Laigneville : l’altercation routière avait fini en meurtre

Shoaib Ishaq, 24 ans, est mort d’une balle dans le thorax le 26 septembre 2014. Le procès des trois accusés commence ce lundi devant la cour d’assises de Beauvais.

 Laigneville, 27 septembre 2014. La très passante rue de la République s’était transformée en champ de bataille.
Laigneville, 27 septembre 2014. La très passante rue de la République s’était transformée en champ de bataille. LP/J.H.

    Qui, d'Alexandre Dos Santos ou de Fabien Carette, a tiré le coup de revolver 22 long rifle qui a mortellement atteint en plein thorax Shoaib Ishaq, 24 ans, le 26 septembre 2014 à Laigneville? Les deux hommes, âgés de 27 ans aujourd'hui, comparaissent, à partir de ce lundi et jusqu'à jeudi, devant la cour d'assises de Beauvais. Ils se rejettent la responsabilité du tir mortel. Bruno, 22 ans, le jeune frère d'Alexandre est, lui aussi, accusé de meurtre. Après avoir été un temps incarcérés, tous comparaissent libres.

    Le drame naît d'une banale altercation routière. Ce soir-là, Fabien et Bruno sont réunis, avec famille et enfants en bas âge, chez Alexandre. Ils partent acheter un kebab. Sur le chemin du retour, une rixe éclate, pour un motif futile, avec les occupants d'une autre voiture. Un passant stoppe la bagarre. Les trois accusés poursuivent leur soirée, où l'alcool coule à flots. Le camp adverse appelle des renforts, dont la future victime. Quelques instants plus tard, plusieurs voitures déboulent devant le domicile d'Alexandre. Plus de 20 personnes en sortent.

    La victime, Shoaib Ishaq. DR
    La victime, Shoaib Ishaq. DR LP/J.H.

    La très passante rue de la République, qui coupe Laigneville en deux, se transforme en champ de bataille. L'affrontement commence par des jets de projectiles, dont un tube d'aspirateur. Bruno utilise un pistolet d'alarme. Alexandre sort son revolver, un cadeau d'anniversaire de son petit frère. Il tire. Fabien tire aussi. Les assaillants croient à une arme en plastique. La tôle trouée d'une voiture leur fait froidement comprendre qu'il ne s'agit pas d'un jouet. Ils s'enfuient. Shoaib, qui a escaladé le muret du lotissement, se traîne. Son cœur s'épuise. Il meurt à son arrivée à l'hôpital de Creil.

    Les gendarmes font rapidement le lien entre ce décès et la fusillade. Ils retrouvent l'arme cachée dans une gaine électrique de la résidence. Les analyses révèlent la présence de résidus de tir sur chacun des accusés. « C'est un dossier compliqué, qui part d'une broutille ridicule sur fond d'alcool. Il y avait une disproportion dans le nombre de protagonistes dans les deux camps mais je ne plaiderai pas la légitime défense. Après, quel que soit le tireur, l'intention d'homicide me semble impossible », estime Paul-Henri Delarue, l'avocat d'Alexandre Dos Santos.