A Paris, Gibert Joseph va retrouver Gibert Jeune après des décennies de brouille

Les deux enseignes vont se rapprocher ces prochains jours.

 L’enseigne Gibert Jeune va se rapprocher de Gibert Joseph courant mai.
L’enseigne Gibert Jeune va se rapprocher de Gibert Joseph courant mai.

    Qui ne s'est jamais posé la question ? Gibert Jeune ? Gibert Joseph ? Quelle différence ? Est-ce la même maison ? Bientôt… oui ! Les deux célèbres librairies rivales du quartier latin vont bientôt se rapprocher, a confirmé le tribunal de commerce de Paris, après des informations publiées par «Livres Hebdo». «Un jugement d'ouverture de redressement judiciaire de la société Gibert Jeune a été prononcé le 26 avril 2017. Il y a eu une offre de plan de reprise de la société Gibert Jeune», a indiqué le tribunal. Selon le magazine spécialisé «Livres Hebdo», ce mariage devrait être officialisé le 17 mai.

    Chez Gibert Joseph, en attendant, personne ne souhaite s'exprimer sur le sujet. C'est le black-out total. Ce rapprochement n'est en fait qu'une réconciliation familiale. Si les passants trouvent que les deux enseignes se ressemblent furieusement, ce n'est pas sans raison. Avant 1929, les deux enseignes ne faisaient qu'une.

    La toute première librairie avait ouvert en 1888 quai Saint-Michel par un professeur de lettres auvergnat, Joseph Gibert, devenu bouquiniste puis libraire à Paris. A sa mort en 1915, ses deux fils prennent la relève. Mais en 1929, la guerre éclate entre eux. La société est scindée en deux. L'aîné ouvre sa propre librairie au 60 boulevard Saint-Michel (Gibert Joseph, blason bleu) tandis que son frère, lui, conserve la maison familiale sous le nom de Gibert Jeune (blason jaune). Les deux librairies du quartier latin arrivent à prospérer et deviennent des références notamment auprès des étudiants qui y achètent ou revendent leurs livres d'occasion.

    Inquiétude syndicale

    Aujourd'hui, crise oblige, il semble ne plus y avoir de place pour deux. Confronté à des difficultés économiques liées au recul des marchés universitaires et à la baisse de la fréquentation de ses magasins au quartier Latin, déserté depuis les attentats, Gibert Jeune a fait le choix de s'adosser à un partenaire.

    Quelles conséquences sur les emplois ce rapprochement va-t-il avoir ? «Les deux enseignes seront maintenues avec leurs magasins et leurs équipes», a assuré Bruno Gibert, le PDG de Gibert Jeune à «Livres Hebdo».

    «Le maintien en l'état» des magasins du quartier Saint-Michel, avec deux enseignes différentes et des «offres quasiment identiques», alors que «la fréquentation du quartier est en baisse», «paraît très peu probable», redoute au contraire Rémy Frey, le représentant CGT de Gibert Joseph.