Villeron : le maire entame un bras de fer avec l’Insee

Pour Dominique Kudla, les chiffres de la population légale ne correspondent pas du tout à la réalité de sa commune en pleine expansion. Pour le village, dont le nombre d’habitants a doublé en trois ans, le décalage a des conséquences importantes.

 Villeron. Dominique Kudla (à g.), ici avec son conseiller délégué Benoît Bazier dans le nouveau réfectoire de l’école agrandie, a tiré la sonnette d’alarme en écrivant à l’Insee.
Villeron. Dominique Kudla (à g.), ici avec son conseiller délégué Benoît Bazier dans le nouveau réfectoire de l’école agrandie, a tiré la sonnette d’alarme en écrivant à l’Insee. LP/A.C

    « On y perd dans tous les sens! » Dominique Kudla, le maire (SE) de Villeron, ne décolère pas. En décembre, il s'est vu notifié, comme toutes les communes de France, la nouvelle « population légale » de sa commune par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). A son grand désarroi, celle-ci fait état de 763 habitants, quand l'édile en dénombre 1 500. Pourquoi? Les chiffres de l'Insee ont toujours un décalage de trois ans et correspondent donc à 2015. Un débat récurrent. Orce décalage a des conséquences pour la commune, particulièrement sur les dotations versées par l'Etat. La population est notamment prise en compte pour le calcul de la dotation globale de fonctionnement (DGF). « Aujourd'hui, on ne touche rien », constate le maire.

    Une lettre envoyée à l'Insee

    Face à ce décalage, le maire a tiré la sonnette d'alarme en écrivant à l'Insee. Sans succès pour l'instant bien que des agents se soient déplacés. « On demande une dérogation mais l'Insee nous répond qu'il doit appliquer les textes qui ne prévoient pas ça. Ils sont complètement déconnectés de la réalité », tempête-il.

    Il faut dire que ces dernières années, petit village est devenu grand. D'importants programmes immobiliers privés, soutenus par la mairie, ont fleuri. « Au jour d'aujourd'hui, 318 logements sont achevés et plus de 260 ont déjà été livrés et sont occupés dont 127 logements sociaux », se réjouit Dominique Kudla. Et d'autres sont à venir. A l'horizon 2020, le total devrait atteindre 464. « Soit 1,4 fois la capacité du village au 31 mars 2017. Nous sommes sans doute les seuls en France », souligne l'édile.

    Des obstacles passés « sur le fil du rasoir »

    Parmi les répercussions du calcul de l'Insee, les dépenses engendrées pour adapter les structures publiques à la hausse de population et que, selon le maire, la commune assume seule ou presque. L'école, notamment, a dû pousser les murs. De 77 élèves scolarisés en mars 2017, la commune est passée à 176 en janvier et près de 200 dès juin. « On a créé un restaurant scolaire. L'ancien réfectoire a été transformé en salle de classe. En plus, on a dû louer en urgence des salles amovibles », rappelle le maire. « Sans aide de personne, on a quand même réussi jusqu'ici à passer tous les obstacles, sur le fil du rasoir, mais on ne remercie pas la préfecture », tacle-t-il en référence aux courriers restés sans réponse et à la suppression du dispositif d'aides aux « maires bâtisseurs ».

    Et Dominique Kudla pense déjà au prochain challenge : la construction d'une nouvelle école, qui doit ouvrir en septembre 2019. Le terrain a été trouvé et le budget établi : 1,9 M€. « Les subventions ? 337 000 € du département, 140 000 € de l'Etat et rien de la région. Tout le reste, c'est la commune, assure Dominique Kudla. On nous pousse à construire mais après, on ne nous aide pas. »

    « C’est un sujet auquel nous sommes en train de réfléchir », assure l’Insee