Municipales 2020 : le maire (LR) de Suresnes ne se représentera pas

Elu en 1983 dans une ville en friche, Christian Dupuy, 68 ans, a décidé de tirer sa révérence après 37 ans de mandat.

 Suresnes, vendredi 5 avril 2019. « Il est temps de prendre sa retraite », estime le maire (LR)
Suresnes, vendredi 5 avril 2019. « Il est temps de prendre sa retraite », estime le maire (LR) LP/F.H.

    Il a pris sa carte au RPR en 1981, après la victoire de Mitterrand. « Je me suis dit qu'il ne suffisait plus de voter, qu'il fallait agir », se souvient Christian Dupuy. Il venait d'acheter une maison à Suresnes, deux ans plus tôt, à la naissance de sa deuxième fille, parce que l'appartement familial de Levallois était devenu trop étroit. « Quelques mois plus tard, on est venu me chercher pour que je sois candidat aux cantonales, se souvient-il. Pourquoi moi ? Pour éviter d'avoir un parachuté ».

    Les municipales ont suivi, en 1983. Victorieuses. Comme toutes celles qui ont suivi, jusqu'aux dernières, en 2014. Mais Christian Dupuy ne briguera plus sa succession, en mars prochain. « Il est temps de prendre sa retraite », estime-t-il.

    Vous souvenez-vous de votre élection, en 1983 ? De ce que vous avez ressenti ?

    Christian Dupuy. J'avais 32 ans, c'était la première fois qu'il y avait une part de proportionnelle et toute l'équipe était sans expérience. J'étais dans un état second. Mon prédécesseur (NDLR : Robert Pontillon, ancien résistant déporté, maire socialiste depuis 1965) a annoncé les résultats avec une rage non contenue. On m'a sorti de la salle encadré par des militants tellement c'était tendu, et nous avons fêté la victoire à l'extérieur de Suresnes.

    Comment était la ville en 1983 ?

    Il y avait encore une partie d'habitat ancien et des équipements très dégradés. Le centre-ville était dévasté par une Zac engagée depuis quinze ans, avec la création d'une dalle au-dessus du sol et un centre commercial mal conçu. Et le reste du centre ressemblait à une ville après un bombardement, avec des immeubles démolis et d'autres encore debout. Il y avait un déficit prévisionnel de 120 millions de francs qu'on a réduit de moitié. Mais il a fallu payer cette moitié… On a arrêté la dalle et on a créé l'esplanade des Courtieux. On a stoppé les démolitions et comblé les dents creuses avec de nouveaux immeubles. Et j'ai sauvé l'école Jules-Ferry promise à la destruction. Il y avait des friches industrielles et des usines vides depuis vingt ans ou plus. Il n'y avait plus d'emplois, donc peu de taxe professionnelle pour la ville, et la population avait baissé.

    Quels sont les trois projets ou mesures réalisés pendant vos mandatures dont vous êtes le plus heureux ?

    Je suis satisfait d'avoir redonné vie au cœur de ville, quand je vois les terrasses des restaurants pleines, le marché… J'ai souhaité que la réhabilitation de la cité-jardins en respecte l'architecture, et j'ai obtenu sa protection par son classement en site protégé. Enfin, nous finissons l'opération Emile Duclaux (NDLR : ensemble construit en 1903 pour loger les ouvriers des usines du quartier, revendu en 1960 à des petits bailleurs), le dernier îlot insalubre de la ville, une opération qui aura pris 25 ans, le temps de préempter.

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    En quoi votre épouse, Gunilla Westerberg-Dupuy, adjointe déléguée à la Solidarité, à l'Emploi, à l'Égalité des chances et aux Droits des femmes, entre autres, a-t-elle influencé votre action politique ?

    Elle a poussé plus loin la politique en direction de l'égalité femmes-hommes. Quand elle a créé le groupe des adjoints au maire des Hauts-de-Seine en charge de cette délégation, ils n'étaient que quelques-uns. Ils sont vingt maintenant.

    Que souhaitez-vous pour Suresnes dans les années à venir ?

    Je voudrais voir le métro arriver à Suresnes. C'est la seule commune limitrophe de la capitale non desservie. J'aimerais que cette injustice soit réparée.

    Où serez-vous après 2020 ?

    Je vais m'installer avec mon épouse sur la côte d'Azur et profiter de mon temps pour m'adonner à mon « dada » : la cuisine. Avec une mère d'origine juive berbère, une femme scandinave et deux filles mariées à des Italiens, je pense que je vais faire une cuisine… fusion !