Présidentielle 2022 : qui sont les 7,6 millions de mal inscrits sur les listes électorales ?

Ne pas être inscrit sur les listes électorales de son lieu de résidence multiplie par trois le risque de ne pas voter aux élections, par flemme ou négligence. 7,6 millions de personnes sont concernées en France, dont beaucoup de jeunes.

La moitié des 25-29 ans, qui suivent des études ou déménagent pour leur travail, seraient mal inscrits sur les listes électorales. LP/Olivier Lejeune
La moitié des 25-29 ans, qui suivent des études ou déménagent pour leur travail, seraient mal inscrits sur les listes électorales. LP/Olivier Lejeune

    Vous l’ignorez sans doute alors même que vous êtes concerné(e). Sur les quelque 48 millions de personnes, en France, inscrites sur les listes électorales, les « mal inscrits » seraient 7,6 millions, soit 15,8 % des électeurs selon les estimations de l’association A voté. Derrière cette appellation, on trouve toute personne inscrite sur une liste qui ne correspond pas à son lieu de résidence.

    Où est le problème, finalement ? « Les mal inscrits s’abstiennent beaucoup plus que les autres », résume le professeur de sciences politiques Jean-Yves Dormagen, à l’origine de ce concept qu’il a créé en 2012 avec la politologue Céline Braconnier. « On sait qu’une personne mal inscrite a trois fois plus de chances de s’abstenir, renchérit Dorian Dreuil, cofondateur de l’association A voté qui tente de sensibiliser les personnes en âge de voter au problème.

    « Plus vous êtes mobile et plus vous avez de risque d’être mal inscrit »

    Et parmi cette part importante de la population « mal inscrite », sachez-le, beaucoup de jeunes sont concernés. Entre 25 et 29 ans, ils seraient même 50 % à appartenir à cette catégorie. « Le phénomène touche toutes les classes d’âge et tous les milieux sociaux mais les jeunes, étudiants ou salariés, sont plus mobiles que les autres. Et forcément, plus vous êtes mobile et plus vous avez de risque d’être mal inscrit », éclaire Jean-Yves Dormagen, qui explique par exemple que les jeunes ayant réalisé de longues études et ayant décroché en guise de premier emploi un poste de cadre sont très exposés au phénomène car ils sont souvent amenés à devoir déménager pour commencer leur vie professionnelle.



    En partenariat avec l’association A voté, l’application de rencontres Tinder, très populaire parmi les 18 à 24 ans (membres de la fameuse « génération Z »), a identifié le problème. Elle a décidé de consacrer, depuis cette semaine et jusqu’au 4 mars prochain (date limite pour s’inscrire en mairie), l’ensemble de son espace publicitaire à ce phénomène. « Si tu dates en bas de chez toi… alors vote en bas de chez toi ! », peut-on ainsi lire entre deux consultations de profils sur l’écran de son smartphone.

    Nulle volonté de stigmatiser une génération plutôt qu’une autre. « À l’autre extrémité du spectre, les électeurs très âgés sont aussi concernés plus fréquemment », précise Jean-Yves Dormagen. Et pour cause. « Nombreux sont les septuagénaires ou les octogénaires qui changent de commune en fin de vie pour être hébergés chez leurs enfants ou placés en Ehpad et ne font pas les démarches nécessaires », poursuit le professeur de sciences politiques.