Paris : contre le gaspillage, il livre les fruits et légumes « moches » mais… bio

Depuis le mois de juillet, Grégoire Carlier distribue dans Paris des fruits et légumes bio difformes, trop gros ou bien trop petits pour être vendus dans les commerces traditionnels. Une initiative antigaspillage dont il a fait une entreprise : taste it.

 Chaque jeudi, Grégoire récupère les légumes moches ou mal calibrés à Rungis pour les revendre dans Paris.
Chaque jeudi, Grégoire récupère les légumes moches ou mal calibrés à Rungis pour les revendre dans Paris. LP/Elise Viniacourt

    Une pastèque trop petite, une poire à la forme étrange ou, encore, un poivron en trop bon embonpoint. Dans une main, Grégoire Carlier tient un sachet de 4 kg de fruits et légumes bio de saison. Dans l'autre, son téléphone : « Oui Véronique ? - Ah, Grégoire ! » Quatre semaines seulement qu'il régale les Parisiens grâce à son entreprise taste it et, déjà, ce jeune homme de 28 ans compte des habitués. « Pour l'instant, je ne propose les livraisons que le jeudi mais, à partir de septembre, je devrais pouvoir le faire tous les jours », précise cet habitant du Xe arrondissement. Une fois le colis réceptionné, il file à bord de sa camionnette jaune : direction le XVIIIe !

    La composition des paniers de fruits et légumes distribués changent en fonction des nouveaux arrivages. LP/Elise Viniacourt
    La composition des paniers de fruits et légumes distribués changent en fonction des nouveaux arrivages. LP/Elise Viniacourt LP/Elise Viniacourt

    Le GPS bien en place et le volant entre les mains, il raconte : « je voulais entreprendre sur une thématique qui me tenait à cœur et l'antigaspillage en était justement une. » 10 millions de tonnes : c'est la quantité de nourriture gaspillée chaque année en France. Un chiffre effroyable… devant lequel Grégoire a su flairer la bonne affaire. « Beaucoup d'initiatives antigaspi agissent à l'échelle de la distribution, comme Too Good To Go. Très peu, en revanche, interviennent en amont. »

    Gagnant-gagnant

    Trop gros, trop petit, trop laid : les critères empêchant un fruit ou un légume - pourtant tout à fait comestible - d'atterrir dans nos caddies et assiettes sont nombreux… et amèneraient les producteurs à peser pour 32 % dans la balance du gaspillage français.

    Alors Grégoire a trouvé la solution : chaque jeudi matin, il part à la rencontre des producteurs, coopératives d'agriculteurs et grossistes à Rungis et rachète les fruits et légumes bio mal-aimés de la distribution… à moindre coût. « C'est intéressant pour eux parce que ça donne de la valeur à ce qui est habituellement une perte! Moi, ça me permet de sélectionner des produits créés avec une vraie conscience écologique. »

    Jusqu'à 30 % d'économie

    Intéressant pour eux… et pour les clients. À 15 € le panier, ces derniers opèrent, selon Grégoire, une économie pouvant aller jusqu'à 30 % par rapport aux prix des commerces traditionnels. « Ça dépend de la composition bien sûr puisqu'elle varie chaque semaine, en fonction des nouveaux arrivages mais le prix, lui, ne bouge pas ! »

    Quinze minutes de route, un créneau et un coup de frein plus tard, Grégoire sonne à une nouvelle porte. Dans sa main : un autre sachet bien rempli. Déjà une heure qu'il tourne dans Paris et, pourtant, il lui reste encore une trentaine de clients à satisfaire. Hélène, justement, est l'une d'entre eux. Elle réceptionne le colis avec joie avant de féliciter le livreur : « C'est vraiment une bonne démarche ! ».

    Pas forcément beau… mais bon !

    Pour cette employée de bureau, difficile de prendre le temps de trouver des produits de qualité à moindre coût : « J'ai vu une annonce de taste it sur une porte de mon immeuble quand je suis arrivée, il y a 2 mois. Ce n'est pas facile de s'orienter vers des produits antigaspi à Paris alors je me suis inscrite », éclaire-t-elle. Depuis, la Parisienne âgée de 30 ans a pu confectionner ratatouilles et compotes fraise/rhubarbe grâce aux produits récupérés. Et, à chaque fois, le verdict a été le même : c'était délicieux !

    Hélène, l’une des clientes de Grégoire, voulait accéder à des produits bio, moins chers, plus facilement. LP/Elise Viniacourt
    Hélène, l’une des clientes de Grégoire, voulait accéder à des produits bio, moins chers, plus facilement. LP/Elise Viniacourt LP/Elise Viniacourt

    De retour dans sa camionnette, Grégoire confie : « pour l'instant, je travaille seul, mais je compte bientôt chercher de nouveaux associés. J'aimerais aussi mettre en place des points relais chez d'autres commerçants ». S'il ne peut pas encore vivre de son activité, Grégoire le constate : son initiative rencontre une vraie demande. Une évolution prometteuse et source de nombreuses idées pour le jeune homme qui un temps - et ça ne s'invente pas - a été livreur Deliveroo.

    Les commandes Taste It se font en ligne sur taste-it-france.myshopify.com. Plus de renseignements sur la page Facebook taste it.