Benjamin Griveaux : «Redonner aux classes moyennes le pouvoir de vivre à Paris»

Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, le candidat de LREM à la mairie de Paris prône « une nouvelle protection sociale », « une nouvelle politique éducative » et une police municipale dans la capitale.

 Benjamin Griveaux.
Benjamin Griveaux. Illustration Elene Usdin

    Benjamin Griveaux, candidat LREM à la mairie de Paris

    « Paris asphyxie ses classes moyennes. Ce n'est pas encore une ville de privilégiés mais déjà une cité des privilèges. Les Parisiens attendaient que la majorité de gauche conduite par Mme Hidalgo fasse de Paris une ville plus juste : c'est la loi du plus fort qui s'est imposée. « Paris est une fête ! » nous assure-t-on… mais pas pour ceux qui travaillent dur, galèrent dans les transports, sacrifient tant pour leur logement, sont épuisés par les incivilités, étouffent dans une ville devenue irrespirable — et souvent la quittent. La ville qui m'a ouvert les bras il y a bientôt vingt-cinq ans quand je venais de ma Bourgogne natale les ferme aujourd'hui à la nouvelle génération.

    Les Parisiens attendaient, avec le changement d'échelle des métropoles, que Paris soit une ville solidaire. Ils ont eu une ville solitaire, traitant avec mépris les communes voisines. Le cynisme est évident : les victimes de la politique autoritaire de Mme Hidalgo travaillent à Paris, mais votent à ses portes. C'est absurde. On doit pouvoir vivre aussi bien d'un côté que de l'autre du périphérique : quand la banlieue se dégrade, Paris étouffe ; quand Paris se ferme, la banlieue décroche. La seule réponse possible passe par un changement de méthode. Le futur maire de Paris doit accepter de partager le pouvoir pour pouvoir mieux l'exercer. C'est pourquoi je suis prêt à mettre en place une gestion commune du périphérique avec les villes limitrophes.

    Paris doit redevenir une promesse de liberté, un lieu vivant où se côtoient des commerces de bouche et des libraires, un lieu qui rayonne dans le monde grâce à ses chercheurs, entrepreneurs. ses artistes. Si l'on ne change pas résolument de politique, le logement social pour les plus modestes n'empêchera pas de reléguer tous les autres, et Paris deviendra un grand parc d'attractions pour touristes et gens fortunés.

    Il est urgent de redonner aux classes moyennes le pouvoir de vivre à Paris. Grâce à une nouvelle protection sociale : celle qui donne davantage de temps quand on est parent célibataire (je propose un chèque annuel de cinquante heures de garde pour les familles monoparentales) ; celle qui évite de faire de la santé une variable d'ajustement (je propose la création d'une mutuelle municipale) ; celle qui devra aussi mieux protéger les travailleurs indépendants. Grâce aussi à une nouvelle politique éducative, pour rendre l'excellence accessible dans tous les quartiers : en nous appuyant sur les enseignants, les étudiants étrangers et les activités périscolaires, je fixe l'objectif que tous les petits Parisiens parlent anglais à la fin du collège. Grâce encore à une police municipale car le désordre frappe d'abord les quartiers populaires de Paris.

    Nous devons aussi apprendre à dire stop. Paris doit être une ville ouverte, pas une ville bradée ni une ville musée. Les excès des utilisations quasi professionnelles d'Airbnb et les cars monstres dans les rues rendent la vie impossible. Le tourisme doit être au service d'une capitale et non l'inverse.

    Partout les mêmes fossés se creusent : entre les métropoles et leur périphérie, et au cœur des métropoles elles-mêmes. Ils nourrissent la montée des populismes. Nous avons aujourd'hui une chance unique de ne plus subir et de nous battre pour ceux qui vivent encore à Paris comme pour ceux qui n'ont jamais pu y entrer. »