Réponse d’expert

Détection et traitement du cancer de la prostate : nos conseils

14 septembre 2023
Détecter le cancer de la prostate

Le cancer de la prostate est très fréquent chez les hommes âgés. En général, il reste bénin et passe inaperçu, mais dans certains cas, il peut être agressif et nécessiter une intervention rapide. Faut-il se faire dépister ? Et si vous êtes diagnostiqué, faut-il un traitement immédiat ? La réponse à ces questions n'est pas simple, comme l'explique notre expert.
Glass.Mapper.Sc.Fields.Image
Jeroen Plessers
Expert santé
Actuellement, le dépistage systématique du cancer de la prostate n'est pas recommandé chez les hommes d'âge moyen ne présentant pas de symptômes. Vous pensez quand même faire ce dépistage ? Ce cancer vous a été diagnostiqué et vous envisagez un traitement ? Informez-vous bien sur les avantages et les inconvénients possibles avant de passer à l’action.

Qu'est-ce que le cancer de la prostate ?

Il s'agit du cancer le plus fréquent chez l'homme. Cependant, le cancer de la prostate se développe généralement (très) lentement et la plupart de ceux qui en sont atteints n'en souffriront pas. En majorité, ils ne seront même jamais conscients qu’ils ont un cancer de la prostate.

En outre, les taux de survie cinq ans après le diagnostic sont très élevés (98 %). Dans quelques cas seulement les tumeurs se développent de manière agressive en dehors de la prostate ou se propagent et nécessitent un traitement immédiat.

Symptômes du cancer de la prostate

Il n'y a pas de symptômes spécifiques auxquels il faut être particulièrement attentif. Chez de très nombreux hommes, le cancer de la prostate ne se manifeste jamais et ne provoque aucune gêne. Ce n'est qu'en cas de cancer de la prostate métastatique (et lorsque les chances de guérison sont minimes) que des symptômes tels que des douleurs osseuses apparaissent.

Quant aux problèmes urinaires, ils ne constituent pas un symptôme spécifique du cancer de la prostate, mais comme de nombreux médecins et patients les considèrent encore comme une indication, ils déclenchent souvent des investigations. La recherche montre cependant que les hommes souffrant de problèmes urinaires n'ont pas un risque accru de cancer de la prostate.

Le test PSA, l’examen pour détecter le cancer de la prostate

Lorsqu’un médecin recherche un éventuel cancer de la prostate, il commence souvent par effectuer un toucher rectal. Il palpe la prostate par le rectum pour en évaluer la taille et rechercher des zones dures ou irrégulières sur la paroi de la prostate : cela peut indiquer la présence d'un cancer.

Le médecin procède ensuite à un test PSA (pour « Prostate Specific Antigen »), qui est considéré comme l'outil de dépistage le plus important. Cependant, bien que ses résultats aient un impact important sur les investigations et les traitements ultérieurs, ce test est loin d'être infaillible

Pour le réaliser, un échantillon de sang est utilisé afin de déterminer le taux de PSA, ou d’antigène spécifique de la prostate. Le PSA est une substance produite par la prostate pour liquéfier les spermatozoïdes, qui est détectable en petites quantités dans le sang. Un taux anormalement élevé peut indiquer un cancer de la prostate. 

Toutefois, un taux élevé de PSA peut également avoir des causes relativement inoffensives telles qu'une prostatite ou une hypertrophie bénigne de la prostate. Des examens complémentaires sont toujours nécessaires pour confirmer le diagnostic.

Inconvénients du test PSA en tant qu'outil de dépistage

Le test PSA ne peut pas dépister un cancer de la prostate avec certitude car les résultats qui en ressortent peuvent également être influencés par d'autres causes sans gravité. En effet, les taux du PSA sont très variables, augmentent avec l'âge et peuvent même être élevés après une éjaculation récente ou un long trajet à vélo, par exemple. 

Un dépistage du PSA peut donc produire de nombreux résultats faussement positifs (c’est-à-dire qu’on diagnostique un cancer alors qu’il n’y en a pas). Ces fausses alertes sont source de stress, et d'anxiété et entrainent des tests de suivi inutiles, tels que des biopsies invasives. D'un autre côté, il peut aussi y avoir des résultats faussement négatifs : il est en effet possible d'avoir un cancer de la prostate tout en ayant un taux de PSA normal. 

Le test PSA ne permet pas non plus de déterminer s'il s'agit d'un cancer à faible risque ou à risque élevé. Ainsi, de nombreux cancers latents seront détectés (surdiagnostic) et trop de traitements agressifs inutiles seront entrepris (surtraitement) avec des effets secondaires tels que l'incontinence et la dysfonction érectile, sans réduction significative du nombre de décès dus au cancer de la prostate. 

Les avantages ne l'emportant pas sur ces inconvénients, le dépistage systématique par le PSA n'est pas recommandé.

Que se passe-t-il si une biopsie est nécessaire ?

Quand les examens initiaux indiquent un cancer de la prostate, une biopsie est normalement effectuée lors d'un examen ultérieur. Lors d'une échographie, une aiguille est alors introduite par le rectum et prélève des morceaux de tissu de la prostate pour les examiner en laboratoire. 

Si le cancer de la prostate est effectivement présent, ils peuvent immédiatement examiner son degré d'agressivité et la probabilité que le cancer se propage en dehors de la prostate. Mais cette technique n'est pas totalement infaillible et n'est pas non plus sans risque. Elle peut entraîner des mictions douloureuses, la présence de sang dans les urines, une rétention urinaire ou une inflammation de la prostate.

Lorsqu'un cancer de la prostate est diagnostiqué, on cherche souvent à savoir s'il existe déjà des métastases. Cela nécessite des examens complémentaires tels qu'un scanner ou une IRM.

Les avantages et les inconvénients du traitement

Cancer localisé de la prostate 

En général, un test de dépistage permet de diagnostiquer un cancer précoce ou localisé. Dans le cas d'un cancer localisé à l'intérieur de la prostate, comme il n’est pas du tout certain qu’il causera un jour des problèmes, il n'est souvent pas nécessaire de recourir à un traitement tels que la chirurgie ou la radiothérapie. 

Ceux-ci peuvent avoir de nombreux effets secondaires gênants, tels que l'incontinence urinaire et les troubles de l'érection. Il peut donc être plus utile de surveiller attentivement le cancer de la prostate plutôt que de le traiter immédiatement.

Cancer avancé de la prostate

En revanche, dans le cas d’un cancer de la prostate localement avancé, un traitement immédiat est recommandé. Dans le cas d'un cancer métastatique, la guérison est difficile, et on tente de ralentir sa croissance et de soulager les symptômes.

Choisir entre la chirurgie et la radiothérapie

Vous choisirez avec votre urologue le traitement qui vous convient le mieux, en fonction de votre âge, de votre état de santé général et du stade du cancer. Il existe deux façons de traiter la maladie de manière active :

  • La prostatectomie radicale, une opération qui consiste à retirer la totalité de la prostate.
  • La radiothérapie, dont l’objectif est de détruire les cellules cancéreuses par irradiation. 

La radiothérapie et la chirurgie donnent toutes deux de bons résultats dans le contrôle du cancer ; il n'y a pas de traitement qui soit clairement meilleur que l'autre et ils ont des effets secondaires communs, tels que la dysfonction érectile et l'incontinence urinaire.

Une surveillance active vaut parfois mieux qu'un traitement 

Lorsque le cancer est localisé et qu'il semble peu probable qu'il évolue, vous pouvez donc choisir de ne pas recevoir de traitement dans l'immédiat. Vous serez alors suivi de très près et régulièrement avec, par exemple, un toucher rectal, un test PSA et une biopsie ou une IRM. Ce n'est qu'en cas de signes de détérioration qu'un traitement sera mis en place. 

De cette manière, vous évitez les effets secondaires et les complications inutiles de la chirurgie ou de la radiothérapie, et les médecins peuvent généralement intervenir à temps si le cancer commence à se développer plus rapidement.

Les résultats, les taux de guérison et de survie obtenus grâce à un suivi attentif sont similaires à ceux obtenus après un traitement immédiat. Bien entendu, un suivi continu est source de stress et d'anxiété. En outre, les biopsies de contrôle sont également désagréables et ne sont pas totalement dépourvues d'effets secondaires.

Fazit

À partir de 50 ans, le risque de cancer de la prostate augmente progressivement pour atteindre son maximum entre 65 et 75 ans. Actuellement, le dépistage systématique du cancer de la prostate chez les hommes d'âge moyen en bonne santé n'est pas recommandé. Ce n'est qu'en cas de risque fortement accru de cancer de la prostate, par exemple si plusieurs membres de votre famille en sont atteints, qu'un dépistage peut s'avérer utile.

Si vous optez pour un dépistage individuel, faites-le de manière réfléchie et informée. Discutez et décidez avec votre médecin ou votre urologue quel est le meilleur choix dans votre situation et examinez les arguments en faveur ou en défaveur du dépistage.

Ne paniquez pas si vous êtes diagnostiqué : dans la plupart des cas, le pronostic est favorable, avec ou sans traitement. Prenez donc le temps de peser toutes les options, car il est très important de bien vous informer sur les avantages et – surtout – les inconvénients des différents traitements. 

Pour plus d’info, lisez notre dossier sur le cancer de la prostate