Mosquée des Bleuets à Marseille : la préfecture demande le renvoi de l’imam Smaïn Bendjilali sous cinq jours

La préfecture de police des Bouches-du-Rhône réclame le départ de l’imam Smaïn Bendjilali de la mosquée des Bleuets à Marseille d’ici cinq jours sous peine de fermeture.

La mosquée des Bleuets est menacée de fermeture administrative depuis fin août. AFP/Christophe SIMON
La mosquée des Bleuets est menacée de fermeture administrative depuis fin août. AFP/Christophe SIMON

    C’est la condition posée pour que la fermeture administrative de ce lieu de culte ne soit pas ordonnée. La préfecture de police des Bouches-du-Rhône a demandé ce mercredi, dans un courrier envoyé à l’association des Bleuets, qui gère la mosquée du même nom, le renvoi de l’imam Smaïn Bendjilali sous cinq jours.

    Dans ce courrier que Le Parisien a pu consulter, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, demande à la mosquée de lui indiquer « dans un délai de cinq jours, si vous vous séparez définitivement de M. Bendjilali ». Il s’agit, selon lui, de la « seule mesure capable d’éviter la fermeture du lieu de culte ». « J’imagine que vous, comme vos fidèles, ne partagez en rien ses propos contraires aux règles de la République », ajoute-t-il.

    Le 20 août dernier, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône avait notifié à cette mosquée, située dans les quartiers nord de la ville, son intention de la fermer, à la demande du ministre démissionnaire de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

    Une procédure notamment justifiée pour les pouvoirs publics par des propos et publications en ligne de l’imam Smaïn Bendjilali, prédicateur français principal de la mosquée. Ce dernier nie toute incitation à la violence ou apologie du terrorisme et dénonce des « intimidations ».

    L’imam bientôt jugé pour « apologie du terrorisme »

    L’imam a été placé en garde à vue ce mardi dans la matinée. Il est ressorti dans la soirée avec une convocation devant le tribunal correctionnel. Il sera jugé le 3 octobre prochain pour « apologie du terrorisme » au sujet de publications en lien avec la situation dans la bande de Gaza, selon le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.

    Cette convocation devant la justice a un lien plus ou moins direct avec la procédure initiée par le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, dans la mesure où le parquet s’est saisi de ce dossier à la suite d’un signalement du préfet, dit « article 40 », a expliqué le procureur.

    « Mon client a été convoqué lundi soir seulement pour cette garde à vue, ce sont des délais très courts, jamais vus. Pour moi le timing est éminemment politique. Et avec cette procédure judiciaire, le préfet de police essaie de solidifier son dossier en vue de la fermeture de la mosquée », a réagi Me Rafik Chekkat, avocat de l’imam, interrogé par l’AFP.

    Des mesures insuffisantes

    Lundi, les avocats et responsables de la mosquée avaient justement rencontré des représentants de l’État. Accompagnés du président du conseil départemental du culte musulman, ils ont proposé des « mesures correctives », avait indiqué lundi Me Rafik Chekkat, un des avocats. Il s’agit notamment de retirer certaines publications en ligne, « non pas que nous les considérions illégales mais par mesure d’apaisement », avait-il précisé.

    « Je ne peux toutefois à ce stade considérer que ces mesures sont suffisantes pour mettre fin aux troubles constatés dans le fonctionnement de la mosquée », a écrit le préfet de police dans son courrier. « Les propos reprochés à M. Bendjilali sont anciens et constants et démontrent son ancrage dans une pratique radicale de l’Islam qui instaure un terreau propice à la commission d’actes violents », ajoute-t-il.

    « Les mesures que vous annoncez (…) ne me paraissent pas de nature à constituer des garanties suffisantes à prévenir les troubles ayant justifié l’engagement d’une procédure de fermeture du lieu de culte », conclu le courrier.