Yvelines : les lettres accusatrices de la paysagiste qui s’est suicidée

Dans des courriers retrouvés dans le pavillon de Gargenville, Stéphanie dénonce le harcèlement qu’elle aurait subi de la part de son employeur. Ses proches ont déposé plainte.

 Gargenville, mercredi. Pour son frère et sa sœur, cela ne fait aucun doute : Stéphanie était harcelée au travail par son patron et c’est cela qui l’a conduit au suicide.
Gargenville, mercredi. Pour son frère et sa sœur, cela ne fait aucun doute : Stéphanie était harcelée au travail par son patron et c’est cela qui l’a conduit au suicide. LP/MEHDI GHERDANE.

    Stéphanie Roger a été enterrée mardi dernier, au cimetière de Gargenville, à peine une semaine après avoir été retrouvée pendue dans le sous-sol de son pavillon.

    Mais pour ses proches, l'affaire ne s'arrête pas là. Après avoir mis en cause le gérant de l'entreprise d'aide à la personne dans laquelle elle travaillait, ils ont porté plainte pour « harcèlement moral » au commissariat de Mantes-la-Jolie.

    Sa sœur Sylvie a remis aux enquêteurs une série de lettres, cachées dans une armoire du pavillon de Gargenville, dans lesquelles la paysagiste de 44 ans dénonce les agissements de son patron et le harcèlement qu'elle aurait subi de sa part. « Ses ennuis ont commencé en 2017, lorsqu'elle a demandé à ne plus travailler tous les samedis, explique Sylvie. Elle commençait à souffrir physiquement de ses conditions de travail. Puis psychologiquement. Cela n'a fait qu'empirer… »

    Des propos confirmés par son frère Jean-Pierre avec qui Stéphanie vivait, par ses voisins devenus des amis et même des clients de la paysagiste. Dans une lettre d'hommage à Stéphanie, certains d'entre eux évoquent d'ailleurs sa situation. « Tu étais gentille… Mais tu perdais espoir de pouvoir continuer ton travail devenu trop difficile », peut-on ainsi lire.

    Dans ses lettres, au style parfois décousu, elle a couché pêle-mêle ses angoisses et les petites humiliations qu'elle aurait accumulées au fil des mois. « Elle travaillait seule sur certains chantiers, elle a été traitée de cafard, dénonce Sylvie. Lors de ses obsèques, plusieurs de ses clients nous ont parlé de son mal-être, de sa souffrance. »

    L'enquête s'annonce difficile

    En dépit de ces témoignages, les investigations s'annoncent longues et délicates. Le décès de la victime de ce harcèlement présumé empêche tout témoignage direct. L'enquête repose donc sur ces manuscrits. « Des personnes vont être entendues mais il n'est pas toujours aisé de prouver le harcèlement », confie une source proche du dossier.

    Au lendemain du drame, le gérant de la société mise en cause avait rejeté les accusations des proches de Stéphanie, évoquant « un chagrin d'amour qui a mal tourné » pour expliquer son geste fatal. « Elle se confiait à moi et me parlait tout le temps de son amoureux. Est-ce qu'elle le ferait si je la harcelais ? Elle a appris, en début d'année, qu'il était décédé et à partir de là, elle n'a plus été la même », insistait-il.

    Mardi, il était absent des obsèques de son employée.