Salon de l’agriculture : Macron chahuté, le RN en campagne… les temps forts de l’édition 2024

La 60e édition du Salon de l’agriculture ferme ses portes ce dimanche. Cette année, la plus grande ferme de France s’est fait l’écho de la colère qui s’exprime dans les campagnes depuis décembre dernier. Au total, 600 000 visiteurs ont passé les portes du Salon.

Emmanuel Macron, le président de la République, a inauguré samedi dernier le 60e Salon International de l'Agriculture à la porte de Versailles avec plusieurs heures de retard à cause des manifestations d'agriculteurs. LP/Olivier Corsan
Emmanuel Macron, le président de la République, a inauguré samedi dernier le 60e Salon International de l'Agriculture à la porte de Versailles avec plusieurs heures de retard à cause des manifestations d'agriculteurs. LP/Olivier Corsan

    C’est un Salon de l’agriculture très politique qui se referme ce dimanche. Le secteur, en colère depuis des semaines et qui avait mis sur pause la plupart des mobilisations début février, attendait l’exécutif au tournant. Les agriculteurs avaient donné au gouvernement jusqu’à cette 60e édition de la plus grande ferme de France pour leur présenter des mesures convaincantes et rapidement applicables, à la hauteur de la crise qu’ils traversent. Si les visites politiques ont été nombreuses, ce n’est rien à côté des 603 652 visiteurs qui ont passé les portes du Salon, selon les organisateurs.

    Macron hué, CRS et ouverture retardée

    Et le lancement a été plutôt compliqué. La FNSEA – le syndicat agricole majoritaire avait entamé une marche en direction de la porte de Versailles la veille de l’ouverture. Au petit matin du premier jour, samedi 24 février, des dizaines de manifestants étaient là, bien décidés à se faire entendre par Emmanuel Macron, venu couper le ruban inaugural et copieusement hué. Il a donc fallu remiser les ciseaux pour quelques heures. Le temps d’une rencontre avec les représentants officiels des syndicats et filières, puis d’un débat avec quelques agriculteurs choisis dans les rangs syndicaux.

    Le Salon a finalement ouvert au public avec une heure de retard, et le Hall 1, plus de six heures plus tard. Le cordon inaugural n’a été coupé qu’après 13 heures. « Du jamais-vu » pour ses organisateurs. Quant à la traditionnelle déambulation du chef de l’État dans les allées, elle s’est faite sur des stands vidés de leurs visiteurs, bloqués par des cordons de CRS. Est-ce que cela a freiné les visiteurs ? Le premier week-end a enregistré une baisse de 20 % de la fréquentation par rapport à l’année précédente, selon les organisateurs. De quoi pénaliser le reste du Salon qui enregistre une baisse du nombre de visiteurs de 2 %.



    Le calme pour Attal

    Le soir du deuxième jour, le Premier ministre venait assister au dîner donné en l’honneur du 60e anniversaire du Salon. Un passage non prévu à son agenda, puisque son déplacement officiel a eu lieu le mardi.

    Ce jour-là, un bien meilleur accueil a été réservé à Gabriel Attal pour ses 12 heures dans les allées de la plus grande ferme de France. Le contraste avec les sifflets et les huées qui résonnaient encore trois jours avant était flagrant. Le locataire de Matignon a bien été interpellé à de nombreuses reprises par des agriculteurs mécontents, mais la tension était largement retombée.

    Le RN en campagne

    Dimanche dernier, au lendemain de la visite mouvementée du président de la République, la tête de liste du RN aux européennes a fait un passage bien plus calme porte de Versailles. L’exécutif accuse depuis des semaines le RN et la Coordination rurale - troisième syndicat agricole - de « collusion », constatant une « convergence de vue ». Des accusations réitérées tout au long de la tenue du Salon. Emmanuel Macron et Gabriel Attal ayant même vu la patte du Rassemblement national dans le chahut qui a été réservé au chef de l’État.

    VIDEO. Huées, heurts et « colère » : retour sur la journée sous tension de Macron au Salon

    Porte de Versailles, Jordan Bardella a succédé à Emmanuel Macron, dimanche, et Marine Le Pen à Gabriel Attal, avec une visite du Salon mercredi. L’occasion pour elle de continuer l’opération séduction sur le secteur agricole, à moins de quatre mois des élections européennes.

    Jets d’œufs et place de l’Étoile bloquée

    Attendu de pied ferme au salon, le gouvernement a multiplié les annonces : plans pour l’élevage et le blé dur, 40 millions d’euros supplémentaires pour l’agriculture bio, 100 millions de plus pour la filière fruits et légumes. Ont aussi été publiés des décrets sur la dénomination des viandes ou les métiers en tension. Mais pas de quoi calmer la colère des agriculteurs, qui s’est exprimée tout au long de la semaine dans « leur » salon.

    Elle a pris une forme particulièrement bruyante, vendredi, pour les ministres de la Transition écologique et de l’Agriculture, Christophe Béchu et Marc Fesneau, qui ont dû écourter leur passage à un stand, sous les sifflets et les « Fesneau démission » d’une vingtaine de personnes - dont certaines se disaient membres de la fédération départementale de la FNSEA de Seine-et-Marne. Les deux ministres ont même été la cible de jets d’œufs.

    Mercredi, Marion Maréchal, tête de liste du parti Reconquête pour les élections européennes, avait quant à elle été aspergée de bière.

    À l’aube vendredi, une action surprise était menée par la Coordination rurale sous l’Arc de Triomphe à Paris, où des tracteurs étaient stationnés et où des ballots de paille ont été déversés.

    La vache Oreillette, l’égérie

    Le Salon de l’agriculture n’est pas seulement politique. Il est aussi l’occasion pour les agriculteurs et éleveurs de toute la France de faire découvrir leur travail. Les visiteurs se sont pressés, pendant plus d’une semaine, autour de l’égérie de cette année, la vache Oreillette. Ils ont pu se régaler des spécialités régionales ou encore assister aux concours d’animaux.

    Oreillette, la vache égérie du salon.
    Oreillette, la vache égérie du salon. LP / Olivier Corsan

    Comme tous les ans, la fête a donné lieu à quelques débordements. Si bars à vin, stands de brasseries et de cocktails commençaient les dégustations à 11 heures, la vente d’alcool a été interdite après 18h45 et les pintes de bière bannies le week-end.