Claye-Souilly : treize ans après, l’accusé n’explique toujours pas le viol d’une octogénaire

Un père de famille de 42 ans est jugé par la cour d’assises de Seine-et-Marne, à Melun, pour le viol d’une femme âgée de 86 ans, en 2006. Le verdict est attendu mercredi.

 Melun, ce mardi. Me Jean-Louis Granata, avocat de la défense, plaidera mercredi devant la cour d’assises de Seine-et-Marne.
Melun, ce mardi. Me Jean-Louis Granata, avocat de la défense, plaidera mercredi devant la cour d’assises de Seine-et-Marne. LP/Guénaèle Calant

    « C'est vous qu'on juge, pas un dossier! Alors s'il vous plaît, verbalisez » : c'est en haussant la voix que Me Jean-Louis Granata s'est adressé - ce mardi - à son client, jugé par la cour d'assises de Seine-et-Marne, à Melun. C'est que ce père de famille de 42 ans garde la tête baissée, bafouille ou essuie ses larmes. Il a honte de comparaître pour le « viol d'une personne vulnérable ». Le 26 juin 2006, il a abusé d'une habitante de Claye-Souilly âgée de 86 ans.

    La vieille dame n'assiste pas à l'audience : elle est décédée en 2015, soit un an avant l'interpellation par la Police judiciaire de Meaux de son agresseur, identifié grâce à l'ADN relevé sur les vêtements de la victime. L'enjeu, pour cet homme qui reconnaît l'agression et encourt vingt ans de prison, c'est la liberté : il n'a jamais été incarcéré et comparaît libre.

    Sur le banc de la partie civile, personne

    La personnalité de l'accusé est au cœur des débats. « Il ne s'explique pas donc je suis obligé d'en rester aux hypothèses. A mon avis, il ne s'agit pas de gérontophilie. Il était dans la colère et la frustration. Je pense qu'il a cherché une victime de rechange et l'alcool l'a désinhibé », a estimé le Dr Vincent Mahé, expert psychiatre.

    A l'époque, l'accusé s'alcoolisait beaucoup. Comme en 2014, lorsqu'il a été condamné pour des violences conjugales. C'est à cette occasion que son ADN avait été prélevé, ce qui avait mené à son interpellation. Le président Stéphane Duchemin a rappelé que son ex-femme avait également déposé plainte pour des violences sexuelles : le parquet de Meaux ne l'avait pas poursuivi pour ces faits.

    « J'étais toujours obligé d'insister pour avoir quelque chose, j'avais envie tous les jours », a-t-il expliqué. Réponse du magistrat : « Moi, j'appelle ça un viol conjugal ». Et l'accusé de reconnaître que c'était « comme ça depuis des années ».

    Personne n'est assis sur le banc des parties civiles pour représenter la victime, qui n'avait pas d'enfants. L'expert-psychiatre l'avait rencontrée en 2006 : « Même si elle était très alerte sur le plan intellectuel, physiquement, elle était chétive. Elle mesurait 1,50 m et pesait 46 kg. Elle souffrait d'une arthrose généralisée et marchait avec une canne ». Le verdict est attendu dans la journée de mercredi.