Manche : une embarcation de fortune avec une quarantaine de migrants chavire, faisant au moins un mort

La victime serait âgée d’une trentaine d’année, selon le procureur. Une seconde est portée disparue, une enquête pour homicide involontaire a été ouverte. Dans la nuit de lundi à mardi, 292 personnes ont été secourues en mer.

Illustration. Depuis plusieurs semaines, alors que l'hiver approche, les tentatives de traversées de la Manche se sont multipliés. Tout comme les sauvetages. BERNARD BARRON / AFP
Illustration. Depuis plusieurs semaines, alors que l'hiver approche, les tentatives de traversées de la Manche se sont multipliés. Tout comme les sauvetages. BERNARD BARRON / AFP

    Alors que la situation à Calais se complique avec la multiplication des tentatives de traversées illégales de la Manche, un drame est survenu ce mercredi. Un migrant est décédé dans le naufrage de l’embarcation à bord de laquelle il tentait, avec quelques dizaines d’autres personnes, de rejoindre l’Angleterre par la mer, a-t-on appris mercredi auprès du procureur de Dunkerque.

    « Une personne m’a été annoncée décédée aujourd’hui dans le cadre du naufrage d’un small boat (petite embarcation, NDLR), qui aurait eu des avaries, et qui aurait fait naufrage, notamment à cause de la surcharge », a déclaré le procureur de la République de Dunkerque, Sébastien Piève. Les « small boat » sont des embarcations de fortunes, souvent fragiles et trop surchargées, fournies par les passeurs.

    La personne décédée « est a priori un adulte, on évoque quelqu’un d’une trentaine d’années », a indiqué le procureur. Son embarcation transportait « une quarantaine de personnes » selon les premiers éléments de l’enquête, « devant encore être vérifiés », a-t-il ajouté. Les autres naufragés « ont été récupérés par la SNSM (société nationale de sauvetage en mer) et ramenés à terre, à Loon plage », a poursuivi le procureur Piève.

    Une autre personne portée disparue

    Le parquet a ouvert une enquête pour « homicide involontaire », confiée à la Police aux frontières (PAF). La préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Premar) a confirmé ce décès, précisant qu’une autre personne avait été déclarée disparue par ses compagnons de traversée, secourus lors d’une autre opération au large de Boulogne-sur-Mer.

    « Je vous confirme le décès (d’un) naufragé. Il ne s’agit pas de la même personne déclarée disparue. Dont les recherches ont été interrompues », a indiqué une porte-parole de la Premar. « Les opérations de sauvetage sont toujours en cours dans la zone, avec la récupération de nombreux naufragés », a-t-elle ajouté.



    Les opérations de sauvetage se multiplient ces derniers jours au large du Nord et du Pas-de-Calais. « Il y a cette semaine une activité forte », possiblement poussée par « des conditions météo relativement clémentes » à l’approche de l’hiver, a observé le procureur de Dunkerque.

    Dans la nuit de lundi à mardi, 292 migrants avaient été récupérés en mer lors de sept opérations distinctes. Tous ont été ramenés à terre et pris en charge par les pompiers et la police aux frontières. Depuis fin 2018, les traversées illégales de la Manche par des migrants cherchant à gagner le Royaume-Uni se multiplient malgré les mises en garde répétées des autorités qui soulignent le danger lié à la densité du trafic, aux forts courants et à la basse température de l’eau.

    Selon le préfet maritime Philippe Dutrieux, quelque 15 400 migrants ont tenté la traversée entre le 1er janvier et le 31 août, dont 3 500 ont été « récupérés en difficulté » dans le détroit et ramenés sur les côtes françaises. En 2020, les traversées et tentatives de traversées avaient concerné quelque 9 500 personnes, contre 2 300 en 2019 et 600 en 2018.

    Ce mardi, l’État s’est engagé à proposer « systématiquement » un hébergement aux migrants qui seront délogés de leurs campements de fortune à Calais, où une grève de la faim collective met le gouvernement sous pression à l’entrée de la trêve hivernale.