrement ». Un périmètre de sécurité et un échafaudage ont donc été mis en place pour des travaux.

    Dès 1994, un rapport de la direction des services techniques alertait sur les dégradations constatées sur l'édifice, a révélé Claude Williot, adjoint chargé des travaux. « Il y avait un danger imminent pour le public, les agents et les œuvres, explique le maire (LR), Bernard Jamet. Ces dernières ont été stockées dans un endroit sûr et adapté. » Si les conseillers municipaux ont voté en urgence une enveloppe de 150 000 € pour les travaux de consolidation, le montant total de la réhabilitation n'a pas encore été évalué.

    LP/A.B.
    LP/A.B. LP

    « Je veux juste récupérer mes coupes »

    « Je n'aurai jamais pensé qu'on en arriverait là », répète inlassablement Francesco Saldanha. Voilà trois ans que cet habitant de Sannois essaie en vain de récupérer ses coupes, médailles, affiches, licences, livres, magazines, qu'il a prêté à la ville. « J'avais rencontré l'ancien maire Yanick Paternotte, raconte l'ex-boxeur professionnel de 51 ans, qu'un accident de travail a laissé paraplégique à 32 ans. Il aimait beaucoup la boxe. Je lui ai proposé de prêter quelques objets pour le musée. Ça s'est passé à l'amiable, sans convention de prêt. Ça me faisait plaisir et c'était valorisant. J'ai visité trois fois le musée mais je ne les ai jamais vus exposés. J'ai demandé plusieurs fois à la mairie de me les restituer par courrier ou en me déplaçant. Je n'ai jamais eu de réponse. »

    L'annonce de la fermeture du musée et du transfert des œuvres chez un commissaire-priseur lui fait craindre de perdre sa collection. Une issue que le maire (LR), Bernard Jamet exclut totalement. « Je sais qu'il est honnête, mais juridiquement parlant, j'ai besoin qu'il m'apporte la preuve. Les choses se feront tranquillement et c'est évident qu'on va lui rendre. On ne vendra pas ce qui ne nous appartient pas. » « Ces objets n'ont aucune valeur, si ce n'est sentimentale, répond l'ancien boxeur léger (- de 60 kg). Je veux juste récupérer mes coupes. »