Hôpitaux de Paris : 80 M€ volatilisés à cause d’un bug informatique
80 M€, c'est ce qu'aura coûté à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP, regroupement de 39 hôpitaux) le basculement vers un nouveau logiciel de gestion financière en 2011. Révélée ce mercredi par « le Canard enchaîné », cette perle est extraite d'un rapport jusqu'ici confidentiel de la chambre régionale des comptes (CRC) portant sur la gestion de l'AP-HP entre 2010 et 2014.
Selon ce rapport, « l'ensemble des informations nécessaires pour facturer et relancer les patients qui n'avaient pas encore payé » ont disparu des écrans et des mémoires des ordinateurs en 2011 au moment de l'installation d'un nouveau logiciel. Si une partie des 138,5 M€ de créances étalées sur la période 2001-2010 étaient « juridiquement éteintes » selon la chambre, il n'en demeure pas moins que 80 M€ toujours exigibles en 2011 sont partis en fumée, « considérés en perte réelle et définitive et inscrits de manière transparente dans les comptes 2014 », reconnaît l'AP-HP. Dans un communiqué, le syndicat SUD-Santé remarque que cette somme correspond aux « salaires de 4 500 infirmiers et aides-soignants sur une année ».
La rémunération de l'ex-directrice épinglée
Le rapport de la CRC révèle aussi les conditions de rémunération exorbitantes de l'ancienne directrice de l'AP-HP, Mireille Faugère (à la tête de l'institution de 2010 à 2013), aujourd'hui conseillère maître à la chambre. Sur autorisation d'un courrier ministériel du 26 octobre 2010, son salaire serait passé à 300 000 € brut par an, contre 200 000 pour son prédécesseur. Ce « traitement différencié n'était pas fondé sur une base réglementaire », observe la CRC. Cerise sur le gâteau, en novembre 2013, lors de son départ de l'AP-HP (où Martin Hirsch lui a succédé), Mireille Faugère a perçu une prime de 125 000 € brut. Un parachute doré qui, lui non plus, n'était pas réglementaire.
La CRC épingle enfin le recours tous azimuts de la direction générale à des consultants (pour un montant de 3,7 M€ de 2010 à 2013). Sur ce point, l'AP-HP précise que « le recours aux consultants est devenu quasiment nul en 2014 et 2015 ».