Invasions de chenilles processionnaires : « On ne lutte pas pour réduire l’espèce mais pour nous protéger »
Jérémy Thomas, gérant d’une entreprise de régulation des chenilles urticantes dans les Yvelines, observe une hausse du taux d’infestation depuis 2020. Il alerte sur les risques engendrés par ces insectes nuisibles, aussi bien pour l’homme que les animaux domestiques.
De plus en plus précoces mais toujours aussi dangereuses. Alors que les chenilles processionnaires se montrent exceptionnellement tôt cette saison en région parisienne, Jérémy Thomas, professionnel installé à Jouars-Pontchartrain (Yvelines) et gérant de la société DGF 78, rappelle les risques pour notre santé et, surtout, celle de nos animaux. Il constate une hausse de son activité depuis 2020.
Quel impact constatez-vous sur votre activité ces dernières années ?
JÉRÉMY THOMAS. J’enregistre pour ma part 20 % de nouveaux clients chaque année depuis 2021. Pour environ 200 interventions par an, rien que pour les chenilles processionnaires et seulement dans les Yvelines. On observe une multiplication du nombre de cocons sur les arbres. On essaie de faire comprendre aux gens qu’il faut réaliser le traitement avant même l’apparition de ces cocons sur les chênes et les pins. Un seul cocon contient une centaine de chenilles ! Le réchauffement climatique accentue le problème. Car il y a deux conditions pour les processions. Tout d’abord, il faut que la chenille soit adulte. Ensuite, il faut que les conditions météorologiques soient favorables, autour de 15 °C. On n’en est pas loin en ce moment.
Comment lutter efficacement contre la prolifération de ces chenilles ?
La chenille est la partie nuisible, le papillon la partie reproductrice. En tant que professionnels, nous proposons deux traitements. Le premier est phytosanitaire (BTK). On l’applique à la sortie de l’été, juste après la ponte dans les arbres. C’est un mélange de bactérie et d’eau, qui permet de détruire le système digestif des chenilles. On réduit ainsi de 85 % le nombre de chenilles. On ne lutte pas pour réduire l’espèce, mais pour protéger les personnes et les animaux, car c’est mortel pour les chats et les chiens. Le second traitement consiste à poser un collier piège, un cerclage autour du tronc, vers la mi-novembre et ce jusqu’en avril, lors des processions.
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Quelles sont les précautions à prendre si on en découvre dans son jardin ?
Le mieux est de posséder un piège, et se tenir éloigné si on en trouve… et faire attention au vent. Ce sont des chenilles très urticantes au stade adulte. Donc en procession, quand elles descendent à la queue leu leu du tronc pour s’enterrer, elles peuvent atteindre la pelouse et être au contact d’enfants. En cas de vent un jour de procession, les poils se détachent des chenilles et peuvent nous piquer. Ce qui peut entraîner des complications, des allergies… Les animaux, eux, peuvent en mourir si les parties respiratoires et buccales sont touchées. La langue gonfle et l’œdème peut créer un étouffement. Les propriétaires d’animaux y sont très sensibilisés.
